Pour sa troisième campagne présidentielle, la candidate de Lutte Ouvrière à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud, a rempli la salle de la Grande Poste, rue du palais Gallien à Bordeaux. Dans l’auditoire, des militants du parti politique, mais aussi de nombreux jeunes, venus seuls ou « entre potes ».
Parmi eux, il y a Samy, âgé de 24 ans. Étudiant en Master de Sciences politiques à Bordeaux, il ne sait pas encore pour « qui voter à gauche », hésitant « entre Poutou, Mélenchon ou Arthaud ». Une chose est sûre, il ne croit pas « au vote utile au premier tour ». Une autre étudiante attend, elle, de « voir les propositions concrètes » de la candidate sur les questions climatiques et la précarité des jeunes.
Non-alignement
À l’instar des autres candidats venus en meeting à Bordeaux depuis quelques semaines, Nathalie Arthaud a débuté son discours par un mot sur la situation ukrainienne. Pour la candidate à l’élection présidentielle « rien ne sert de se ranger dans un camp ou dans un autre » :
« C’est la politique impérialiste des États-Unis, de l’OTAN et des puissances occidentales qui a fait de l’Ukraine le théâtre de leur bras de fer. Qui a ceinturé la Russie de bases militaires ? Qui exerce une pression constante pour que les pays voisins de la Russie adhère à l’OTAN ? »
Nathalie Arthaud a dénoncé « la fausse indignation » de Biden, de Macron et des autres dirigeants des pays de l’OTAN, qu’elle estime « insupportables d’hypocrisie ». Elle a évoqué la récente enquête du site d’investigation Disclose, qui révèle la vente d’armes de la France vers la Russie, jusqu’en 2020, malgré un embargo pour la vente d’armes :
« La seule porte de sortie pour que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les prolétaires se retournent contre leurs propres dirigeants. Contre Poutine en Russie, contre Zelensky et ses alliés impérialistes en Ukraine. »
La lutte, encore et toujours
Nathalie Arthaud a rappelé qu’elle ne « vise pas la présidence de la République » dans cette « mascarade électorale », mais mieux : « combattre le capitalisme ». Le capitalisme qui, pour la candidate trotskyste, produit autant les « menaces des fins de mois » que les « menaces pour le climat ». Ce sera d’ailleurs la seule allusion de la candidate à la question environnementale lors de son meeting bordelais.
Pour autant, l’héritière d’Arlette Laguiller n’a pas manqué de fustiger les autres candidats de gauche à l’élection présidentielle qui « égrènent leurs belles promesses » sans tenir compte des travailleurs et des travailleuses. Sa cible ce soir-là : Jean-Luc Mélenchon qui, selon Nathalie Arthaud, « pense sauver les retraites sans avoir à manifester ou à se battre » et croit « possible des arrangements avec la grande bourgeoisie ». De là, elle a rappelé la nécessité d’une « révolution », incarnée par sa candidature :
« Le programme que je porte, c’est un programme de lutte. Ma candidature est un appel à la mobilisation, un appel au combat. »
Retraite à 60 ans et SMIC à 2000 euros
Au-delà de cet « appel » communiste et révolutionnaire, Nathalie Arthaud est revenue sur quelques mesures phares de son programme, dont son « objectif zéro chômeur » :
« Pouvoir gagner sa vie est une nécessité pour tous. Il suffit de se répartir le travail existant entre tous, sans perte de salaire. Du travail, nous sommes nombreux à en avoir par dessus la tête. Nous sommes obligés de faire des heures supplémentaires, de travailler les jours fériés… Il faut répartir la charge de travail en imposant des embauches. »
Elle souhaite également indexer les salaires sur les prix, et ce, « mois par mois, semaine par semaine si nécessaire ». Tout comme Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel et Philippe Poutou, Nathalie Arthaud se positionne pour un départ à la retraite à l’âge de 60 ans. Elle souhaite aussi porter le SMIC à 2000 euros, le « minimum pour espérer partir en vacances et pour ne pas vivre dans l’angoisse permanence ».
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