Désorientés. Devant la mairie de Bègles, ce vendredi 3 février en début d’après-midi, Adam* et les autres ne savent pas où aller. Il vivait au « Faubourg », rue des Quatre-Castéra à Bègles, depuis 4 mois. Comme la plupart des hommes isolés du squat, il travaille comme livreur à vélo. Sans titre de séjour valable, il est sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Ce soir, Adam dormira « sûrement » à la rue, comme la cinquantaine de personnes qui occupaient ce bâtiment selon les associations. Les forces de l’ordre sont intervenues à 6h, ce matin, pour déloger 22 personnes présentes sur les lieux. L’immeuble était occupé depuis au moins 2019. Bordeaux Métropole, propriétaire du lieu, indique à Rue89 Bordeaux qu’un « projet agro-écologique » y est prévu, sans plus de précisions.
Trois nuits d’hôtel à Créon
La décision a pris de court les deux associations Les Enfants de Coluche et Alimentation Solidaire 33. Depuis deux ans, elles y installaient un point de distribution alimentaire une fois par semaine pour 250 bénéficiaires. Suite à l’expulsion, la distribution a été redéployée symboliquement ce vendredi devant la mairie de Bègles.
Adrien, membre de l’une des associations, dénonce une expulsion réalisée sans diagnostic social :
« C’est un bâtiment qui est expulsable depuis 2019, mais l’expulsion avait été suspendue par la Métropole car il n’y avait pas d’urgence. Les habitants n’ont pas été prévenus de l’expulsion de ce matin. Pourquoi expulser en plein hiver alors que le lieu est occupé depuis plusieurs années ? Il y a des familles dont les enfants sont scolarisés ici. On leur a proposé trois nuits d’hôtel à Créon. Rien pour les personnes isolées. »
C’est le cas de Nino*, 40 ans, exilé de Géorgie avec sa femme et ses deux enfants. Sa mère, qui a des problèmes de santé, suit un traitement sous dialyse.
« J’ai un enfant scolarisé à Joliot-Curie et un autre à Pablo-Neruda, on ne peut pas tout lâcher pour une fausse solution d’hébergement », déplore t-il.
Hébergement solidaire
A Rue89 Bordeaux, la préfecture indique qu’un « recensement a été effectué en octobre 2022 par la police », soulignant avoir « étudié les situations administratives afin de prévoir les prises en charges adaptées ».
La préfecture confirme également que Bordeaux Métropole a suspendu une demande d’évacuation de juin 2021 à juin 2022. Cette suspension faisant suite à une « ordonnance notifiée aux occupants le 26 septembre 2019 ».
Sur les réseaux sociaux, l’association Les Enfants de Coluche a lancé un appel à l’hébergement solidaire pour deux familles expulsées.
* Les prénoms ont été modifiés
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