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« Piketty dégage » : mobilisation féministe contre la venue de l’économiste à Bordeaux

Thomas Piketty est attendu aux côtés de Julia Cagé à la Station Ausone le 26 octobre. Des associations et collectifs féministes appellent au boycott de l’événement alors que l’économiste a reconnu des faits de violences conjugales à l’encontre de son ex-compagne en 2009, Aurélie Filippetti.

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« Piketty dégage » : mobilisation féministe contre la venue de l’économiste à Bordeaux

L’événement affiche complet, mais la colère gronde. Dans la nuit de mardi à mercredi, des collages ont été réalisés sur les murs de la librairie Mollat : « Agresseurs dégagez de nos lieux de savoir », « Mollat promoteur des hommes violents », ou encore « Sciences Po Bordeaux et Mollat visibilisent un auteur de violences conjugales » accompagné du hashtag #BoycottPiketty. Une action faite conjointement par l’association de Sciences Po Bordeaux Sexprimons Nous et le collectif Collages féministes Bordeaux.

À l’occasion de la sortie de leur livre Une histoire du conflit politique : élections et inégalités sociales en France (1789-2022) aux éditions du Seuil, Julia Cagé et Thomas Piketty sont conviés à un « Grand oral Sciences Po » organisé à la station Ausone en partenariat avec Sud Ouest.

Huit jours d’ITT

En 2009, Aurélie Filippetti, ancienne ministre de la Culture, avait déposé plainte contre son compagnon de l’époque, Thomas Piketty, pour des faits de violences ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de moins de huit jours. L’économiste a reconnu les faits dans une lettre d’excuses et a écopé d’un rappel à la loi, tandis qu’Aurélie Filippetti retirait sa plainte.

En pleine vague #Metoo, lors d’une conférence donnée à l’IEP de Toulouse en 2019, Thomas Piketty, interrogé par une étudiante sur l’affaire, a ensuite accusé son ex-compagne d’être « une personne extrêmement violente vis-à-vis de ses filles ». Aurélie Filippetti a alors déposé plainte pour diffamation.

Déboutée par le tribunal judiciaire de Paris, elle a fait appel et Thomas Piketty a été condamné par la cour d’appel de Paris en mai 2022. Sa demande pourvoi en cassation rejetée, l’économiste a été définitivement condamné, le 13 septembre dernier, pour « diffamation publique » et a dû verser 3 000 euros à Aurélie Filippetti.

« Message intolérable d’indifférence »

Dans un communiqué en date du 30 septembre, des associations féministes* de Sciences Po Bordeaux s’opposaient à la venue de l’économiste, appelant Julia Cagé « à venir seule animer la rencontre » :

« Cette rencontre Sciences Po / Sud Ouest donne de la visibilité à un auteur de violences conjugales et participe ainsi à la banalisation de ces dernières. Sciences Po Bordeaux manque de considération et envoie un message intolérable d’indifférence aux victimes. »

Plus récemment, le 22 octobre, Sexprimons Nous regrettait la position de Sciences Po Bordeaux de ne pas se « désolidariser de la librairie Mollat », exprimant son « soutien inconditionnel à tous les victimes de VSS [violences sexistes et sexuelles, NDLR] » :

« Sciences Po Bordeaux prétend adopter une tolérance zéro face aux VSS mais soutient l’invitation d’un auteur de violences conjugales. De ce fait, l’IEP perpétue le sentiment d’impunité de Thomas Piketty et lui donne une nouvelle fois du pouvoir médiatique. Nous nous opposons à la tenue de cette conférence et appelons à son boycott. »

Contactés, ni Sciences Po Bordeaux ni la librairie Mollat, n’ont, à cette heure, répondu à nos sollicitations.

*Associations et collectifs signataires de l’appel au boycott : Sexprimons Nous, In.différences, Potenti’elles, C’est réglé, Les Médusé·e·s, SGRE


#violences sexuelles

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