Enquêtes et actualités gavé locales

Pour les 10 ans de votre média : objectif 2000 abonné⋅es

30/04/2024 date de fin
732 abonné⋅es sur 2 000
Pour ses 10 ans, Rue89 Bordeaux propose un abonnement à 10€/an et vise les 2000 abonné.es

Avec l’exposition « Sedimental », Pierre Labat met la Fabrique Pola sous l’eau

Jusqu’au 28 mai, Bordeaux reçoit le quatrième et dernier volet de l’exposition ayant pour thématique la montée des eaux et le réchauffement climatique. A la Fabrique Pola, « Sedimental » invite le plasticien bordelais Pierre Labat qui signe la très poétique installation « Nada mas ».

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Avec l’exposition « Sedimental », Pierre Labat met la Fabrique Pola sous l’eau

Sur sa page des Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine – annuaire régional pour « documenter et accompagner le travail de création » –, Pierre Labat revendique clairement « le minimal » dans sa production artistique. Sensible à l’architecture et aux « espaces vides », il « passe du temps dans un lieu pour réfléchir à sa circulation, pour voir comment les visiteurs réagissent, par où ils entrent, où est-ce qu’ils vont, où est ce qu’ils s’arrêtent ».

On retrouve aisément cette réflexion dans son installation « Nada mas », qui accompagne l’exposition « Sedimental, art et géologie du futur », à la Fabrique Pola jusqu’au 28 mai. Dans l’immense espace du Polarium, un chemin « promenoir » est balisé par des lignes de sel. Le long de celles-ci, le spectateur découvre des éléments familiers de son milieu naturel ambiant (plantes, branches, cailloux…) élevés sur des socles de différentes hauteurs.

L’artiste bordelais est invité pour le quatrième et dernier volet d’un projet culturel itinérant entre Hendaye, Pamplune, Biarritz et Bordeaux. Celui-ci, mené par François Loustau (La Maison à Bayonne) et Marie-Anne Chambost (Pointdefuite à Bordeaux), veut sensibiliser le public au changement climatique.

Laisse de mer

Avec le réchauffement planétaire et la montée des eaux, que devient notre rapport à l’environnement et quel regard allons nous poser sur les éléments restants de la terre ferme ?

« Une des idées principales est que le visiteur ait le moins de place possible pour circuler, explique Pierre Labat. La réduction de l’espace est irrémédiable avec la montée des eaux. Le sel représente ici la laisse de mer et les objets évoquent, dans une disposition muséographique, ce qui deviendra rare, comme la végétation ou la nourriture. Pour dire au spectateur que ces objets du quotidien ont des qualités esthétiques qu’il faut redécouvrir. »

« Nada mas » de Pierre Labat à La Fabrique Pola Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Contrairement au chaos possible des flots et des vagues submersibles, la laisse de mer est ici évoquée dans une géométrie impeccable, aussi parfait qu’un jardin versaillais. Pierre Labat reprend « un motif » à la fois subliminal et énigmatique, « celui de la place Saint-Marc à Venise », exemple contemporain d’une montée des eaux sur un sol régulièrement envahi par les foules.

« On retrouve dans cette installation les contraintes des passerelles qu’on installe à Venise pour permettre aux piétons de circuler. Les couloirs font un mètre et obligent les visiteurs à faire attention. C’est aussi une contrainte pour l’équipe du Polarium de remettre les traits de sel chaque jour en état, ce que fait déjà l’Homme pour lutter contre l’érosion. »

Roche

« Sedimental » est un projet des Nouveaux Commanditaires, du programme de la Fondation de France, impliquant des citoyens de la zone transfrontalière à Hendaye. Dans ce cadre, les architectes Benjamin Lafore et Sébastien Barat-Martinez de MBL architectes ont confectionné des structures, expliquées dans l’exposition, pour empêcher l’érosion côtière grâce à un matériau nouveau, le Géocorail®, obtenu par l’agrégation de sédiments sur des grilles immergées.

Avant Bordeaux, l’exposition a été présentée à Hendaye en février 2021, à Pampelune en octobre 2021, à Biarritz en février 2022. Elle a été complétée par des propositions artistiques de Yanaïta Araguas, Antoine Bellanger, Sandra Cuesta, Dani Sánchez, Fermin Alvira et Jaime Eguaras, Rebecca Digne, et Pierre Labat dans son étape bordelaise.

Dans chaque ville, une roche des abords de l’exposition est ajoutée à la présentation. La première provient du Flysch gréseux des falaises d’Hendaye, la seconde a été ramassée par des jeunes accompagnés par l’Asociación Navarra Nuevo Futuro dans une rivière près de Pamplune, la troisième vient de Biarritz. A Bordeaux, c’est dans la Garonne qu’une pierre a été prélevée par l’artiste invité.

« Géologie du futur » : une table ronde se tient le vendredi 12 mai à 18h à La Fabrique Pola sur les changements climatiques (avec Nathalie Madrid du Conservatoire du littoral, William Caudron du Parc régional des Landes, et les artistes Pierre Labat, Christophe Doucet, et Béatrice Darmagnac). Entrée libre.


#Art

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options