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Nous avons croisé JoFo qui nous a fait faire « 35 tours » avec Toto

Jean-François Duplantier, père de Toto, expose à l’Institut Culturel Bernard Magrez 35 ans de son travail. Les œuvres représentant toutes les époques font de cet ensemble une vraie rétrospective que l’artiste bordelais a intitulé « 35 Tours », clin d’œil à sa passion pour la musique, et en particulier le rock.

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Nous avons croisé JoFo qui nous a fait faire « 35 tours » avec Toto

A vélo, avec son chien dans le panier, JoFo remonte la rue de Tivoli tout sourire sous un soleil printanier. A le voir arriver, une phrase de l’auteur et journaliste Éric Fottorino vient à l’esprit : « Le vélo est un jeu d’enfant qui dure longtemps » (Petit éloge de la bicyclette, 2013). Ici, c’est plus que jamais vrai tant le peintre bordelais revendique son attachement à l’enfance.

En témoigne Toto ! La naissance de cette figure, qui est devenue la mascotte du peintre, remonte à la retrouvaille d’un dessin réalisé à l’âge de 5 ans par le jeune JoFo. Celui-ci représente un Père Noël au trait minimaliste qui, par la rondeur de ses formes, définira le style enfantin et familier de l’artiste.

JoFo comme J.F.

L’histoire remonte à 1990. A l’époque, le peintre et illustrateur signait de son vrai nom, Jean-François Duplantier, alors sur le point de décrocher son diplôme d’architecture. Jean-François devenant J.F., les points en cercle devant les initiales offrent la signature définitive : JoFo.

C’est un « regard dans le rétro » que propose l’exposition à l’Institut Culturel Bernard Magrez et celle-ci démarre fin des années 1980. Elle retrace 35 ans des travaux de JoFo, d’où son titre « 35 tours ».

« Ça fait longtemps que j’avais envie de faire ça et de montrer mes premières peintures sur carton jamais exposées. Quand j’ai reçu fin 2022 la proposition d’une exposition personnelle, ça me laissait juste quatre mois de préparation mais j’ai relevé le défi », rapporte Jean-François Duplantier.

A 61 ans, le Bordelais originaire de Dax avait envie « de se poser et de regarder son travail avec du recul ». Dans cet esprit, l’organisation du parcours de l’exposition suit un déroulé chronologique et autobiographique. En guise d’épilogue, deux grands panneaux flanqués de cocarde en référence à la culture londonienne des années 1950, celle des Mods, entourent l’entrée avec deux slogans critiques d’une modernité qui pousse à la consommation.

La cocarde revient tout au long de l’exposition et fait référence à la culture londonienne des Mods Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Insouciance et consommation

Dans la première salle, un immense album photo accueille le visiteur avec un patchwork d’images et d’imageries du quotidien de JoFo. La couleur est annoncée : l’exposition est un livre ouvert sur la vie de l’artiste qui a toujours affectionné les thématiques intimes (amour, naissance d’un enfant, séparation, souvenirs familiaux…).

Les salles suivantes se feuillètent comme les pages des chapitres de sa vie. On découvre l’avant et l’après Toto.

« Il a été le chaînon manquant pour moi entre l’architecture et l’art. Pour mon diplôme d’architecture, j’ai présenté la maison de Oui-Oui et son architecte Toto. Et j’ai vite compris que dans l’architecture, je n’aurai pas assez de liberté et j’ai vite choisi l’art », confie JoFo.

Jean-François Duplantier s’est tracé en toute liberté un parcours professionnel fait de commandes publicitaires ou décoratives et de créations personnelles. Il franchit en 1993 le pas de proposer ses œuvres dans le catalogue d’un supermarché bordelais. « L’art est un produit de consommation » affirme-t-il sans complexe, avant de répondre à une commande en 1995 : installer au cœur du Forum des Halles à Paris un énorme « Cylindre à Toto » de 200 m², fait avec 200 panneaux sérigraphiés. « L’œuvre devait rester 4 mois, elle est restée 17 ans ! »

Un modèle réduit est exposé à l’Institut Bernard Magrez. Il est l’illustration parmi d’autres de « cette période d’insouciance » qui occupe tout le rez-de-chaussée.

« J’ai vécu une période où la vie avait l’air simple et facile, faite que de bons moments. Je les ai exprimés sur des toiles, que ce soit pour l’annonce d’une grossesse ou pour la naissance de mes enfants… Jusqu’à réaliser que le monde va mal. »

Deux périodes de la vie de JoFo occupent les deux étages de l’Institut Magrez, une période sur l’insouciance et une période sur « le monde qui va mal » Photo : WS/Rue89 Bordeaux

140 œuvres

A l’étage, le ton change. Toto, héros d’un monde enfantin et d’une vision heureuse, se mue en plusieurs personnages, tantôt guerriers, tantôt révolutionnaires.

« Cette période a été difficile à tout point de vue. L’attentat du 11-septembre et la guerre du Golfe ont rendu le monde inquiétant et m’ont fait comprendre que tout n’allait pas si bien que ça », glisse JoFo.

Les œuvres illustrent la cruauté des événements, les couleurs deviennent acides, les slogans rebelles. Le trait noir et épais se durcit. Les émeutes dans les banlieues, les gilets jaunes, la crise Covid, et plus récemment la guerre en Ukraine, envahissent cette seconde période où une séparation amoureuse est également venue noircir le tableau.

A côté des toiles grand format, des objets et sculptures complètent les séries d’œuvres groupées par sujet. Au milieu de la pièce principale, une sculpture d’un couple est la seule œuvre créée spécialement pour l’exposition.

« 35 Tours » montre ainsi 140 œuvres avec un accrochage que l’artiste a lui-même conçu. Si elle témoigne de l’évolution du style et aussi des sujets de JoFo, elle résonne avec une autre passion de l’artiste : le rock. Après Les Cons, groupe de l’époque de ses premières œuvres, JoFo est revenu sur la scène musicale en 2005 avec Les Snoc. Nom que porte aussi son chien.


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