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Sursis pour un bidonville menacé d’expulsion quai de Brazza à Bordeaux

Le 19 octobre dernier, la justice a ordonné l’expulsion sans délai d’un bidonville situé au 31 quai de Brazza à Bordeaux. Un comité de soutien aux familles a demandé à la mairie, propriétaire du terrain, de ne pas expulser sans propositions de relogement. 40 personnes, dont une vingtaine d’enfants, y vivent.

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Sursis pour un bidonville menacé d’expulsion quai de Brazza  à Bordeaux

« Une expulsion à l’entrée de l’hiver, ça serait rompre le lien social engagé avec beaucoup de familles ici », détaille Chloé Guêze, fondatrice de la compagnie de danse tzigane Romano Dji. Mardi 9 novembre, le comité de soutien des familles installées au 31 quai de Brazza à Bordeaux a tenu une conférence de presse dans le bidonville. Le 19 octobre dernier, le tribunal administratif de Bordeaux a ordonné l’expulsion sans délai du lieu.

Composé d’associations* et d’habitants de la rive droite, le comité a adressé, au début du mois, une lettre à la mairie de Bordeaux, propriétaire du terrain, lui demandant de ne pas « recourir à la force publique tant qu’il n’y a pas de solutions de logement ». La Ville souhaite récupérer le terrain pour prolonger le parc aux Angéliques dans le cadre de l’aménagement métropolitain du quartier Brazza.

Enfants scolarisés

Pour Philippe Mora, membre du comité et de Réseau Éducation Sans Frontières (RESF), l’expulsion d’un bidonville ne doit pas « conduire à l’ouverture d’un autre » :

« Nous avons échangé hier au téléphone, avec Harmonie Lecerf-Meunier, adjointe aux solidarités. L’expulsion n’aura pas lieu tout de suite. La procédure d’expulsion leur permet de lancer une étude de relogement. Nous sommes tout de même inquiets, car ces dernières années, peu de familles expulsées de bidonvilles ont pu bénéficier d’une solution de relogement pérenne. »

Comité de soutien aux habitants du bidonville Photo : VB/Rue89 Bordeaux

La plupart des familles, originaire de Bulgarie, sont là depuis deux ans, expulsées du bidonville rue Lajaunie. Un accès à l’eau a été installé par la Métropole. Face à des conditions de sécurité et d’hygiène difficiles, le comité de soutien a proposé à la mairie le recours à des logements temporaires d’insertion (LTI), citant des bungalows en bois à Mérignac.

Vigilance

Les habitants sont régulièrement suivis par des médiateurs sociaux du GIP Médiation et des associations, comme témoigne une bénévole d’ATD Quart Monde :

« Tous les 15 jours, une bibliothèque de rue vient ici. La Fabrique Pola nous prête des salles. De vrais liens se sont tissés avec les habitants. Les enfants sont tous scolarisés. Selon les familles, ils sont plus au moins assidus. Mais l’objectif des associations est de les accompagner. Une mise à la rue impliquerait une rupture des parcours pour tous. »

Interrogée par Rue89 Bordeaux, Harmonie Lecerf-Meunier confirme qu’un « diagnostic social et des solutions » vont être engagés pour les familles, indiquant que « chaque expulsion sur le territoire de Bordeaux doit être une résorption de bidonville » avec un accompagnement des personnes par les services de la Ville.

Les soutiens disent prendre acte de la « prudence » de la mairie, tout en assurant « maintenir la mobilisation » et la vigilance quant au suivi du relogement des familles.

*Associations membres du comité de soutien aux familles : ATD Quart Monde Agir tous pour la dignité, Collectif Bienvenue, RESF réseau éducation sans frontières Gironde, AFEV association fondation étudiants pour la ville, Médecins du Monde


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