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Dossier #41 : Les gourous du bien-être à Bordeaux

La moitié des dossiers traités chaque année par Info-sectes Nouvelle-Aquitaine concerne la santé et le développement personnel. Alors que les premières assises des dérives sectaires s’ouvrent ce jeudi 9 mars, Rue89 Bordeaux a enquêté sur des phénomènes bien implantés en Gironde.

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Dossier #41 : Les gourous du bien-être à Bordeaux

Les premières assises des dérives sectaires et du complotisme se tiennent du 9 au 10 mars afin de sensibiliser l’opinion publique, favoriser les signalements, et élaborer un plan d’action pluriannuel contre ce phénomène, en plein essor.

Dans son rapport annuel d’activités, paru en novembre 2022, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a enregistré 4020 signalements en France en 2021, ce qui représente un record – c’est 33,6% de plus que l’année précédente, et presque deux fois plus qu’en 2015.

La Miviludes estime en effet que « la crise sanitaire a constitué un terreau fertile pour ces mouvements : marquée par plusieurs confinements et des situations économiques et sociales difficiles, cette période a favorisé l’émergence de discours exploitant l’isolement ».

« La Covid a boosté le phénomène »

Ainsi, sur les signalements qui lui sont parvenus, environ 20% concernaient le champ de la santé, soit 744 dossiers dont 70 % relèvent de pratiques non conventionnelles de soin (PNCS). C’est le domaine qui occasionne le plus de saisines, largement devant les mouvances chrétiennes (293 dossiers).

Selon le ministère de la Santé, joint par Rue89 Bordeaux, l’usage de ces « thérapies » est en forte hausse depuis une quinzaine d’années et s’est accéléré avec l’épidémie de Covid-19, pour cause de « désertification médicale par exemple, de remise en cause de la médecine conventionnelle et d’essor des théories complotistes ».

Président d’Info-sectes Nouvelle-Aquitaine, Jean-Louis Amelineau le confirme : « La Covid a boosté un phénomène déjà existant ». Tous les ans, cette association traite une soixantaine de dossiers, dont la moitié concerne la santé et le bien-être (médecine complémentaire, bien-être, développement personnel).

Sans décoder

Parmi ces pratiques thérapeutiques, la « médecine nouvelle germanique » semble reprendre du poil de la bête. Popularisée par Ryke Geerd Hamer, un guérisseur condamné à de la prison ferme en Allemagne et en France pour escroquerie et exercice illégal de la médecine, cette méthode considère que « tout cancer et plus généralement toute maladie résulte d’un choc psychologique intense et d’un conflit intérieur non résolu ».

Il a ainsi poussé des patients à abandonner leur traitement, avec des conséquences parfois dramatiques. Un phénomène dénoncé dans le dernier rapport de la Miviludes par l’oncologue Jacques Robert, professeur émérite de cancérologie à l’Université de Bordeaux, dont nous vous proposons de lire la contribution dans ce dossier.

Le « décodage biologique » est une des variantes de cette « nouvelle médecine germanique ». Et le rapport de la Miviludes relève que Bordeaux est 5e des 10 grandes villes de France pour le nombre de praticiens en décodage biologique (11, contre 23 à Paris et 19 à Lyon)….

De quoi s’agit-il exactement ? Pour le comprendre, Alice Gapail est allée à la rencontre de ces personnes qui se revendiquent du décodage biologique, tout en affirmant se démarquer des dérives de Ryke Geerd Hamer et d’autres gourous.

Immersion dans la Nouvelle-Acropole

La Miviludes dénonce également la marchandisation de l’épanouissement personnel, dont témoigne l’essor du développement personnel. C’est le thème ayant donné lieu au plus grand nombre de saisines (173) de la Miviludes en 2021, après la santé et les sectes chrétiennes.

« Certaines personnalités ayant une notoriété dans le milieu de la santé alternative proposent des soins individualisés pour répondre à la demande grandissante d’une quête existentielle, relevait en la mission interministérielle. En apparence, l’offre vise l’ouverture spirituelle des patients. Néanmoins, ces soins aux prix exorbitants (40 à 100000 euros pour un coaching individualisé sur deux ans) tendent à enrichir les soi-disant coachs et à créer des relations d’assujettissement vis-à-vis de leur clientèle. »

Parmi ces structures proposant une telle démarche spirituelle, La Nouvelle Acropole est dans le collimateur de la Miviludes. Début 2021, un de ses documents décrit en ces termes cette association, qui dispose d’une douzaine de centres en France, dont un à Bordeaux :

« D’inspiration philosophique “classique”, elle assure des enseignements sur des thématiques citoyennes, écologiques, sociales et de sécurité civile. Néanmoins, une prise en charge exigeante se met progressivement en place autour des étudiants et conduit vers une idéologie d’extrême droite, à l’opposé de la démocratie. »

Après avoir été suspectée de promouvoir « des idées racistes proches du néo-nazisme », La Nouvelle Acropole est aujourd’hui « accusée de prosélytisme ayant une emprise mentale importante sur ses membres, avec des dérives autoritaires ». Pour la deuxième enquête de ce dossier, à paraître vendredi, Julie Malfoy a rencontré d’anciens adeptes de l’association, qui en décryptent les rouages, et a fait réagir le président de celle-ci au regard de leurs témoignages.


#décodage biologique

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