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En meeting à Mérignac, Fabien Roussel sonne l’heure de sa « révolution féministe »

Le candidat du Parti communiste français à l’élection présidentielle a fait salle comble au Pin Galant, à Mérignac, pour un meeting axé sur l’égalité femme-homme, à une semaine du 8 mars. Fabien Roussel a déroulé son programme des « jours heureux », notamment concernant les femmes, « premières victimes du capitalisme et du patriarcat », et a proposé de réquisitionner « les villas des oligarques » en France pour accueillir les réfugiés ukrainiens.

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En meeting à Mérignac, Fabien Roussel sonne l’heure de sa « révolution féministe »

Bien qu’il soit crédité de 4% des intentions de vote dans les sondages, Fabien Roussel a fait salle comble mardi 1er mars, au Pin Galant à Mérignac. Les 1 400 places assises n’ont pas suffi pour accueillir sympathisants et militants communistes, certains ont donc regardé le meeting à l’extérieur de la salle, via un écran. Comme ceux venus au meeting de Jean-Luc Mélenchon en janvier au Fémina.

Parmi les points majeurs du programme du candidat communiste : Smic à 1 500 euros nets, triplement de l’impôt sur la fortune, réduction du temps de travail à 32 heures, nationalisation de certaines grandes entreprises (à l’instar d’EDF)… A contrario de partis politiques de gauche, Fabien Roussel n’est pas contre le nucléaire et souhaite lancer la construction de six nouveaux EPR.

C’est là une différence importante avec la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon, derrière lequel les communistes s’étaient rangés en 2012 et 2017. Parti cette fois sous ses propres couleurs, le candidat du PCF va toutefois devoir cravacher pour dépasser des 5% dans les urnes, garantie du remboursement des frais de campagne.

« Réquisitionner » les villas des oligarques russes

À Mérignac, actualité géopolitique oblige, Fabien Roussel a débuté son meeting par un mot sur l’Ukraine. Loin des décennies d’alignement des communistes sur le Kremlin, il martèle sa « condamnation totale » à l’égard des agissements de Vladimir Poutine et fait part de sa crainte d’un « élargissement du conflit ». Militant d’un « cessez-le-feu » et partisan de la « diplomatie », Fabien Roussel a proposé l’organisation d’une réunion des dirigeants européens pour « faire pression » sur le gouvernement russe.

Dans la perspective d’une « solidarité avec le peuple ukrainien », le candidat du PCF a appelé la France à « accueillir tous les réfugiés », formulant la proposition de réquisitionner « les villas des oligarques » pour y accueillir les ukrainiens qui fuient la guerre.

Fabien Roussel, en meeting au Pin Galant Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Citant Aragon – « Croire au soleil quand tombe l’eau » –, Fabien Roussel a fait la transition avec son programme baptisé « Le défi des jours heureux », érigeant l’égalité femme-homme comme « condition au bonheur ». Avec une rhétorique fidèle aux fondamentaux de son parti, il dresse le constat que le « bonheur ne peut être partagé quand 10 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté ».

Le député du Nord n’a en revanche pas évoqué du meeting les révélations de Mediapart selon lesquelles il aurait bénéficié d’un emploi fictif en tant qu’attaché parlementaire de 2009 à 2014, accusation qu’il dément depuis vigoureusement.

« Révolution féministe »

À une semaine de la journée internationale des droits des femmes, Fabien Roussel a axé son discours sur une nécessaire « révolution féministe ». Une révolution qui passe, pour le candidat du PCF à la présidentielle, par un budget d’un milliard d’euros dédié à la lutte contre les violences conjugales, à l’instar de ce qui a été fait en Espagne.

Fabien Roussel a ainsi rendu hommage à Chahinez Daoud, brûlée vive en pleine rue à Mérignac, par son ex-compagnon :

« Ne plaçons jamais les féminicides dans la rubrique des faits divers. Ils sont le fruit d’une inaction politique qui laisse une femme être tuée par son conjoint ou son ex-conjoint. Il est urgent que la société française opère un virage politique radical. Je proposerai donc le vote d’une loi-cadre, sur le plan répressif comme préventif, accompagnée d’une hausse considérable des moyens publics alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. »

Sur la question des droits des femmes, le candidat compte également créer un ministère dédié. Au niveau local, Fabien Roussel plaide pour qu’il y ait, dans chaque département, un « centre pour l’accueil et le suivi des victimes », sans donner plus de détails sur la teneur de cette ambition. Quant à l’IVG, dont le délai vient récemment d’être étendu à 14 semaines, Fabien Roussel compte en faire un droit « fondamental » en l’inscrivant dans la Constitution.

Revaloriser les « métiers du lien »

Fabien Roussel a aussi rappelé que l’anticapitalisme passait par la « non-marchandisation des corps », se positionnant contre la Gestation pour autrui (GPA), et se plaçant sur une ligne abolitionniste vis-à-vis de la prostitution. Dans son programme pour la présidentielle, Fabien Roussel espère « allouer les moyens nécessaires » à l’application d’une loi pour l’abolition de la prostitution.

Pour les femmes, « prolétaires du 21e siècle », le communiste souhaite remettre de « l’humain » dans la société, et propose de mettre en débat un « statut unique des métiers du lien » et la création d’une « nouvelle fonction publique de l’action sociale ». Pour les métiers du social et de l’accompagnement, Fabien Roussel propose un salaire « à minimum 1 700 euros nets ». Enfin, il promet de s’attaquer aux inégalités salariales, pour en finir avec « Monsieur gagne pain et Madame salaire d’appoint ».

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