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L’Europe ne financera pas (encore) les LGV Bordeaux-Toulouse-Dax

La Commission européenne a annoncé ce mardi 29 juin la liste des 135 projets d’infrastructure de transports subventionnés au titre du mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). GPSO, le grand projet ferroviaire du Sud Ouest, n’en fait pas partie, alors que ses promoteurs attendaient un financement européen à hauteur de 20%. Selon la préfecture de la Région Occitanie, cette décision est liée au contexte budgétaire et « ne préjuge en rien de la suite qui sera réservée par la Commission aux demandes de subvention européenne à venir ».

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L’Europe ne financera pas (encore) les LGV Bordeaux-Toulouse-Dax

Douche froide pour les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Le plan de financement élaboré par l’Etat table en effet sur un financement par l’Union européenne à hauteur de 20% de GPSO (grand projet ferroviaire du Sud Ouest), soit 2,8 milliard sur un coût total estimé à 14 milliards d’euros.

Or ni la ligne à grande-vitesse Bordeaux-Toulouse, ni la branche vers Dax, pourtant située dans le corridor européen vers l’Espagne, ne figurent parmi les 135 projets d’infrastructures de transports qui seront aidés, à hauteur de 5,4 milliards d’euros, par l’Union européenne dans le cadre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Les dossiers retenus ont été rendus publics ce mercredi 29 juin.

Un projet « inutile »

Jointe par Rue89 Bordeaux, la Commission européenne a confirmé ce choix, sans en expliquer les raisons. Dans un communiqué diffusé ce jeudi par la mairie de Bordeaux, la présidente de la Commission transports au Parlement européen, l’écologiste Karima Delli, justifie ainsi cette décision :

« Nous n’avons pas retenu le projet de nouvelle ligne à grande vitesse GPSO. Il nous a semblé que des alternatives, fondées sur les lignes existantes, permettraient de diminuer fortement l’empreinte environnementale du projet et seraient plus utiles à la mobilité quotidienne des habitants. »

Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, a exprimé dans ce communiqué sa satisfaction :

« Après avoir imposé aux collectivités un calendrier précipité de vote de leurs participations financières, et avoir demandé une avance financière à la Région Nouvelle-Aquitaine, l’Etat doit aujourd’hui prendre acte qu’il faut arrêter ce grand projet inutile et destructeur de la biodiversité. »

« Projet indispensable »

Quelques heures plus tard, la préfecture de la Région Occitanie, coordinatrice du projet GPSO, a publié un communiqué avec des précisions. Elle indique qu’un dossier avait était déposé pour les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), sollicitant 17,3 M€ de financement européen pour les études environnementales et une partie des travaux préparatoires – une paille, sur un budget estimé à 0,9 milliard d’euros courants.

Mais le « contexte budgétaire a conduit la commission à ne retenir que les projets avancés en phase travaux ». Ce que conteste le groupe des élus écologistes au conseil régional :

« Non, l’appel à projet européen n’a pas retenu que des projets en phase de travaux. Par exemple seront financées des études pour l’électrification de la ligne Bordeaux-Lamothe (la commission pencherait-elle pour la modernisation de la ligne existante ? L’avenir le dira). »

Pour la préfecture d’Occitanie, « le résultat de l’appel à projet 2021 ne préjuge en rien de la suite qui sera réservée par la Commission aux demandes de subvention européenne à venir pour le projet ferroviaire du Grand Sud Ouest, dont font partie les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux ».

« Sur l’intérêt porté au projet GPSO, le professeur Carlo Secchi, coordinateur pour l’Union européenne du corridor Atlantique a déclaré le 29 juin à Lyon lors des journées européennes des ”Connecting Europe” que le projet GPSO était jugé particulièrement indispensable », indiquent les services de l’Etat.

Le préfet Etienne Guyot affirme donc que « le projet GPSO se poursuit et franchira une étape majeure ce lundi 4 juillet avec la réunion d’installation de la société du GPSO, qui sera suivie de la réunion du comité de pilotage ». Il assure que « l’État reste pleinement mobilisé aux côtés des collectivités signataires du plan de financement afin de faire aboutir ce projet majeur pour les mobilités du quotidien et le développement du territoire ».

Priorité à l’existant ?

Interrogée par Rue89 Bordeaux, la préfecture d’Occitanie ne précise pas à quel titre elle pourrait obtenir l’apport considérable attendu de l’Union européenne – le plan de financement table sur une « hypothèse » de 20% du budget total de GPSO. Un nouvel appel à projets de la Commission européenne pour le MIE sera lancé en septembre 2022, auquel le gouvernement pourrait représenter.

Mais pour Pierre Hurmic, « il est encore temps de préparer, avec l’ensemble des collectivités, des partenaires et des territoires, une candidature sur la base de l’alternative au GPSO : la modernisation des lignes existantes ».

Cette solution « deux fois moins coûteuse », et qui permettrait de faire circuler à 250 km/h les trains sur les voies classiques, assurerait, selon le maire, « la sauvegarde de 4 830 hectares d’espaces naturels, agricoles et viticoles, à l’heure où la biodiversité de notre territoire est notre meilleure alliée pour lutter contre le dérèglement climatique ».

D’autre part, la restauration des lignes permettrait aussi de faire sauter les (présumés) bouchons ferroviaires au nord de Toulouse et au sud de Bordeaux et de « donner enfin la priorité aux trains du quotidien et au fret ferroviaire après des années de “Tout TGV” ».

Fake news

Le communiqué du maire de Bordeaux a suscité des réactions outrées d’Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, et du groupe des élus centristes au conseil régional, qui ont dénoncé des « fake news » des écologistes et une « communication mensongère et précipitée ».

« Je regrette profondément les déclarations sans fondement selon lesquellesle GPSO n’aurait pas obtenu les financements européens attendus », écrit Alain Rousset. « Le projet de LGV ne s’oppose d’aucune façon aux travaux de régénération des lignes “classiques” et encore moins au RER métropolitain, pour lequel une seconde ligne est indispensable. (…) De son côté, la Commission européenne a confirmé l’inscription de la ligne Atlantique dans le réseau central structurant du Réseau transeuropéen de transport. »

Reste à savoir quand et à quelle hauteur l’Europe financera un projet qui vient de laisser passer le train du MIE.

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