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30/04/2024 date de fin
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Des centaines de personnes à la Pride radicale nocturne « tutti antifascisti »

Après les incidents de la Pride officielle de Bordeaux le 12 juin, le collectif féministe Fack ap ! a organisé ce jeudi 30 juin une nouvelle version de l’évènement : une Pride radicale nocturne, visant à dénoncer la montée de l’extrême droite à Bordeaux et ailleurs.

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Des centaines de personnes à la Pride radicale nocturne « tutti antifascisti »

Elle n’a de nocturne que le nom, les lampadaires sont encore éteints. La Pride radicale est non violente et sans chars. Elle n’est pas institutionnelle non plus, bien au contraire. Quelques drapeaux flottent au vent, quelques paillettes ornent les joues. Mais tout cela est plutôt discret. Fack ap !, collectif « queer féministe antiraciste antivalidiste et anti autoritaire bordelais », à l’origine de l’évènement, revendique une « manifestation qui revient à la base de ce qu’est une Pride, non déclarée, avec des revendications et en colère ».

Car, comme chacun le rappelle, tantôt sur un panneau, tantôt par un slogan, la Pride est une référence aux émeutes de Stonewall en 1969. Et si le défilé n’a pas été annoncé aux services de préfecture, c’est aussi que Fack Ap « refuse la présence de la police ».

A l’heure du départ, 20h30, de la place de la Comédie, une batucada féministe prend les rênes. L’accès du cours de l’Intendance étant bloqué par un cordon de CRS, le cortège de quelques centaines de personnes s’engage dans la rue Sainte-Catherine.

Le souvenir amer d’une Pride violentée

Pour la suite, un service d’ordre a été spécialement organisé :

« Le service d’ordre a convenu qu’il pourrait extraire les personnes du cortège qui voudraient se battre. Non pas que nous croyons que la colère n’est pas légitime mais parce que nous ne souhaitons pas prendre le risque que l’ensemble de la collectivité se retrouve dispersé et en danger », rapporte une membre de Fack Ap.

Ces propos font référence à la première Pride, déclarée et qui avait mobilisé une grande partie de la communauté. Ce 12 juin, la fête est annulée : des actes lgbtphobes violents ont été perpétrés lors de la marche. Des groupes ont envoyé des menaces de mort, déployé une banderole sur la maison écocitoyenne, projeté des objets et ce qui s’apparente à du dissolvant sur le défilé. La police a interpellé puis relâché neuf personnes.

Les associations Le Girofard (le centre LGBTQIA+) et SOS Homophobie ont notamment porté plainte. La ville de Bordeaux aussi a porté l’affaire en justice, après que des fleurs de lys ont été taguées sur les passages piétons multicolores. Olivier Escots, adjoint au maire de Bordeaux en charge du handicap et de la lutte contre les discriminations, a décrit alors une « extrême droite active » dans la ville.

« LGBTIA+ contre l’épidémie facho »

Alors, ce jeudi soir, les revendications antifascistes se mêlent à l’arc en ciel. Le célèbre slogan italien « siamo tutti antifascisti [nous sommes tous antifascistes] » résonne dans la rue Sainte-Catherine, devant des passants circonspects. « Ce n’est pas la Pride aujourd’hui, si ? » s’interroge l’un d’eux. La moitié des pancartes évoque l’extrême droite : « LGBTQIA+ contre l’épidémie facho », « les queers unis contre les nazis ». Fack ap ! avait annonçé dès le début son intention :

« Contre un système oppressif qui n’hésite plus à donner le micro au fascisme, qui n’a de cesse d’afficher de plus en plus ouvertement sa haine et sa violence contre toute minorité, comme l’a malheureusement démontré le déroulé de la Pride du 12 juin de Bordeaux ».

Fack ap ! a d’ailleurs rappelé la tenue d’une manifestation antifasciste ce vendredi 1er juillet. Celle-ci fait suite à d’autres attaques survenues le weekend dernier, dans le quartier de Saint-Michel.

La peur ne doit pas rester

« La dernière fois, on a eu très peur, raconte l’une des manifestantes. Mais si on est là ce soir, c’est pour dire qu’on est là et qu’on lâche rien. On ne peut pas terminer une Pride sur la peur. C’est pas ce sentiment qui doit rester après une marche des fiertés, alors que c’est notre journée. »

Les témoignages racontent tous la colère et l’injustice. Celle d’être « épuisé et de ne pas y pouvoir grand chose » ou de « voir que ce monde veut [leur] mort ». Celle de devoir « dire aux amis de faire attention en rentrant chez eux ». Comme ils l’écrivent, « sous les paillettes il y a la rage ».

Mais la batucada féministe s’emballe et fait danser le cortège. Il est conseillé de ne pas s’éloigner. Des « emotional medics » sont mobilisés, brassard rose, en cas de crise d’angoisse, de besoin d’aide ou simplement de soif. Aucun heurt n’a été constaté pendant l’évènement, qui depuis la Victoire s’est ensuite dirigé vers Saint-Michel, comme une boucle contre l’extrême-droite : la rue est à elles et eux.

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