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Des tags racistes sur les locaux d’une association de soutien aux immigrés à Bordeaux
Société 

Des tags racistes sur les locaux d’une association de soutien aux immigrés à Bordeaux

par Simon Barthélémy.
Publié le 1 décembre 2022.
Imprimé le 04 octobre 2023 à 08:57
931 visites. Aucun commentaire pour l'instant.

« Les nôtres avant les autres, moins de SDF, plus d’OQTF » et « Qu’ils retournent en Afrique » : ces slogans racistes et xénophobes, dont l’un renvoie aux propos du député RN Grégoire de Fournas, ont été tagués sur les murs de l’ASTI, association de solidarité avec tous les immigrés. Celle-ci et la mairie de Bordeaux, propriétaire du bâtiment, vont porter plainte.

La dégradation est signée d’Action directe identitaire, un groupuscule fasciste qui avait également revendiqué des tags racistes sur les murs de la mosquée de Pessac après le meurtre de Lola et sur ceux du campus de Bordeaux.

Des inscriptions de plusieurs mètres de long, réalisées dans la nuit de mardi à mercredi, ont cette fois visés les locaux de l’ASTI (association de solidarité avec tous les immigrés), hébergée dans un ancien collège rue Fieffé, près de la gare.

« Impossible de ne pas voir un lien entre le message “moins de SDF, plus d’OQTF” et la demande explicite de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, d’empêcher d’accueillir les étrangers sous OQTF dans les hébergements d’urgence, constate l’ASTI dans un communiqué. Quant au deuxième message “Qu’ils retournent en Afrique”, il signe directement sa filiation avec les propos nauséabonds tenus dans l’enceinte même de l’Assemblée Nationale par le RN. »

Les tags sur les murs de l’ASTI (DR)

Menace

Pas encore complètement effacés, ces slogans sont donc toujours visibles pour la cinquantaine de personnes qui chaque jour se rendent aux permanences juridiques ou aux cours de français. Ceux-ci sont dispensés par les 80 bénévoles actifs de l’Asti, qui « accueille tout le monde, avec ou sans papier », souligne Stéphanie Pichon, sa présidente :

« Ces tags sont de l’intimidation et une menace claire contre notre activité. La banalisation du racisme et de la xénophobie dans le discours politique à l’Assemblée nationale ou dans les débats sur la future loi immigration, fait que des groupuscules se sentent assez puissants jusqu’à aller provoquer les association solidaires et les migrants dans les quartiers populaires. On l’a vu lors de l’agression de plusieurs personnes à Saint-Michel au cri de “Mort aux arabes”, en juin dernier. »

L’ASTI va porter plainte, tout comme la mairie de Bordeaux, propriétaire du bâtiment dont les locaux sont loués à plusieurs associations. Et ce « afin que soient recherchés et réprimés ceux qui entendent instaurer un climat de haine raciale », indique la Ville dans un communiqué.

Revendiqué par un groupuscule identitaire, le slogan fait référence aux propos du RN Grégoire de Fournas (DR)

Rassemblement le 18 décembre

Le communiqué ajoute que Pierre Hurmic, indigné par la teneur de ces inscriptions, « assure l’Asti de son plein et entier soutien face à ce lâche acte de vandalisme et les bénéficiaires de ses services directement visés par les inscriptions ».

L’association de solidarité avec tous les immigrés a appelé à participer à un rassemblement le 18 décembre prochain, journée internationale des migrants, avec dans le viseur la future loi Darmanin et sa circulaire du 17 novembre dernier, demandant aux préfets de « renforcer la répression des étrangers, les associant clairement à des délinquants ».

« Cela ne fait que confirmer, ce que nous constatons à l’ASTI : un accès de plus en plus restreint aux titres de séjour et à leur renouvellement, une obsession de l’enfermement des étrangers et de leur renvoi, regrette Stéphanie Pichon. Tout est dématérialisé. Les étrangers ne sont plus reçus en Préfecture. Il n’y a plus de service public d’accueil même pour les personnes qui ont des papiers et qui cherchent à les renouveler. »

L'AUTEUR
Simon Barthélémy
Simon Barthélémy
Journaliste, cofondateur de Rue89 Bordeaux

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