« Pourquoi ne pas se servir des matches comme outil de protestation au lieu de se soumettre au silence et au boycott ? » C’est la question que s’est posée Maxime Romatet, lycéen bordelais de 17 ans, face à la polémique de l’organisation de la coupe du monde du Qatar.
Le jeune homme a eu une idée : organiser la projection des matches de l’équipe de France sur écran géant et récolter des fonds pour aider les travailleurs et les familles de ceux qui sont handicapés ou morts pour construire les stades.
« En septembre dernier, après avoir lu Les esclaves de l’homme-pétrole de Sébastien Castelier et Quentin Müller,explique-t-il. Je suis resté ébahi devant les témoignages relatant les conditions de vie des travailleurs migrants qui se cachent derrière la couverture grandiose qu’affiche le Qatar pour l’accueil de la Coupe du Monde 2022. »
Il retient un chiffre cité par Le Guardian: 6500 travailleurs migrants sont morts au Qatar depuis l’attribution de la Coupe du Monde en 2010.
« J’étais consterné par l’idée de rester impuissant face à un tel événement. Un idée m’est alors venue. »
« Boycotter n’est pas la bonne solution »
Maxime Romatet « aime le sport ». S’il ne fait pas de foot, il est « amateur des Bleus » mais affirme cependant être « contre les excuses de l’équipe de France qui prétend ne pas vouloir mélanger le sport et la politique » – également un argument du président de la République Emmanuel Macron.
« Le foot est une vitrine qui permet aux nations d’exercer un certain soft power, poursuit-il. Pour moi, le sport est parfait pour servir à dénoncer des injustices, comme ce genre de situation. La coupe du monde est justement l’occasion de marier le foot à des sujets aussi controversés. Dans ce cas, ce pourrait être un mal pour un bien. Et boycotter, ce n’est pas la bonne solution. »
Le jeune bordelais recherche des associations qui viennent en aide aux travailleurs immigrés pour la construction des stades. Il découvre une association au Népal, pays d’où est originaire une importante main-d’œuvre, « ça n’a pas marché ».
« J’ai soumis le projet à mon lycée, qui a refusé. Puis au club sportif de Primerose à Caudéran, qui a refusé aussi. Finalement, j’ai rencontré Julien Kunika [responsable de la branche bars de l’Umih 33, le syndicat des métiers de l’hôtellerie-restauration, NDLR], il a adhéré. »
Lightzone
Julien Kunika propose Le Life, bar-restaurant situé dans le centre-ville de Bordeaux « qui peut accueillir jusqu’à 300 personnes ». Reste à trouver une association pouvant recevoir les fonds et ayant les canaux pour les investir dans la bonne cause.
« J’en ai parlé à Amnesty international car l’association avait sorti un reportage “Les exploités du Qatar” qui a fait pas mal de bruit. Ils ont accepté et proposé un stand à chaque retransmission pour sensibiliser et encaisser directement l’argent », ajoute Maxime Romatet.
La machine est en route. Un compte instagram est créé et une billetterie est lancée pour le match de l’équipe de France contre le Danemark ce samedi 26 novembre à 17h (6€ le billet).
« Nous avons déjà une centaine d’inscriptions et je suis sûr que beaucoup viendront au dernier moment. L’achat d’un billet permettra aussi d’avoir des réductions sur les boissons. »
Selon les résultats des Bleus, d’autres retransmissions seront organisées sur le même principe. L’initiative, qui semble aussi avoir germé à Paris, porte le nom de Lightzone, en écho aux Fanzones que de nombreuses villes françaises n’ont pas souhaité installer.
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