Jean-Michel Becognee est rentré dimanche 12 février après une mission en Turquie. Deux séismes sont survenus à la frontière entre la Syrie et la Turquie, frappant les deux pays, le 6 février 2023. Le premier a eu lieu à 04h17 à proximité des villes de Gaziantep et Kahramanmaras en Turquie. D’une durée d’environ deux minutes, il a atteint une magnitude de 7,8. Le second, d’une magnitude de 7,5, a eu lieu à environ 95 km au nord-ouest du premier séisme, au sud d’Ekinözü, toujours en Turquie, à 14 h 24.
« La lenteur des autorités dans la gestion de la catastrophe est très critiquée en Turquie, témoigne Jean-Michel Becognee. Sur les réseaux sociaux, de nombreux rescapés dénoncent les lacunes et les absences des secours, se disant abandonnés dans le froid, sans eau ni électricité. […] La police turque arrête en deux jours une douzaine de personnes pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant la manière dont le gouvernement gère la catastrophe. »
Récupérer les corps et faire le deuil
Ce qu’on reproche au gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan est « de ne pas avoir réussi, en vingt ans de pouvoir, à préparer le pays à une catastrophe prévisible », poursuit le Bordelais. Sapeur-pompier volontaire, il est rapidement mobilisé avec une association varoise Ulis (unité légère d’intervention et de secours) avec sept pompiers, quatre chiens et du matériel d’écoute, prêts à partir.
« Nous n’avons pu entrer en Turquie que 36 heures après le tremblement de terre. Quand on sait que, en attendant, les chances de trouver des survivants s’amenuisent. On est arrivé dans des conditions très compliquées. On a découvert une situation très dure et très chaotique. Sur place, c’est le bazar, la désorganisation est totale et le tremblement de terre est d’une ampleur absolument phénoménale. »
Iskenderun, Arsuz… en six jours, l’équipe de volontaires n’a rencontré que désespoir et désolation, angoisses et pleurs. Certains villages turcs attendaient depuis plus de 34 heures les secours. Des survivants dormaient devant les ruines avec des températures glaciales dans l’espoir de retrouver des membres de la famille vivants sous les décombres. « Il y en a qui attendaient aussi pour récupérer les corps, parce que c’est important dans la religion musulmane pour faire le deuil », raconte Jean-François Becognee.
« Nous avons extrait des corps mais aussi deux survivants. Une femme, qui était coincée dans sa chambre d’hôtel nous avait affirmé que quelqu’un se trouvait dans la chambre d’à côté. Nous avons continué à déblayer, mais finalement personne. C’est un phénomène connu : la personne s’est inventée une compagnie avec qui elle a parlé en attendant les secours, au point qu’elle est persuadée que cette personne a existé. »
Collecte du Secours populaire
« Tout le monde s’attend à plus de 50000 morts » affirme Jean-François Becognee. Face au bilan humain qui ne cesse de s’alourdir, le Secours populaire Gironde lance un appel aux dons financiers et à la solidarité pour venir en aide aux populations touchées. Il organise une collecte financière sur le parvis de la salle de spectacle Arkea Arena de Floirac ce samedi 18 février 2023 à partir de 15h.
« Kit de survie, matériel médical, soutien logistique, aide alimentaire, etc. les besoins sont immenses », écrit l’organisation dans son appel. Une aide de 100 000 euros a rapidement été envoyée par la structure nationale et l’antenne girondine a débloqué aussi une aide de 2 000 euros via son fonds d’urgence.
D’autres initiatives de collectes seront prévues dans les prochaines semaines pour répondre à l’urgence humanitaire. Une librairie solidaire se tiendra le samedi 4 mars 2023 à Bordeaux centre pour collecter les dons financiers.
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