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A Bordeaux, un nouveau squat expulsé, de nouvelles personnes sans toit

Jeudi 25 août, une vingtaine de personnes ont été expulsées du squat Le Carreau, dans le quartier Saint-Michel. Ce vendredi après-midi, un rassemblement a eu lieu devant l’Hôtel de Ville en soutien à ces familles, ainsi qu’à toutes celles menacées d’expulsions et personnes sans domicile. Avec une demande claire : la réquisition des logements vacants sur la métropole bordelaise.

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A Bordeaux, un nouveau squat expulsé, de nouvelles personnes sans toit

A. a 17 ans. Il est Albanais. Son parcours, il le raconte ce vendredi 26 août devant la mairie de Bordeaux, sous un soleil de saison, lors d’une mobilisation pour le droit au logement. Il y a quatre ans, le garçon a quitté la capitale, Tirana, avec ses parents et sa grande-soeur, direction la capitale girondine. Un voyage de plus de 2 000 kilomètres, en bagnole, vers un meilleur horizon…

« Dans mon pays, l’école, ce n’est pas bien. Et puis il n’y a pas de travail », explique ce dernier, dans un français impeccable.

La famille dort dans un hôtel pendant un an. Malheureusement, ses parents ont été déboutés du droit d’asile. Ils s’installent alors dans un bâtiment squatté, appelé Le Carreau, rue Clare, dans le quartier Saint-Michel. Comment sont-ils arrivés là-bas ? L’ado ne s’en souvient pas. « Le temps passe vite », répond-il poliment.

Une mobilisation pour le droit au logement s’est tenue ce vendredi après-midi, devant l’Hôtel de Ville, après l’évacuation du squat Le Carreau, la veille (Damien Renoulet/Rue89Bordeaux).

« Les policiers ont été gentils avec nous »

Appartenant à la société Adoma – une filiale de CDC Habitat (du groupe public Caisse des dépôts), justement créée pour accueillir en France les travailleurs migrants – , ce lieu a été occupé illégalement à partir de janvier 2020. Selon A., « 12-13 familles » – soit une trentaine de personnes – vivaient sur place, « des Albanais, des Arméniens et des Géorgiens ».

Les conditions de vie ? « On était bien. On avait l’eau, l’électricité. » La journée, le papa « restait à la maison ». La maman, malgré des soucis de santé, était bénévole au secours catholique. A la rentrée, A. doit entamer sa deuxième année en CAP peinture, dans un lycée de Pessac. Son rêve : rester en France et « faire de l’argent, comme tout le monde », sourire en coin.

Les familles sur place ont été mises au courant de cette évacuation par le CCAS (Centre communal d’action sociale), qui fut « ordonnée par une décision de justice en date du 10 juillet 2020 », précise à Rue89Bordeaux, la préfecture. Qui ajoute : « Un recensement préalable a été effectué par la Ville de Bordeaux, la DETS et l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration). »

Ce jeudi 25 août, « à 8h34 exactement », glisse A., l’évacuation s’est déroulée sans incident, dans le calme.

« Nous avons eu le temps de préparer nos bagages. Les policiers ont été gentils avec nous. »

Réquisition toute

« Toutes les personnes ont été prises en charge par l’OFII pour un examen de leur situation administrative. Une aide au retour volontaire dans le pays d’origine a été proposée aux personnes déboutées du droit d’asile. Pour les autres, des nuits d’hôtel sont proposées pendant quelques jours. Ensuite, ils devront contacter le 115 », complètent les services de l’Etat.

Selon Myriam Eckert, conseillère municipale d’opposition, « six personnes ont été relogées à l’hôtel. » Le reste, soit une vingtaine de personnes, a passé la nuit du 25 au 26 août dans une salle à la Maison de la Nature et de l’Environnement Bordeaux-Aquitaine (MNE), rue de Tauzia. Pour les nuits suivantes, le tissu associatif cherche (pour l’heure) des solutions. Des poches sous les yeux, A. se dit « fatigué », confiant que « ses parents sont stressés. »

« Chaque année, lorsque la fin de la trêve hivernale a sonné, des centaines de personnes sont ainsi jetées à la rue, vouées à l’errance et à l’insécurité. Des solutions à long terme sont pourtant possibles, à commencer par la réquisition des logements vacants. Cette réquisition est accessible à tous les maires et tous les préfets désireux de s’emparer de la loi qui l’encadre depuis 1948 », indique un communiqué de presse signé, ce vendredi, par plusieurs asso et collectifs (DAL33, Bordeaux en Luttes, Il Est Encore Temps Bordeaux…).

Myriam Eckert complète :

« Sur la métropole bordelaise, on dénombre 10 500 logements vacants pour une moyenne de 3 à 4 000 personnes sans logement ou mal logées. Cette réquisition des logements vacants est une des promesses non tenues par Pierre Hurmic. »

Alors même que la mairie a entamé des procédures juridiques au civil pour exiger l’expulsion de La Mine, situé au Grand Parc. Un bâtiment occupé illégalement depuis septembre 2020 par 53 personnes, dont 24 enfants. « Le verdict sera envoyé courant de la semaine prochaine à Me Romain Foucard, avocat des occupants », précise simplement Morti Khalifrat, de l’association Diamants des cités.

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#sans toit ni loi

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