Enquêtes et actualités gavé locales

Pour les 10 ans de votre média : objectif 2000 abonné⋅es

30/04/2024 date de fin
733 abonné⋅es sur 2 000
Pour ses 10 ans, Rue89 Bordeaux propose un abonnement à 10€/an et vise les 2000 abonné.es

Après 101 CDD enchaînés en 7 ans, une journaliste fait condamner Sud Ouest

Abonnez-vous ou offrez un abonnement pour permettre à Rue89 Bordeaux d’étoffer sa rédaction

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Après 101 CDD enchaînés en 7 ans, une journaliste fait condamner Sud Ouest

Le Conseil des prud’hommes (CPH) de Bordeaux a condamné la Sapeso, société éditrice de Sud Ouest, à requalifier une journaliste en CDI. Celle-ci avait passé plus de sept années en CDD à la rédaction du quotidien à Périgueux, cumulant 101 contrats.

Outre cette requalification, le CPH a également condamné la Sapeso pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, précise ce 3 mai dans un communiqué le Syndicat national des journalistes (SNJ), « intervenant volontaire dans cette procédure afin de défendre cette consœur et les intérêts de la profession ».

Sans appel

« C’est une victoire pour cette ancienne salariée, pour qui la collaboration de travail avait pris fin alors qu’elle était en congé maternité, précise le syndicat. Il est donc jugé que cette journaliste occupait bien un emploi lié à l’activité normale et permanente de la Sapeso. »

La condamnation est définitive, l’employeur n’ayant pas fait appel du jugement alors qu’il avait jusqu’au 16 avril pour cela. Sud Ouest devra payer à son ancienne collaboratrice les indemnités légales dues, des rappels de salaire (salaire, prime ancienneté, 13e mois et congés payés), et 500€ de dommages et intérêts au SNJ.

« Ce licenciement abusif d’une salariée en CDD coûtera ainsi plus de 50 000 € à l’employeur, sans compter les frais de justice engagés, estime le SNJ. Voilà ce qu’il en coûte quand une entreprise ne respecte pas le Code du travail, emploie de manière abusive un salarié en CDD au-delà des 18 mois légaux avec des motifs non fondés, et qu’elle sous-rémunère volontairement ledit salarié pour faire des économies sur la « masse salariale variable » des journalistes les plus précaires. »

D’autres saisines en cours

Citée dans le communiqué du syndicat, la salariée se dit « soulagée que la procédure soit terminée et heureuse que cette relation de travail soit reconnue pour ce qu’elle était : un CDI » :

« J’aimerais que ce jugement puisse faire bouger les lignes et qu’il ait pour avantage de pousser la direction à respecter la législation. Trop de CDD ont quitté ce beau journal qu’est Sud Ouest désabusés et parfois même dégoûtés du métier de journaliste. C’est du gâchis. »

Affirmant que d’autres saisines des prud’hommes sont en cours pour des motifs similaires, le SNJ « enjoint donc la direction à se mettre rapidement en conformité vis-à-vis de tous les journalistes en CDD qui travaillent actuellement dans l’entreprise, dont certains depuis plus de sept ans. Au risque pour elle, dans le cas contraire, de s’exposer à de nouvelles condamnations ».

Sollicitée par Rue89 Bordeaux pour une réaction, la direction de Sud Ouest n’a, à cette heure, pas donné suite à notre demande.


#Justice

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options