Mercredi 4 mai, le collectif Le Poing Levé a dénoncé dans un communiqué « l’inaction » de l’Université Bordeaux Montaigne d’inscrire administrativement des étudiants étrangers ayant fui la guerre en Ukraine. L’association d’obédience marxiste pointe plus particulièrement la situation des étudiants qui n’ont pas la nationalité ukrainienne. En effet, la directive de protection temporaire de l’Union européenne, activé depuis le 4 mars, exclut les étudiants de nationalité étrangère.
Deux poids, deux mesures
La protection temporaire octroie une Autorisation de séjour (APS) provisoire de six mois, renouvelable sur trois ans. Elle ouvre également des droits à l’aide sociale et médicale ou encore à l’accès au logement. Pour les personnes qui n’ont pas de passeport ukrainien, une APS d’un mois peut être délivrée, après étude de la situation auprès des préfectures.
Dans son communiqué, le collectif bordelais interpelle l’Université Bordeaux Montaigne, qui « n’a toujours pas ouvert de procédure concrète d’inscription » face à des étudiants qui risquent de tomber sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), leur APS n’étant pas renouvelée.
Le Poing Levé Bordeaux rappelle que l’université a voté le 7 avril dernier, via la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU), une motion « Accueil des étudiants étrangers, sans distinction de nationalité ». Le ministère de l’Enseignement et de la Recherche y est interrogé afin que des « dispositifs soient mis en place de façon à pouvoir inscrire l’ensemble des étudiantes et étudiants réfugiés quelle que soit leur nationalité ».
Un accueil dans les « meilleures conditions »
Au lendemain du communiqué, le président de l’Université Bordeaux Montaigne, Lionel Larré, a répondu aux questions de la presse. Il a apporté des éclaircissements sur la situation des étudiants venus d’Ukraine :
« Nous avons déjà accueilli à ce jour, et inscrit administrativement, cinq étudiantes ukrainiennes. C’est aussi le cas de deux autres étudiants, respectivement originaires du Cameroun et de Côte d’Ivoire, qui ont fait leurs études en Ukraine. Lors de nos discussions avec Le Poing Levé, nous sommes tombés d’accord sur le fait d’accueillir un plus grand nombre d’étudiants qui ont fui la guerre. Nous avons expliqué que nous voulions les accueillir dans les meilleures conditions. »
Pour l’heure, le président de l’université décrit un travail avec les différents responsables de formation pour « étudier les places disponibles dans les parcours qui pourraient accueillir de nouveaux étudiants » :
« Nous avons souhaité accordé cette aide mais cela prend un peu de temps d’instruction. Ce que l’université peut faire pour eux, c’est les inscrire administrativement dans des formations. En revanche, ça ne règle pas la question des aides financières et du logement. »
Une quarantaine d’étudiants en attente
Avec d’autres présidents d’universités et maîtres de conférence, Lionel Larré est signataire d’une tribune dans Le Monde, en date du 3 avril. Cette dernière demande au gouvernement de considérer ces étudiants comme des ressortissants ukrainiens et, à ce titre, de leur accorder la protection temporaire de l’Union européenne :
« À l’échelle nationale, il y a environ 200 étudiants coincés aux portes de l’université, surtout à Paris. À Bordeaux, nous avons reçu une liste de 42 étudiants, que nous a communiqué Le Poing Levé. Les demandes pour les formations sont diverses, il y a en en langues, en philosophie ou en Histoire. »
Par ailleurs, l’Université Bordeaux Montaigne a demandé une aide de 168 000 euros à l’État pour « ouvrir de nouveaux groupes d’enseignement de français langue étrangère » et pour « anticiper la rentrée de septembre avec l’arrivée de nombreux étudiants ».
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