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L’écrivaine bordelaise Anne-Marie Garat est décédée

Née à Bordeaux, Anne-Marie Garat s’est éteinte à l’âge de 76 ans, mardi 26 juillet. Lauréate du prix Femina et du prix Renaudot des lycéens en 1992 pour son roman Aden, Anne-Marie Garat est l’auteure d’une vingtaine d’ouvrages.

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L’écrivaine bordelaise Anne-Marie Garat est décédée

La romancière Anne Marie-Garat est décédée à l’âge de 76 ans, le 26 juillet, a annoncé sa maison d’édition, Actes Sud.

Née le 9 octobre 1946 à Bordeaux, Anne-Marie Garat entame d’abord des études de lettres dans la capitale girondine avant de rejoindre Paris pour étudier le cinéma à la Sorbonne. Par la suite, elle y enseignera le septième art et la photographie et sera par ailleurs chargée de mission auprès de Jack Lang, pour l’enseignement du cinéma à l’école. Mais c’est bel et bien vers la littérature qu’elle se tourne.

En 1992, son œuvre se voit récompensé à travers son sixième roman d’une grande richesse et exigence selon la critique de l’époque : Aden. Elle obtient le prix Femina et le prix Renaudot des lycéens pour cette histoire qui raconte la vie d’un informaticien, Aden Seliani, au carrefour de sa vie.

Une romancière engagée

Le XXe siècle, ses bouleversements et guerres, était le décor des romans d’Anne-Marie Garat. En 2008, année de parution de L’enfant des ténèbres, roman résolument antifasciste retraçant les années 1930 et la montée du totalitarisme, la romancière s’élève publiquement contre le gouvernement français. Jugeant ses dérives liberticides : les violences policières, le traitement des sans-papiers ou encore la presse muselée.

« Criminalisation systématique de qui s’insurge, dénis de justice, inhumanité érigés en principe de gouvernement. Presse paillasson, muselée par ses patrons, industriels des armes. Intimidations, contrôles au faciès, humiliations, brutalités, violences et leurs dérapages – quelques précipités du balcon, quelques morts de tabassage accidentel –, sitôt providentiellement dilués dans le brouhaha des crises bancaires, de l’affairisme et du sensationnel saignant », dénoncera-t-elle.

Un engagement à l’image de son œuvre.

Anne-Marie Garat en 2011 Photo : cc/Ji-Elle/Wikipedia

Humeur noire

Son dernier ouvrage, Humeur noire, confirme la ligne sincère et humaniste de l’auteure. Anne-Marie Garat, en colère contre sa ville natale, écrit sur la traite négrière dans la capitale Girondine en réaction à un cartel à l’exposition consacrée à la traite négrière au Musée d’Aquitaine en 2019. Avec sa « foi en la transmission », elle entreprend de briser les non-dits de sa ville qui cherche à « blanchir sa mémoire », et apporte de nombreuses précisions historiques :

« En somme, les Noirs et gens de couleur présents à Bordeaux sont le dessus du panier. Au début du XVIIIe siècle, tous sont natifs d’Afrique, puis leur succèdent de plus en plus nombreux les nègres créoles (nés aux îles), et les métis. Selon les recensements, il s’agit aux trois quarts de personnes jeunes et bien portantes, surtout de femmes, mais aussi de gamin(e)s de 7 à 11 ans offerts en cadeau aux épouses et aux enfants comme décoratifs ou de compagnie, jouets au même titre que chien et perroquet, figurant dans les tableaux de genre en faire-valoir de la blancheur talquée de leurs maîtres », y écrit-elle.

Ce texte rend particulièrement hommage à « deux figures d’esclaves » : Modeste Testas et Marie-Louise Charles, toutes deux citées dans la dédicace. Ces femmes rejoignent bien d’autres qui ont occupé une place toute particulière dans l’œuvre de la romancière. Comme dans Les mal famées, roman pour lequel elle recevra le prix Marguerite Audoux en 2000.

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