« Il y a encore du chemin a faire », reconnaît Etienne Guyot, préfet de la Région Nouvelle-Aquitaine lors de la présentation d’une étude de l’Insee sur la place des femmes dans les fonctions de décision, dans le secteur privé, la fonction publique et les mandats électifs.
Malgré la mise en place d’obligations, comme celle de tendre vers l’égalité salariale dans les entreprises, les inégalités professionnelles restent en effet criantes, selon cette enquête de l’institut national d’études statistiques, révélée à l’avant veille du 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Un dirigeant d’entreprise sur 5 est une femme
Sur les 336000 personnes occupant des fonctions de décision en Nouvelle-Aquitaine, 128000 sont des femmes, avec de grands écarts selon les postes occupés, dans le public comme dans le privé.
Si 46% des dirigeants non salariés et 43% des micro-entrepreneurs sont des femmes (au nombre de 55000 dans la région), celles-ci ne représentent plus que 27% des gérants majoritaires d’entreprises (non salariés). Elles n’occupent que 20% des emplois de dirigeants et de cadres salariés, soit respectivement 4000 et 700 responsables femmes.
Les salariées sont (un peu) mieux loties dans la fonction publique, mais sur des effectifs moindres : 42% des 800 dirigeants sont des femmes, qui sont uniquement majoritaires (52%) aux postes de direction dans la fonction publique hospitalière.
Les élus pas exemplaires
Les élus de Nouvelle-Aquitaine ne donnent pas encore l’exemple, avec notamment 12 sénatrices (sur 30), 17 députées (sur 49). 22% seulement des 4300 communes de Nouvelle-Aquitaine sont dirigées par une maire. Les femmes occupent 35% des mandats de première adjointe et 45% de conseillère municipale.
« On est loin de la parité, observe Géraldine Labarthe, de l’Insee Nouvelle-Aquitaine. La loi qui contraint à l’alternance homme/femme sur les listes de candidats aux élections municipales ne s’applique que dans les communes de plus de 1000 habitants. Or les 3/4 des communes de la région sont moins peuplées et ne sont pas soumises à cette règle. »
La parité est en revanche à peu près atteinte dans les conseils départementaux et régionaux, où s’impose la stricte alternance sur les listes, ainsi que les binômes de conseillers départementaux.
Jusqu’à 32000€ par an en moins
Cette inégalité dans l’affectation des postes de décision se double d’écarts importants de revenus, à responsabilités égales. Sur une année, les dirigeantes d’entreprises non salariées gagnent 25% de moins que les hommes, soit 7400€ de moins.
Cet écart s’élève à 29% au détriment des dirigeantes et cadres salariées, respectivement payées 11700€ et 26300€ de moins par an que les hommes (les cadres dirigeants gagnant environ 90000€ par an). La différence est encore plus prononcée en fin de carrière pour les cadres, de 31% (soit 32000€ de moins).
Dans la fonction publique l’écart n’est « que » de 12% (soit 9500 euros de différence). Sauf pour les directrices de la fonction publique territoriale, rémunérées 20% de moins que les hommes en Nouvelle-Aquitaine, « soit 5 points de plus qu’en moyenne de France de province » (les autres régions hors Île -de-France), souligne l’Insee.
« Au contraire, les directrices d’hôpitaux sont autant rémunérées que leurs homologues masculins, alors qu’elles le sont moins en moyenne dans la France de province. »
« Les entreprises davantage pénalisées en Nouvelle-Aquitaine
Des amendes sont infligées aux structures qui ne respectent pas l’égalité salariale, ou aux entreprises qui n’ont pas rendu public leur index de l’égalité professionnelle. Cela avait concerné 32 entreprises l’an dernier en France.
« En Nouvelle-Aquitaine, les entreprises sont pénalisées un peu plus que dans les autres régions mais sans doute pas assez, estime Sandra Lapeyrade, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité en Nouvelle-Aquitaine. Les pénalités ont surtout visé des entreprises qui ne publient pas leur indicateur. J’ai vu des amendes, calculées sur le chiffre d’affaires, pouvant représenter jusqu’à 20000 euros par mois jusqu’à ce que l’entreprise régularise sa situation et publie son index. »
Les services de l’État planchent par ailleurs sur d’autres axes en faveur de l’égalité femmes/hommes, grande cause du quinquennat : la mixité professionnelle, pour éviter que certains métiers, comme l’informatique, ne soit de plus en plus désertés par les femmes, et l’aide à l’entreprenariat féminin, afin de soutenir les femmes souhaitant créer ou reprendre des entreprises.
« Pour atteindre la parité dans la région, il faudrait 80000 femmes supplémentaires à des postes de décision, dont 68000 dirigeantes non salariées, d’entreprises individuelles ou de micro-entreprises, ou encore gérantes majoritaires de société », indique l’Insee.
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