« Un jour, j’ai dû gérer deux secteurs en même temps, soit 16 enfants », témoigne Olga. Aide-soignante, elle travaille en réanimation pédiatrique depuis 14 ans à l’hôpital Pellegrin. À l’instar de 90% des agents de son service, elle est en grève depuis le 26 décembre dernier. Tous assurent néanmoins la continuité des soins, comme il se doit.
À l’origine du mouvement social, le syndicat Sud Santé sociaux craint une « prise en charge des patients moins sécuritaire » face à l’épuisement et aux conditions de travail dégradées du personnel.
Créations de postes
Le nouveau service de réanimation pédiatrique, situé au troisième étage de l’hôpital des enfants, a été inauguré en mars 2022. Si le nombre de lits a été augmenté (32 contre 21 auparavant), l’effectif de soignants est à la peine, affirme Gilbert Mouden, délégué syndical Sud Santé Sociaux :
« Les lits en service de réanimation sont toujours occupés. La direction affirme que les ratios de personnels sont respectés. Mais à chaque fois qu’il y a un transport de patient ou une urgence, c’est un agent qui doit se détacher des soins. »
Le syndicat réclame l’embauche d’une infirmière diplômée d’État, d’une secrétaire d’accueil, d’une puéricultrice et d’auxiliaires puéricultrices. Dans un service où les prises en charge peuvent s’avérer complexes et sensibles (inquiétudes des parents, anxiété des enfants), Sud Santé Sociaux demande que le temps de formation de 8 semaines pour les nouveaux agents soit respecté.
« On court partout »
Face à une épidémie de bronchiolite précoce, l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine et le CHU de Bordeaux avait déclenché le plan blanc à l’hôpital des enfants le 25 octobre 2022. Le service des urgences a dû accueillir près de 170 enfants par jour, au pic de l’épidémie en novembre, dont certains nécessitaient une prise en charge en réanimation.
Malgré la baisse de l’épidémie, les heures s’enchaînent. Pour un salaire de 1 800 euros net par mois, Olga dit tenir par « conscience professionnelle » :
« En arrivant dans les nouveaux locaux, nous n’avions plus personne à l’accueil. En plus des soins, nous devons gérer l’administratif et ce n’est pas tenable. Nous avons une dizaine d’entrées et de sorties par jour. On court partout avec ces problèmes de planning. Heureusement, les parents sont compréhensifs et sont au fait de la situation de l’hôpital public. »
Une délégation doit être reçue par la direction du CHU de Bordeaux ce jeudi 12 janvier pour une réunion de négociations dans l’après-midi.
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