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Eugène Atget, poète photographe et mémoire de Paris, est de retour à Libourne

Le Musée des beaux-arts de Libourne consacre une exposition à cet enfant du pays devenu photographe de renommée internationale, qui a notamment immortalisé le Paris de la fin du XIXe siècle. 76 de ses photographies sont présentées à la Chapelle du Carmel jusqu’au 19 février 2023.

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Eugène Atget, poète photographe et mémoire de Paris, est de retour à Libourne

Il a quitté sa ville natale à l’âge de 5 ans, orphelin, confié à la famille maternelle vivant à Bordeaux. Eugène Atget n’est vraisemblablement jamais revenu à Libourne. Photographe reconnu internationalement, sa cité de naissance lui rend enfin hommage avec une exposition organisée par son Musée des beaux-arts.

76 tirages originaux de ses photographies – parmi les 10 000 qu’il a réalisées – sont exposés à la Chapelle du Carmel, avec quelques documents. Hormis son acte de naissance fourni par les archives de la ville de Libourne, tout est mis à disposition par le musée Carnavalet de Paris.

Témoignage du vivant

En fait, c’est la deuxième exposition consacrée à ce photographe à Libourne ; la première datant de 1980 était constituée d’un ensemble itinérant de fac-similés des clichés. Mais le « travail de fond » que tient à souligner Caroline Fillon, directrice du musée et commissaire de l’exposition en cours, fait de cet événement le premier d’une telle importance.

Vue de l’exposition à la Chapelle du Carmel à Libourne Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Certes, la Chapelle du Carmel propose une surface modeste. Mais son espace est réfléchi, grâce à la scénographie de Benjamin Beiget, de manière à brasser les nombreux centres d’intérêt du photographe qui a fait l’inventaire du Paris de la fin du XIXe siècle et du début du XXe : l’architecture, les rues et ruelles, les devantures de boutiques, les petits métiers, les voitures à cheval, les heurtoirs des portes cochères…

« Il a voulu immortaliser le Paris qui disparaissait avec les travaux haussmanniens : les lieux, les quartiers, et ceux qui y vivent et travaillent. C’est un témoignage urbain, mais aussi un témoignage du vivant », commente Caroline Fillon.

Le regard tantôt précis, tantôt poétique d’ Eugène Atget est ainsi présenté au public à travers un panel révélateur de son œuvre. D’autres éléments complètent l’exposition, comme la présentation sur écran vidéo des seize négatifs fragiles que possède le musée de Libourne ou encore les liens entre les photographies du Libournais et les œuvres de peintres comme Georges Braque, Maurice Utrillo ou Jean Cocteau. Le visiteur pourra découvrir l’exemple du « Quai aux fleurs » du peintre Léonard Tsuguharu Foujita prêté par le Musée des beaux-arts de Reims.

Gloire posthume

Peu d’éléments biographiques sont connus d’Eugène Atget, de sa naissance le 12 février 1857 au 51 rue Clément-Thomas à Libourne, à sa mort le 4 août 1927 à Paris, sans enfant ni héritier. Après la disparition brutale de son père, il grandit à Bordeaux, rive droite, au bord de la Garonne, où l’activité portuaire lui offre ses premiers emplois. Le jeune homme rêve cependant de devenir comédien et s’installe à Paris à la fin des années 1870 pour prendre des cours de théâtre.

Ses compétences sur les planches ne sont pas à la hauteur de sa passion. II se tourne alors vers la photographie. Il réussit à vendre ses clichés à des peintres qui ont besoin d’images pour modèles et à des institutions qui veulent conserver la mémoire d’une capitale en voie de modernisation, à l’instar du musée Carnavalet. Ces revenus lui permettent ainsi de financer son activité et de vivre modestement avec sa compagne, la comédienne Valentine Delafosse-Compagnon.

Son art ne sera reconnu qu’après sa mort grâce à une photographe américaine, Berenice Abbott. Elle l’a connu à la fin de sa vie et a réalisé deux de ses portraits visibles à la Chapelle du Carmel.

Celle qui fut l’assistante de Man Ray à Paris a contribué à faire connaître l’œuvre du photographe libournais en achetant son fonds d’atelier. La gloire est née outre-Atlantique et la France découvre le nom d’Atget (Atgette, prononcé à l’américaine), avant de saisir l’incroyable modernité de l’art photographique d’Atget (Atgé, à la française).


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