La méthode vient des antipodes. Elle est née en Nouvelle-Zélande au début des années 1980, inspirée des pratiques traditionnelles maories, et déboule en Europe début des années 2000. Longtemps attendue en France et réclamée par les sociologues, elle arrive en toute discrétion en France et trouve preneur jusqu’en Gironde en 2015.
Considérée comme « un nouveau paradigme » selon Martine Jardiné, vice-présidente au département de la Gironde chargée du développement social, prévention et parentalité de la petite enfance à la jeunesse, le principe de la conférence familiale défend la capacité des familles à mettre en place, via leur réseau, une solution à un problème interne.
« Il ne faut pas confondre avec conférence, dans le sens où on écoute quelqu’un, c’est tout le contraire, précise Martine Jardiné. Il s’agit d’une réunion d’un certain nombre de personnes qu’un individu a décidé d’inviter pour l’aider à trouver une solution à des difficultés qu’il rencontre, un modèle de processus contrôlé. Pour nous, c’est une autre façon d’envisager le travail social qui se situe là dans le champ du développement personnel. »
Repenser le travail social
« Est-ce qu’une décision vous concernant peut-être prise sans vous ? » « Est-ce que les autres savent mieux que vous ce qui est bon pour vous ? » Et à inversement : « Pouvez-vous affirmer que vous n’avez jamais eu besoin des autres ? » Voilà les bases d’une réflexion de ce procédé. En Gironde, celui-ci s’inscrit dans la démarche « Repenser le travail social » menée depuis 2009 par le département en faveur de la participation et du développement du pouvoir d’agir des habitants.
Depuis 2017, après la formation d’une soixantaine de coordinateurs girondins en octobre 2016, un projet européen d’échanges sur la pratique piloté par la Gironde a été mis en place avec le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Bulgarie. La première expérimentation s’est tenue dans les territoires du bassin d’Arcachon à partir d’avril 2017 et a été généralisée à tout le département en 2019.
« Que ce soit l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille, le comportement d’un adolescent, un enfant qui refuse d’aller à l’école, maltraitance d’enfants, ou enfant handicapé dont les parents ne s’en sortent pas… nous avons eu 58 conférences familiales, dont une dizaine qui a abouti et une autre dizaine en cours d’études », rapporte Martine Jardiné des premières expérimentations.
L’organisation définitive des conférences familiales, en juillet 2020, a été chamboulée par la crise sanitaire. Celles-ci reprennent avec une opération de sensibilisation ce jeudi 19 mai à l’occasion d’une journée portes ouvertes des 36 Maisons du Département des Solidarités (MDS).
Maître du jeu
Un coordinateur est formé pour mener une conférence familiale. Son rôle « va être de faire émerger un problème ». Il aide à identifier des ressources, capables d’apporter une solution, et se retire du processus si nécessaire.
« Même si la conférence ne débouche pas sur une issue positive, le fait que la personne concernée ait identifié des personnes qui peuvent l’accompagner, même si elles ne font pas partie du cercle familial – son enseignant, son entraineur de foot… –, lui permet d’être identifiée et accompagnée, et de revenir plus tard sur son sujet », poursuit l’élue.
Dans tous les cas, pour le coordinateur, « il ne s’agit pas d’avoir un avis sur la solution. La finalité est de donner à la personne concernée sa place de maître du jeu ».
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