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L’association de Jamel Debbouze au Grand Parc pour « ceux qui veulent faire du cinéma »

L’association des Ami(e)s du Comedy Club, présidée par Jamel Debbouze, était au Grand Parc ces jeudi et vendredi pour animer des ateliers cinéma dans le cadre de l’opération « Filme l’Avenir ». Une vingtaine de participants a relevé le défi : écrire et tourner un film de 90 secondes avec un smartphone sous le thème « joue-la collectif ».

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L’association de Jamel Debbouze au Grand Parc pour « ceux qui veulent faire du cinéma »

« Je n’ai pas une gueule d’agresseur… D’habitude c’est moi qui me fait agresser ! » Avec un sourire qui barre son visage d’adolescent de 15 ans, Milan ne se sent pas pour le rôle. « T’as pas une gueule de méchant c’est vrai… »

« C’est l’histoire d’un jeune qui imagine que le monde entier est contre lui. Il rencontre des gens qui vont lui prouver l’inverse. »

Fabrice a ainsi pitché le premier jour son film : Paro. Âgé de 23 ans, il a rejoint la halte bordelaise de la tournée « Filme l’Avenir » organisée dans toute la France par l’association Les Ami(e)s du Comedy Club en partenariat avec France Télévisions, le ministère de la Ville, l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) et le Festival Cinébanlieue. Elle s’est tenue ce jeudi et vendredi, 10 et 11 août au Grand Parc, avec pour relais l’association locale Diamants des Cités.

« J’étais venu avec une idée, confie Fabrice, mais c’était long à faire. J’ai changé pour raconter l’histoire d’un schizophrène. Je sais de quoi je parle, j’ai un membre de ma famille qui l’est. Il est dans le déni et j’aimerais qu’il accepte de se faire aider et aussi que les gens changent d’avis sur cette maladie. Qu’ils soient patients. Moi, avec lui, je l’ai jamais été alors que je savais qu’il était malade. »

Se faire entendre

En deux jours, il faut donc écrire un scénario, tourner et monter un film d’environ 90 secondes sur le thème « Joue-la collectif ». Dans le centre d’animation du Grand Parc, une vingtaine de personnes organisées en quatre groupes en ont proposés cinq.

Jeudi matin, les vingt participants suivaient les ateliers de Jude Joseph, conteur et comédien Photo : WS/Rue89 Bordeaux

« Les participants ont des profils variés » note Djiby Badiane. Comédien passé à la réalisation, issu du tremplin Jeunes Talents du Comedy Club, il est le « maître de cérémonie » du projet et a à cœur de « continuer dans la transmission » :

« Ce sont des ateliers de deux jours, mais ensuite on propose un accompagnement, poursuit-il. On détecte des talents et on les accompagne le plus loin possible. Des gens qui veulent faire du cinéma, qui ont envie de jouer ou de réaliser des films mais qui ne savent pas comment faire. C’est la troisième édition et on a aujourd’hui des jeunes qui écrivent et sont sur le point d’avoir des financements pour leurs projets avec France Télévisions entre autres.  »

C’est bien ce qu’espère Fabrice. Tout juste diplômé d’une école d’audiovisuel à Bordeaux, il attend de cette opération que « ça ouvre des portes pour le cinéma ». « Pas pour l’argent » insiste le jeune homme : « c’est pour pouvoir me faire entendre. »

Silence on tourne

Pour participer, Fabrice était venu seul de son quartier de Bacalan. « Il y en a qui viennent en groupe, le principe est d’être dans le collectif et de s’amuser » souligne Djiby Badiane. Au matin du premier jour, Fabrice rencontre Milan, habitant du Grand Parc, mais aussi Anissa, une jeune fille de 15 ans venue de Bègles. Le trio ne se quitte pas dès le premier exercice : il s’agit de reprendre à haute voix un conte rapporté par Jude Joseph, conteur et comédien, animateur de la matinée.

Anissa, les bras croisés, un brin timide, a du mal à se lancer la première. Fabrice décoince la situation avec le jeu papier-ciseau-caillou. Il devient le meneur naturel du groupe, que rejoignent Léandre, Meissan, Anissa, et Sacha.

Vendredi matin, c’est l’heure du tournage sous l’œil de Nadia Anebri, la référente du groupe. La réalisatrice du Petit Poussin, son premier court-métrage nommé au César 2022, supervise le travail. « Il faut chorégraphier tout de suite les scènes pour faciliter le montage » prévient-elle.

« Je voulais faire un storyboard, je n’ai pas eu le temps, regrette Fabrice. Tant pis, on va se débrouiller comme ça. »

La réalisatrice Nadia Anebri prodigue ses conseils pour le tournage de « Paro » Photo : WS/Rue89 Bordeaux

« Stylé »

La cuisine du centre d’animation devient une chambre d’hôpital, mais aussi les loges où se changent les comédiens en herbe. Les scènes en extérieur trouvent un décor derrière le bâtiment, entre le gymnase et le terrain de foot. Qui ne joue pas sa scène, filme ou gère les accessoires. On répète à l’arrache. On s’accorde sur les angles des plans. On enchaine les prises. On revisionne les travellings tournées à main levée avec le smartphone. « C’est stylé. »

L’après-midi est dédié au montage. Quelques heures plus tard, « Paro » est dans la boite. « Une V1, un montage plus pointu se fera à Paris » ajoute Djiby Badiane.

Tous les films de la tournée – 18 villes dont 3 en Outre-Mer – seront mis en ligne sur France TV Slash, la plateforme jeunesse de France Télévisions. En novembre, les meilleures équipes se verront décerner divers prix en clôture du festival Cinébanlieue : 5 000 euros de matériel, deux lauréats sélectionnés pour une formation de huit mois, deux pré-achats de court-métrage par France Télévisions… A Bordeaux, toutes les équipes en rêvent.


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