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Réforme des retraites : après le 49.3, manif sauvage et intersyndicale galvanisée à Bordeaux

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés ce jeudi à 17h devant la permanence du député de la majorité présidentielle, Thomas Cazenave, avant de partir en manifestation spontanée. Reçus par des attachés parlementaires, les syndicats ont fait part de leur mécontentement suite à l’utilisation de l’article 49.3 par le gouvernement et ont promis « une intensification de la mobilisation » dans les jours à venir. La zone de fret de Bruges a notamment été bloquée ce jour.

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Réforme des retraites : après le 49.3, manif sauvage et intersyndicale galvanisée à Bordeaux

Aux alentours de 17 heures, syndicats et manifestants se sont réunis place Tourny, avant de se rendre à la permanence du député Renaissance Thomas Cazenave, pour protester contre l’utilisation de l’article 49.3 à l’Assemblée nationale. Cette disposition permet de faire adopter sans vote le projet de loi sur la réforme des retraites, à moins qu’une motion de censure ne renverse le gouvernement.

« Une honte » pour Frank Masal, professeur de mathématiques au lycée Gustave Eiffel, qui associe ce geste à « une forme de dictature ». 

« Avec tout ce qu’il s’est passé ces deux derniers mois, ils continuent de nier nos revendications. Ce 49.3 montre tout simplement que cette réforme est impopulaire et qu’elle n’a pas la majorité. Ça va nous pousser à poursuivre la mobilisation », dit-il fermement. 

Intensifier la lutte

L’avis est partagé par Florian Ferret, étudiant en sociologie et membre de l’Unef. Réuni plus tôt dans l’après-midi avec les autres organisations de l’intersyndicale départementale, il a constaté une véritable cristallisation de la colère à l’annonce de l’utilisation du 49.3. 

« Je crois que ça a complètement renforcé notre volonté d’action. Si la procédure avait été plus démocratique, je pense que certains se seraient posé la question de continuer la mobilisation. Là, ça ne fait pas de doute, on va intensifier la lutte », affirme-t-il. 

Donnant l’exemple de l’université Bordeaux Montaigne, bloquée depuis hier, il affirme qu’une reconduction du blocage a été votée ce matin, ainsi que sa transformation en occupation. Le but : investir les lieux pour l’utiliser différemment, en organisant des espaces d’échange et des cours alternatifs. 

Ce vendredi, c’est la zone de fret de Bruges, où transitent les poids lourds, qui a été bloquée par les opposants à la réforme, tôt le matin et jusqu’à 15h. La centrale nucléaire du Blayais continue pour sa part à tourner au ralenti. Des coupures de courant ciblées, visant notamment l’aéroport de Bordeaux-Mérignac se sont également produites.

Manifestant place Tourny Photo : AG/Rue89 Bordeaux

Démocratie en danger

Vers 18 h, le cortège se met en route, direction la Rue Hustin, adresse de la permanence du député de la majorité. En tête, le secrétaire départemental de la CGT, Stéphane Obé. « Combatif et déterminé », il souhaite faire passer « un simple message » : 

« On veut faire entendre au gouvernement qu’il est le serviteur du peuple et non l’inverse. Avec ce passage en force, il ouvre un boulevard à l’extrême droite. Dans ce cas, la démocratie sera véritablement en danger », prévient-il. 

En l’absence du député Thomas Cazenave, actuellement à l’Assemblée nationale, les syndicats sont reçus par ses attachés parlementaires. 

Compteur remis à zéro

Devant la permanence du député, les camions de la Police Nationale bloquent le passage. Face à eux, les manifestants allument des fumigènes et installent quelques poubelles en barrage. Rapidement, les chants reprennent, appelant à la grève et à la manifestation sauvage. Afin d’appuyer leur colère, des manifestants déposent une vingtaine de compteurs linky, aux pieds des policiers impassibles. 

Jacques Rimbault, ouvrier à la retraite, chante avec les autres. Armé de son panneau « 49.3 raisons de lutter », il veut se battre « jusqu’au bout », contre cette réforme qu’il trouve injuste.

« Demander à être reçu fait partie du processus. Généralement ils nous accueillent, mais n’écoutent pas. Ce qui compte vraiment se joue dans la rue, comme maintenant. Il faut mettre la pression par le nombre », explique-t-il.

Les compteurs linky déversés aux pieds des policiers par les manifestants Photo : AG/Rue89 Bordeaux

« Ni satisfaite, ni surprise »

Une vingtaine de minutes plus tard, les syndicats réapparaissent. Laurence, co-secrétaire FSU, présente à la rencontre, n’est « ni satisfaite, ni surprise » face au discours « plat » tenu par les attachés parlementaires. Malgré le fait d’avoir été reçue « sur le pas de la porte », elle se réjouit d’avoir eu l’occasion d’exprimer ses doléances. 

« Nous avons fait remonter notre détermination de durcir le mouvement face à la négation de notre démocratie. Eux ont complètement relativisé l’idée d’un passage en force, en nous répondant qu’il existait toujours le recours à la motion de censure », explique-t-elle, lassée. 

La manif spontanée arrive à Gambetta Photo : SB/Rue89 Bordeaux

En fin d’après-midi, une nouvelle journée de grève a été annoncée par l’intersyndicale nationale pour le 23 mars prochain. D’ici là, des actions sont annoncées pour les jours qui viennent, à partir de vendredi. Les mouvements de grève et de blocage vont se poursuivre.

Les manifestants à Bordeaux sont en tous cas déterminés : le rassemblement s’est transformé en manifestation spontanée, avec un millier de personnes marchant de la place Tourny jusqu’à la Victoire, avant que le cortège se disperse vers 20h30 rue Sainte-Catherine. Aucun incident n’est à déplorer, à part quelques poubelles renversées pour perturber la circulation des voitures et des trams.

Au croisement de la rue Sainte-Catherine et le cours Alsace-et-Lorraine, les poubelles renversées sur les voies du tram Photo : WS/Rue89 Bordeaux


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