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Les opposants explorent toutes les voies contre le centre de rétention des étrangers à Mérignac

Le collectif girondin Anti-CRA vient de demander dans une lettre ouverte au président de Bordeaux Métropole, Alain Anziani, de « reconsidérer » l’échange de terrains avec l’État permettant la construction d’un centre de rétention administrative de 140 places à Mérignac. Parallèlement, un recours est engagé auprès du tribunal administratif.

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Les opposants explorent toutes les voies contre le centre de rétention des étrangers à Mérignac
Rassemblement anti CRA en amont du conseil de Bordeaux Métropole, le 30 juin 2023

Ce lundi 18 décembre, le collectif girondin Anti-CRA* a adressé une lettre ouverte à Alain Anziani. Opposé au principe même des centres de rétention administrative, il enjoint le président de la Métropole de revenir sur sa décision d’échange de parcelle avec l’Etat.

Cette dernière ouvre la voie à la construction d’un CRA de 140 places, pour un budget annoncé d’au moins 23 millions d’euros, alors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, entend « doubler » les places d’ici à 2027 dans ces centres.

Dans un arrêté en date du 12 juin 2023, Bordeaux Métropole a cédé à l’État la parcelle du Bioparc située à Mérignac, en échange d’un terrain à Pessac, où l’Etat envisageait initialement de construire un CRA, suscitant alors la mobilisation de riverains.

« Politique migratoire répression et inique »

« Cette prison qui ne dit pas son nom alimentera le mythe “étrangers = délinquants” si cher à l’extrême droite », écrit le collectif Anti-CRA :

« En proposant d’échanger un terrain de la Métropole avec l’État afin que celui-ci crée un Centre de Rétention Administrative sur Mérignac, un des plus grands de France, vous facilitez une politique migratoire répressive et inique, alors même que votre groupe parlementaire a récemment voté une motion de rejet contre un projet de loi immigration trop sécuritaire. »

Le 11 décembre dernier, le projet de loi immigration a essuyé une motion de rejet à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a convoqué une commission mixte paritaire ce lundi 18 décembre, réunissant sept députés et sept sénateurs. Un « passage en force » pour Boris Vallaud, député des Landes et président du groupe socialiste à l’Assemblée, interrogé sur France Info, alors que la gauche se positionne pour le retrait du texte.

« Alain Anziani fait preuve d’incohérence sur un plan politique », décrit Maé, militante au sein du collectif Anti-CRA :

« Outre le fait que le PS a signé la motion de rejet à l’Assemblée, la Ville de Mérignac [dont Alain Anziani est maire depuis 2014, NDLR] fait partie de l’Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita). Il ne peut se dédouaner de ce projet en renvoyant la balle vers l’État. »

Aux précédentes interpellations qui lui ont été adressées sur ce sujet, Alain Anziani a toujours plaidé la légitimité républicaine, refusant de s’opposer à une décision gouvernementale.

« Les seuls lieux où l’on enferme des personnes qui n’ont commis aucun délit »

Fin novembre, le collectif Anti-CRA a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Bordeaux suite au rejet d’un recours gracieux. Il vise à faire annuler l’arrêté d’échange de fonciers entre l’État et la Métropole. Il est notamment pointé une inégalité de valeur entre les deux parcelles. Une pétition a également été mise en ligne, ayant recueilli à ce jour environ 600 signatures.

À l’instar de la lettre ouverte, il s’agit là d’une « action de sensibilisation », selon Nathalie Dugravier, coprésidente de la Cimade à Bordeaux :

« On ne freinera pas la frénésie gouvernementale de créer des centres de rétention, mais nous pouvons interpeller la société civile sur ce que sont ces centres et la politique migratoire du gouvernement. Dans un état de droit, les centres de rétention sont les seuls lieux où l’on enferme des personnes qui n’ont commis aucun délit. »

Début des travaux prévu en 2024

Dans son rapport annuel d’activité, Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, alerte sur une « gestion de plus en plus sécuritaire de la rétention des étrangers ». Une nouvelle fois, les auteurs du rapport soulèvent la promiscuité et le manque d’hygiène dans les centres de rétention. En 2021, deux hommes se sont suicidés au sein du CRA de Bordeaux.

Contactée, la préfecture confirme l’ouverture d’un nouveau CRA de 140 places début 2026, dans le but « d’augmenter les capacités de rétention dans la région Nouvelle-Aquitaine » :

« Les travaux devraient débuter à l’automne 2024 pour une durée de 15 mois environ. La consultation pour l’attribution du marché global pour la conception, les travaux et la maintenance est en voie d’attribution. »

*Signataires de la lettre ouverte : AC! Gironde, ASTI Bordeaux, Attac 33 – Cercle libertaire Jean Barrué, CGT Edu’Action, CNT Gironde, CNT Santé- Social Nouvelle Aquitaine, collectif Bienvenue, Collectif pour l’égalité des droits – rive droite, EELV 33, La Cimade, LFI Gironde, Libre Pensée Girondine, FSU 33, Médecins du monde Aquitaine, NPA 33, Révolution permanente, RESF, SolEx Pessac, Sud santé sociaux 33 , UL CGT de Pessac, Union syndicale solidaires 33, citoyennes et citoyens non affilié.es


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