La situation était déjà préoccupante depuis la découverte d’un foyer épidémique de Covid-19 au Centre de rétention administrative (CRA) de Bordeaux dimanche 17 juillet avec trois retenus testés positifs. Elle l’est encore plus depuis les derniers tests effectués sur des volontaires ce lundi 25 où un nouveau retenu, déjà malade du sida, est également testé positif.
Des mesures ont été prises par la Préfecture de la Gironde : « deux d’entre-eux ont été mis à l’écart » au centre de rétention de Plaisir en Île-de-France et deux autres remis en liberté et assignés à résidence. Par ailleurs, quatre membres du personnel auraient également été testés positifs au Covid-19.
« Aucun protocole adapté »
Dès la semaine dernière, « cette situation a entrainé le gel du CRA, ni entrée, ni sortie, ni visite, durant 7 jours » précise la Préfecture. « Cependant, aucun protocole adapté n’est mis en place afin de contenir la diffusion du virus » commente aussitôt La Cimade, association de soutien aux étrangers en situation irrégulière, qui relève la présence de 19 retenus pour une capacité d’accueil de 20 personnes, « autrement dit, c’est plein ».
« Lorsque le CRA est plein (ou presque), les personnes enfermées partagent leur chambre à 4, elles prennent tous leurs repas ensemble. Les distributions de masques au sein du CRA avaient cessé […] et il n’y a jamais eu de gel hydro alcoolique à disposition. Aucun geste barrière ne peut être respecté au CRA, vu l’exigüité des locaux impliquant une grande promiscuité, et sa situation en sous-sol, ne permettant pas d’aérer », poursuit l’association.
Selon une porte-parole de La Cimade – qui « demande toujours la fermeture des CRA, a fortiori en temps de crise sanitaire » –, un avocat de l’Institut de défense des étrangers a déposé des demandes de remise en liberté, « quatorze ont été rejetées et les autres sont en cours ».
Levée de la septaine
Au CRA de Bordeaux, « il y a des gens qui ont de la fièvre et qui toussent » rapporte un retenu joint par Rue89 Bordeaux. La plupart des personnes enfermées refusent de faire le test de peur de « se retrouver ailleurs où c’est encore plus difficile si le test est positif [CRA de Plaisir, NDLR], et s’il est négatif, on est bon pour être expulsé ».
Un algérien de 27 ans a même tenté de se suicider début juillet. Affaibli, son camarade de cellule explique son cas à Rue89 Bordeaux :
« Il a refusé la première fois, il a fait deux mois de prison. Au deuxième refus, il risquait trois ans de prison. Il a avalé deux batteries de téléphones pour mourir. Ça fait 15 jours et elles sont toujours dans son ventre. Il refuse l’opération pour les enlever. Il n’arrive pas à manger sinon il vomit. »
De son côté, la Préfecture affirme que ce « retenu est suivi médicalement ». Elle annonce par ailleurs la levée de la septaine ce mardi selon les recommandations de l’Agence régionale de santé (ARS) qui « a jugé que l’unique cas [testé positif ce lundi] ne nécessitait pas la poursuite du gel ». La Cimade craint l’arrivée de nouvelles personnes et de nouvelles infections.
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