C’est un décompte macabre, mais qui offre tout de même un certain soulagement en Gironde. Le ministère de l’Intérieur a publié ce samedi son bilan des violences conjugales. Si le département est toujours sur la liste des territoires touchés, on y dénombre deux victimes en 2022, contre six en 2021.
Ce sont une femme et un homme qui sont morts sous les coups de leur conjoint ou conjointe. En janvier 2022, une femme de plus de 80 ans a été tuée par balle à Pineuilh par son mari. En novembre de la même année, un guinéen de 25 ans a été tué par sa compagne de 35 ans à Bordeaux.
En 2021, les six morts violentes dans le couple concernaient deux hommes et quatre femmes. La Gironde faisait alors partie des deux départements français (avec le Nord) où l’on meurt le plus de violences conjugales. Le meurtre de Chahinez, brulée vive par son ex-mari à Mérignac, avait choqué et bouleversé le pays. Mais on se rappelle également de Stéphanie, défenestrée par son compagnon rue de la Rousselle, ou Sandra, tuée par son ex à coups de couteau à Bordeaux.
En 2023, on comptabilise déjà deux féminicides en Gironde. En février, une femme d’une cinquantaine d’années a été tuée par balle à Gujan-Mestras par son mari, qui s’est ensuite suicidé avec l’arme du crime. En mars, à Saint-Laurent-d’Arce, une femme de 54 ans a été tuée à l’arme blanche par son ex-compagnon de 62 ans, qui s’est lui aussi donné la mort ensuite par pendaison.
11 victimes en Nouvelle-Aquitaine
Dans ce bilan 2022, la Gironde est un des départements les plus concernés par les violences conjugales en Nouvelle-Aquitaine. Il est derrière la Dordogne (3 victimes) et à égalité avec la Charente-Maritime (2 victimes).
De son côté, la Nouvelle-Aquitaine fait partie des régions qui comptabilisent plus de 10 victimes : l’Île-de-France (19 victimes), le Grand Est (14 victimes), l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (13 victimes chacune), l’Auvergne-Rhône-Alpes, les Hauts-de-France et la Nouvelle-Aquitaine (11 victimes chacune). La région comptait 17 victimes en 2021.
Au total, la France compte 145 morts violentes recensées au sein du couple par les services de police et unités de gendarmerie contre 143 en 2021 (soit une augmentation de 1,40%). Comme les années précédentes, les femmes sont les principales victimes : 118 victimes en 2022 contre 122 en 2021 (soit une baisse de 3,28%). Elles représentent 81% des victimes du total.
Le profil type de l’homme violent n’a pas changé, souligne le bilan : il est le plus souvent en couple, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle.
Le sexisme persiste
En janvier 2023, un baromètre du Haut Conseil à l’égalité (HCE) entre les femmes et les hommes a révélé qu’un quart des hommes parmi les 25-34 ans estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Parmi les hommes de tous âges confondus, 40% trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants.
En ce qui concerne les femmes, 80% estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 37% disent avoir déjà subi des rapports sexuels non-consentis. « En dépit d’une sensibilité toujours plus grande aux inégalités depuis Me too, les clichés et les stéréotypes sexistes perdurent » souligne ce rapport. Il prévient d’un sexisme dit « ordinaire » qui « peut conduire aux manifestations les plus violentes ». Et conclut ainsi :
« L’effort doit non seulement porter sur la protection et la répression mais aussi sur la prévention en agissant sur les mentalités dès le plus jeune âge. Parmi les mesures clés, la régulation des contenus du secteur numérique pour lutter contre les stéréotypes, les représentations dégradantes et les scènes de violences désormais banalisées sur internet, en particulier dans les vidéos pornographiques. »
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