Inaugurées une semaine plus tôt par la Ville, les plaques pédagogiques de la rue Colbert à Bordeaux ont été vandalisées dans la nuit de vendredi à samedi 21 mai 2022. Sur les deux, la partie de la biographie du ministre de Louis XIV qui mentionnait notamment son implication dans la traite négrière et dans la rédaction du Code noir a été effacée à la peinture noire.
Ce dimanche, Olivier Escots, adjoint au maire chargé du handicap et de la lutte contre toutes les discriminations, a répondu à Rue89 Bordeaux :
« Comme à chaque fois que le travail sur les enjeux d’égalité et de diversité sur l’espace public est dégradé, la Ville remet en état dans les meilleurs délais. Les services sont sur place ce matin pour voir si cela peut être nettoyé ou s’il faut remplacer les plaques. La Ville va déposer plainte contre X dès lundi. Nous allons poursuivre le travail de mémoire, notamment sur ces enjeux liés à la traite et à l’esclavage qui ont construit le racisme actuel. Cet acte montre que ce travail doit être amplifié. »
« Esprit rétrogrades et obscurantistes »
« C’est une attaque contre la mémoire d’un crime contre l’humanité, a déclaré sur twitter Karfa Diallo de l’association Mémoires et Partages. […] Nous allons donc porter plainte contre X. Nous n’avons pas voulu débaptiser les plaques de la ville. Depuis 20 ans, nous faisons ce travail, plus efficace, d’expliquer que d’effacer. Et bien, on nous montre encore à Bordeaux qu’il y a des esprits rétrogrades, obscurantistes qui ne veulent pas de cette reconnaissance et de cette réparation. »
L’actuelle majorité a repris le travail entamé sous l’ancienne mandature qui avait posé, en juin 2020, cinq premières plaques dans les rues David-Gradis, Desse, Gramont, la place Mareilhac et le passage Féger. La pose des plaques explicatives de la rue Colbert est un projet mené par la Mission Égalité, diversité, citoyenneté de la mairie de Bordeaux. Une autre plaque similaire avait été posée plus tôt place Mareilhac, dans le quartier de Bacalan, pour expliquer le rôle de cet ancien maire de Bordeaux, Jean-Baptiste Mareilhac, armateur et négociant qui aurait organisé une expédition négrière en 1792.
Cinq autres plaques de rues font l’objet d’une réécriture par la Ville de Bordeaux et seront posées prochainement. Sur chacune, la loi Taubira de 2001, qualifiant juridiquement l’esclavage et la traite négrière de crime contre l’humanité, sera mentionnée.
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