Enquêtes et actualités gavé locales


Entre garde à vue et soins psychiatriques pour l’agresseur d’une septuagénaire et de sa petite-fille à Bordeaux

L’agression à son domicile d’une Bordelaise et la tentative de kidnapping de sa petite-fille provoquent l’indignation générale. L’auteur des faits, un natif de Bordeaux sous tutelle et qui serait en rupture de soins psychiatriques, a été interpellé dès lundi et placé en garde à vue avant d’être transféré ce mardi à l’hôpital psychiatrique Charles-Perrens. Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic dénonce les « actions de récupération politique », notamment par l’extrême droite, et le député de Gironde Thomas Cazenave « les amalgames nauséabonds et les réactions teintées de racisme et de xénophobie ».

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Entre garde à vue et soins psychiatriques pour l’agresseur d’une septuagénaire et de sa petite-fille à Bordeaux

Les faits se sont déroulés vers 17h30 lundi 19 mars, cours de la Martinique à Bordeaux. Une dame de 73 ans a été agressée par un homme qui a tenté de s’introduire chez elle, puis d’enlever sa petite-fille de 7 ans. Il se serait enfui chassé par les aboiements du chien de la maisonnée, précise le parquet dans un communiqué ce mardi.

Une heure plus tard, il était interpellé par la BAC grâce au signalement fourni par un témoin et les images du visiophone qui a enregistré la scène. Il a été placé en garde à vue « des chefs de violation de domicile, tentative d’enlèvement et de séquestration, violences sur personne vulnérable et mineure de 15 ans » a fait savoir dans un communiqué envoyé ce mardi matin Frédérique Porterie, procureur de la République.

Un homme déjà condamné 15 fois

L’agresseur, né à Bordeaux le 12 juillet 1993, nie à ce stade les faits selon la procureur.

« Placé sous tutelle, il indique être suivi au plan psychiatrique et être en rupture de traitement », ajoute-t-elle. « Le mis en cause est connu des services de police et de la justice », avec 15 condamnations à son casier judiciaire, principalement des infractions au code de la route ou à la législation sur les stupéfiants.

Plus tard dans la journée, « la garde à vue a été levée suite à une expertise ayant préconisé des soins psychiatriques sur décision du représentant de l’Etat, le maire de Bordeaux » précise un nouveau communiqué. Le mis en cause « présente des troubles du comportement majeurs en lien avec une pathologie psychotique et schizophrène. […] Il sera pris en charge médicalement par l’hôpital Charles-Perrens ». La garde à vue du mis en cause sera reprise « dès lors que son état de santé le permettra ».

Les victimes, quant à elles, « souffrent de contusions et d’abrasions », avec un certificat médical de 4 jours d’ITT pour la dame agressée. Le CAUVA doit réaliser pour elle et sa petite-fille une expertise, afin d’estimer, poursuit le parquet, les « conséquences psychologiques de cet acte d’une particulière violence comme en témoigne la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ».

« Réactions indignes »

Celle-ci a été abondamment relayée, notamment par des élus et sympathisants d’extrême droite pour associer délinquance et immigration. Précisons cependant que l’agresseur est né en France, de parents français.

Le maire de Bordeaux, a tenu ce mardi une conférence de presse pour « apporter aux victimes, à leur famille et à leurs proches tout le soutien de la Ville et toute notre empathie par rapport au drame qu’elles ont vécu ».

Pierre Hurmic s’est dit « comme tous les Bordelais extrêmement choqué par cette agression » et a remercié « les forces de l’ordre diligentes et les témoins qui ont permis l’interpellation d’un Bordelais de 29 ans ». Il a par ailleurs dénoncé « les récupérations politiques locales et nationales, idéologiques ».

« Je n’entends pas commenter des réactions qui non seulement sont indécentes mais sont indignes (…) ne comptez pas sur moi pour moi pour abonder dans cette chronique malsaine des spécialistes de la récupération politique. »

Boucs émissaires

Dans le viseur du maire écologiste, l’extrême droite, mais aussi la droite locale. Son prédécesseur Nicolas Florian (LR), estimait le matin sur BFM que « la sécurité se dégrade à Bordeaux », accusant Pierre Hurmic d’avoir mis deux ans à signer un contrat de sécurité intégrée avec l’Etat.

https://twitter.com/NicolasFlorian_/status/1671038295302713345

« Ces faits sont hélas des faits qui se déroulent dans toutes les grandes villes de France, et tous les maires sont particulièrement mobilisés, rétorque Pierre Hurmic, qui préside le Forum français pour la sécurité urbaine. Chacun s’accorde à dire que les réponses à apporter ne sont pas simples, elles ne le sont que pour ceux qui sont à la recherche du bouc émissaire. »

Dans un communiqué, le député (Renaissance) de Gironde Thomas Cazenave, a également « adressé sa pleine solidarité aux victimes », estimant qu’ « avec cette agression, ce sont tous les bordelais qui sont touchés. Chacun peut imaginer le choc de voir ses enfants, petits-enfants, parents ou grands-parents être agressés de la sorte ».

Le conseiller municipal et métropolitain a en outre tenu à « dénoncer fermement les amalgames nauséabonds et les réactions teintées de racisme et de xénophobie qui ont pu être diffusés sur les réseaux sociaux. Elles ne sont à la hauteur, ni du moment, ni des enjeux ».

Ne pas relayer la vidéo

Dans un communiqué transmis ce mardi par Maître Nadège Pain, avocate des victimes de cette agression, la famille s’est dite « indignée par la récupération politique qui est faite de ce fait divers ».

« Il est parfaitement indécent de se servir de ce fait divers pour évoquer une origine ethnique ou de justifier des réformes pénales ou migratoires », précise l’avocate.

Dans ce communiqué, la famille dénonce également « l’utilisation médiatique des images sans son accord explicite et sans le moindre respect pour l’identité des victimes ou leur vie privée ».

Par ailleurs, des élus comme la police nationale invitent à ne pas relayer la vidéo « par respect pour les victimes ». A noter que l‘article 222-33-3 du code pénal précise que « le fait de diffuser l’enregistrement de telles images est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende ».

Reste à savoir comment cet extrait d’une vidéo enregistrée par une caméra visiophone privée s’est retrouvé sur les réseaux sociaux. Interrogée par Rue89 Bordeaux, Maître Nadège Pain n’a pas souhaité répondre.


#faits divers

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options