Se promener sur les quais bordelais et tomber sur un banquet. S’y arrêter, et plus que d’y partager un repas avec des inconnus, discuter justice sociale et démocratie.
Il ne s’agit pas là d’un scénario imaginaire, bien au contraire. Cette année, et après quelques banquets expérimentaux élaborés l’année dernière, les centres sociaux de France et d’Outre-mer lancent la campagne des 300 banquets citoyens. Organisés dans l’espace public pour faire vivre le débat démocratique et ouverts à toutes et tous, ils auront lieu dans 65 départements pendant deux mois.
A Bordeaux, le grand banquet citoyen de la Fédération des centres sociaux de la Gironde aura lieu le samedi 9 juillet, de 12h à 17h, au niveau des quais, sous les platanes en face des Quinconces. Un temps de convivialité où les habitants sont invités à échanger ensemble tant sur leurs préoccupations que leurs envies d’agir sur le territoire.
A la rencontre des besoins des habitants
Inspirés des banquets républicains du XIXe siècle, les banquets citoyens doivent permettre à tout un chacun de se réapproprier les sujets qui le concernent sur le territoire et de dialoguer avec d’autres. Et ainsi, de confronter les points de vue sur des questions de justice sociale et de démocratie, des valeurs que défendent les centres sociaux.
« Dans l’espace public et médiatique, ce sont un peu les mêmes personnes que l’on entend et voit tout le temps. Quant à certaines personnes, elles se sentent moins légitimes à prendre la parole, et n’ont pas conscience qu’elles ont le pouvoir d’agir, constate Maïa Cordier, cheffe de projet communication et influence à la Fédération des centres sociaux de France (FCSF) avant d’ajouter, Avec les banquets citoyens, on leur montre que leur parole a le droit d’exister dans le débat public. »
« En investissant l’espace public via les banquets, les centres sociaux vont à la rencontre de nouvelles personnes qui n’ont pas l’habitude de pousser leurs portes », ajoute-t-elle. Les banquets favorisent l’échange « direct » avec la population locale et l’identification de ses besoins, sur lesquels les acteurs des centres sociaux s’appuient afin de mener leurs projets.
L’expérience de la démocratie participative
« C’est une véritable expérience de démocratie participative ! », résume Maïa Cordier. L’initiative part d’un double constat, lié à deux crises. D’une part, l’envie de se retrouver après la crise sanitaire. D’autre part, l’indéniable crise de la représentation politique en France, comme en témoignent les taux d’abstention aux dernières élections.
« Il manque dans la société un échelon d’échange plus direct entre les citoyens et les représentants politiques. C’est ce que nous essayons de faire vivre dans les banquets citoyens et dans d’autres actions que nous menons », développe la cheffe de projet.
Les élus sont alors invités à se joindre aux banquets citoyens. Entre autres, pour celui de Bordeaux, Sylvie Schmitt, adjointe au maire chargée de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse, ou encore son conseiller municipal délégué à la jeunesse, Radouane-Cyrille Jaber, ont reçu leur carton d’invitation.
« On espère, infléchir un peu les politiques publiques pour qu’elles prennent mieux en compte les paroles des citoyens », admet modestement Anne Rochard, déléguée fédérale de la Fédération des centres sociaux de la Gironde.
A Bordeaux, un débat autour des inégalités
Les 13 centres sociaux fédérés de Gironde, sur 32, qui ont piloté l’organisation du grand banquet citoyen des quais ont choisi d’angler le débat autour des inégalités. « Nous avons choisi ce thème car nous constatons au travers de l’accompagnement des habitants qu’il est très présent dans leur quotidien. Cela nous permettra de parler des inégalités de logement, de genre, d’accès aux soins, … », énumère Amandine Larrazet, chargée de mission.
« Mais pour ne pas rester sur l’aspect constat des inégalités, un peu négatif, les personnes pourront aussi faire part des leviers possibles qu’elles imaginent pour agir », complète Anne Rochard.
Enfin, pour inviter les passants des quais à rejoindre le débat, des animations seront mises en place. « Il y aura de la musique, du théâtre, des jeux… des formes d’expression qui donnent envie, s’enthousiasme la déléguée fédérale. Et pour se restaurer, des foodtrucks. » Afin de vraiment inciter les gens à se mettre à table.
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