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Un recensement participatif des insectes lancé pour sauver des espèces menacées en Nouvelle-Aquitaine

Une dizaine d’associations lancent un recensement participatif des insectes en Nouvelle-Aquitaine, sur cinq ans. Deux espèces seront au cœur de l’expérience baptisée Entomo-na : les gros bousiers et les perce-oreilles. Un tableau sera dressé sur ces populations menacées par l’activité humaine, afin d’établir des mesures de sauvegarde. Le public est invité à participer au recensement, grâce à des outils mis à disposition en ligne par les associations.

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Un recensement participatif des insectes lancé pour sauver des espèces menacées en Nouvelle-Aquitaine

« Mieux on connaît, mieux on protège. » Jeudi 17 novembre, une douzaine d’associations naturalistes de Nouvelle-Aquitaine (voir liste en fin d’article) vont lancer un programme de recensement d’insectes du territoire néo-aquitain sur cinq ans. Les deux premières espèces concernées sont les gros bousiers dans un premier temps et les perce-oreilles à partir de 2023. D’autres espèces seront à l’étude plus tard.

Cette expérience, qui durera donc jusqu’en 2027, associera également les citoyens, invités à enrichir les recherches. L’idée est de produire deux atlas (sorte de cartographie des espèces). Ils serviront de base pour établir des mesures de lutte contre la disparition de ces espèces, notamment liée à l’activité humaine. 

Déclin des insectes

Le programme s’inscrit dans un contexte de « déclin des insectes », avec les insecticides et produits liés à l’activité de l’Homme en cause. Les associations citent notamment une étude du 18 octobre 2017, par la revue scientifique Plus One, selon laquelle 80% des populations d’insectes auraient disparu en Allemagne dans les trente dernières années.

D’après Pierre Gourvil, du Conservatoire d’espace naturel de Nouvelle-Aquitaine, « ce chiffre peut être extrapolé à notre région, car nous vivons dans un contexte similaire ». Pour le moment, « aucune donnée plus précise ne peut être fournie, d’où cette expérience de recensement ». 

« L’enjeu de ce programme est de faire une première cartographie, qui sera ensuite comparée dans le futur avec de nouveaux chiffres », complète Sébastien Labatut de l’association de défense de l’environnement Sepanso. 

Le Minotaure, Typhaeus typhoeus (Linnaeus, 1758) Photo : cc/Flickr/Michel Candel

Insectes mal-aimés

Les bousiers et les perce-oreilles sont deux espèces « mal-aimées aux rôles pourtant essentiels » selon les associations. Les premiers se nourrissent des déjections animales et participent ainsi au recyclage de la matière organique. Leur disparition progressive entraînerait « une absence de dégradation des bouses et un développement de bactéries comme l’Escherichia coli, dangereuse pour l’homme ». En cas d’intempérie, la pluie emporte alors davantage de déjections dans les nappes phréatiques, contaminées. 

En Nouvelle-Aquitaine, 11 espèces de grands bousiers sont recensées. D’après Akaren Goudiaby de l’association Cistude nature, située au Haillan, « l’augmentation des traitements vermifuges dans les élevages » pourraient causer leur disparition : 

« Ces traitements vétérinaires qui servent à déparasiter les espèces se retrouvent ensuite dans les déjections et les bousiers qui s’en nourrissent en meurent. » 

Le programme entend également sensibiliser les agriculteurs à ce problème. 

Concernant les perce-oreilles, 16 espèces sont présentes en Nouvelle-Aquitaine. Elles sont essentielles dans le recyclage de matières organiques végétales (les feuilles d’arbre par exemple). On les retrouve dans plusieurs habitats : les jardins, les plages, les montagnes. Ainsi, les menaces qui pèsent sur ces insectes sont diverses. Le programme aidera notamment à les préciser.

Sciences participatives

Pour les associations, il était « indispensable d’inclure le grand public à cette expérience », le terrain étant trop vaste pour « l’assurer seules ». Ainsi, un guide sur les gros bousiers est disponible et téléchargeable sur le site du programme.

Composé – entre autres – d’un portrait des espèces et d’une grille d’identification (anatomie, couleur, etc), il a été conçu pour aider le public à repérer les insectes lors de balades. Pour signaler les découvertes, un formulaire est également disponible en ligne, avec nécessité d’y inclure une photo afin de valider les données fournies. 

« L’enjeu était de créer des outils accessibles à tous. Ça n’a pas été facile de faire quelque chose d’à la fois simple, attrayant et juste scientifiquement. »

Avec cette expérience de « sciences participatives », les associations espèrent inciter le public à la protection des espèces à travers « une valorisation de leur contribution ».

Perce-oreille des plages, Labidura riparia (Pallas, 1773) (Photo : Emilie Loutfi)

Les associations : Cistudes nature, Sepanso, Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Corrèze, Société entomologique du Limousin (Sel), Conservatoire d’espaces naturels Nouvelle-Aquitaine, Deux-sèvres nature environnement, Vienne nature, Charente nature, Système d’information de l’inventaire du patrimoine naturel (Sinp), Observatoire de la faune sauvage de Nouvelle-Aquitaine (Fauna), Groupe Entomologique des Pyrénées Occidentales (Gepo), France nature environnement Nouvelle-Aquitaine


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