La décision du Conseil des sages est tombée dans l’après-midi. 32 des 86 articles de la loi asile et immigration ont été censurés, considérés comme des « cavaliers législatifs », hors sujet avec la loi initiale. Un rejet « sur la forme mais pas sur le fond » ont rappelé les manifestants réunis place de la Victoire ce jeudi soir, à l’initiative du collectif Antifara (né à la suite des attaques de l’extrême droite en juin 2022).
« Immigration jetable et utile »
« Nous demandons plus qu’une abrogation, nous voulons un véritable texte de loi qui prenne en compte la situation actuelle des étrangers et étrangères en France », indique Clément Piquet de la Ligue des droits de l’Homme :
« Nous demandons un texte qui porte une revendication majeure : celle d’un accueil digne des personnes et qui réponde à leurs besoins. Il n’est pas acceptable aujourd’hui, dans notre pays, que des étrangers et étrangères soient accueillis dans les conditions actuelles. À savoir des personnes qui vivent dans des squats, des enfants qui dorment à la rue. »
Les mesures censurées du texte ont été introduites en grande majorité par la droite en Commission mixte paritaire (CMP). Il s’agit des articles liés à la mise en place d’une « caution retour » pour les étudiants étrangers, au regroupement familial, à la délivrance d’un titre de séjour pour motif de santé ou encore à la restriction des prestations sociales.
« Nous étions déjà mobilisés avant le passage en CMP, quand Gérald Darmanin avait présenté ce texte comme étant le plus dur envers les immigrés depuis ces 30 dernières années », précise Erwan Nzimenya, président de SOS Racisme Gironde :
« C’est un texte qui promeut une immigration jetable et utile. On ne peut se satisfaire du texte à la sortie du Conseil constitutionnel, qui conserve le logiciel des idées d’extrême droite. C’est une loi qui renforce les expulsions lorsqu’il y a des condamnations, applique des OQTF dès lors qu’une personne est déboutée du droit d’asile, conditionne la délivrance des titres de séjour pour les travailleurs sans papiers aux métiers en tension. »
Nouvelle mobilisation
À la suite du rassemblement place de la Victoire, une manifestation sauvage a pris forme au niveau du cours Pasteur. Une cinquantaine de personnes y ont participé, avant d’être dispersées par des gaz lacrymogènes tirés par une colonne de policiers rue Sainte-Catherine.
Les organisateurs du rassemblement appellent à une nouvelle mobilisation samedi 3 février à Bordeaux contre la loi.
« À défaut de promouvoir les traditions républicaines françaises, le gouvernement promeut l’usage du mot le plus long de notre langue : anticonstitutionnellement », a réagi, de son côté, Pierre Hurmic sur X.
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