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Le mégaparc solaire Horizeo veut casser des briques pour sortir de terre en Gironde

Les responsables d’Horizeo ont annoncé ce mardi leur volonté de poursuivre leur projet de centrale photovoltaïque géante à Saucats, près de Bordeaux, en tenant compte d’une partie des avis émis lors du débat public. Ils comptent notamment modifier certaines aspect d’Horizeo, baptisées « briques » : plus question notamment de construire un data center sur un terrain non artificialisé et la taille même du parc – 1000 hectares de panneaux solaires – pourrait être revue à la baisse si l’impact sur la biodiversité s’avère trop important.

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Le mégaparc solaire Horizeo veut casser des briques pour sortir de terre en Gironde

« Suite au débat public nous allons poursuivre le développement du projet en y intégrant des évolutions (…) et en prenant de nouveaux engagements ». Ce mardi 31 mai, lors d’une conférence de presse dans un café des Bassins à flot, Bruno Hernandez tue rapidement le suspense.

Pour le directeur d’Horizeo chez Engie, pas question donc que l’énergéticien et ses partenaires – le producteur d’énergies renouvelables Neoen et la Banque des Territoires (filiale de la Caisse des dépôts) – abandonnent leur projet de centrale photovoltaïque géante dans la forêt de Saucats (Gironde).

Mais il assure avoir « entendu et pris en compte tous les sujets de préoccupation du public et de l’ensemble des parties prenantes » exprimées lors du débat public. 30 points du projet ont ainsi été retravaillés, concernant notamment l’avenir des différentes « briques » envisagées autour du parc photovoltaïque.

Poursuite des études

Ainsi, de nombreux avis, dont récemment celui du maire de Saucats dans Libé, s’étaient manifestés contre le projet de centre de données, craignant l’artificialisation d’une partie du site et sa transformation en zone d’activité bitumée. Ses promoteurs ont donc « fait le choix de [le] déplacer hors de l’aire d’étude », selon Bruno Hernandez :

« Il n’y aura plus de data center dans la zone. Il n’y a pas eu de consensus et d’intérêt suffisant des parties prenantes. Nous cherchons dans les environs une zone déjà artificialisée, voire urbaine et autant que possible avec une alimentation à 100% énergies renouvelables. »

Le responsable d’Engie indique également que les études vont se poursuivre sur la place de l’agriculture sur le site, qui pourrait être étendue, et surtout sur l’implantation de l’électrolyseur, destiné à transformer l’électricité photovoltaïque en hydrogène.

« Cette brique a suscité de l’intérêt, mais pour autant nous n’avons pas réussi à trouver ses usages. Il faut que l’hydrogène produite soit utilisée et consommée. Nous avions ainsi calculé que l’électrolyseur pourrait alimenter une centaine de bus à hydrogène mais si personne ne veut se doter d’une telle flotte, cela ne marchera pas. Nous allons donc regarder si c’est faisable ou pas. »

« Gestion des impacts environnementaux »

En revanche, Engie & co maintiennent leurs ambitions initiales sur le cœur du réacteur, la centrale photovoltaïque et la dimension des batteries de stockage de l’électricité.

« Nous confirmons la pertinence du site identifié au regard de ses caractéristiques uniques [NDLR : notamment la proximité d’un transformateur électrique] et de nombreux retours d’expériences en milieu sylvicole, affirme Bruno Hernandez. Et nous confirmons l’objectif de puissance de 1 gigawatt (GW) si la prise en compte des enjeux environnementaux et la gestion des risques le permettent. »

Car le « défrichement reste le sujet clé », selon le responsable d’Horizeo. Produire un GW, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire, ou la consommation électrique annuelle de 740000 personnes (l’équivalent de la population de Bordeaux Métropole), nécessite en effet d’installer des panneaux sur 1000 hectares, soit la moitié de la surface du site du projet.

« Aujourd’hui, sur ces 2000 hectares, une moitié est déjà déboisée, mais il y aura d’autres arbres à couper, même s’ils avaient été plantés pour ça, poursuit Bruno Hernandez. Nous travaillons sur la gestion des impacts environnementaux ».

Alors que les études réalisées pour le débat public ont révélé la présence d’au moins sept espèces protégées dans la forêt de Saucats, les promoteurs d’Horizeo assurent qu’ils tâcheront de préserver les parcelles « à enjeux forts de biodiversité », et que c’est « possible sur la moitié du site ».

Au nom du précepte « éviter, réduire, compenser », Engie confirme l’objectif annoncé pendant le débat public de 2000 ha de reboisement. L’entreprise et ses partenaires comptent lancer un appel à manifestation d’intérêt pour trouver « à proximité du site » des parcelles non sylvicoles et financer des plantations chez des entreprises ou des particuliers.

Nouvelle phase de concertation

Enfin, afin de répondre aux autres critiques surgies lors du débat public, elles ont commandité des études sur la gestion des risques incendies et inondation, ainsi que sur l’impact d’une telle centrale solaire géante sur le microclimat. Mais Bruno Hernandez n’en démord pas sur l’intérêt, un brin contre-intuitif, de raser une forêt pour lutter contre le changement climatique.

« Le projet est cohérent avec l’immense enjeu climatique devant nous. Il est urgent d’agir car le réchauffement climatique s’accélère. Or l’énergie produite [à Saucats] représentera 2 à 3 fois moins d’émissions de CO2 que même activité de production électrique dans les conditions actuelles, soit 3 millions de tonnes de CO2 évitées. Et ce sans tenir compte des reboisements compensateurs. »

Alors que la France et l’Europe cherchent des solutions alternatives au gaz russe et veulent améliorer leur indépendance énergétique, le directeur d’Horizeo vante en outre le fait que le mégaparc participera aux objectifs nationaux et régionaux – il représenterait 15% des besoins de la région Nouvelle-Aquitaine, sans nécessiter de subvention publique.

Les promoteurs du projet visent un dépôt des demandes d’autorisations dans un an, après le bouclage des études environnementale, et celle d’une nouvelle phase de concertation :

« Un ou plusieurs garants seront nommés par la CNDP pour vérifier que nous tenons bien les engagements pris à l’issue du débat », affirme Bruno Hernandez.

Une enquête publique sera ensuite réalisée. Si l’Etat donne son feu vert à l’issue de celle-ci, les travaux pourraient démarrer fin 2023, pour une mise en service espérée en 2025. Les opposants au projet, qui dénoncent le principe même d’une mégacentrale en pleine forêt, risquent toutefois de ne pas être convaincus par les évolutions d’Horizeo, et n’en resteront probablement pas là.


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