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Du fumier devant la Préfecture et la Région, les agriculteurs sont entrés à Bordeaux

En fin de journée de ce jeudi 25 janvier, une colonne de tracteurs s’est dirigée vers la Préfecture de la Gironde et l’Hôtel de Région. Les agriculteurs ont déversé du fumier à gogo et mis le feu à des bottes de paille.

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Du fumier devant la Préfecture et la Région, les agriculteurs sont entrés à Bordeaux
Du fumier jusqu’à la porte de la Préfecture

La pleine lune du loup, la première de l’année, s’est illustrée ce jeudi soir dans le ciel girondin. Mais elle n’était pas la seule. Les agriculteurs girondins en avaient plein les bottes et ont tenu à le faire savoir. Arrivés en colonne de tracteurs vers 17h à Bordeaux, ils ont montré leur colère devant la Préfecture de la Gironde et l’Hôtel de Région.

Pratique, les deux bâtiments sont séparés de quelques dizaines de mètres et les voies étaient grandes ouvertes pour les manifestants. On pourrait croire que tout était permis quand une voix parmi les agriculteurs s’élève : « Non non non, tu retires les pneus. »

« On arrive à peine à remplir le frigo »

Effectivement, si le déversement de fumier – même à l’épandeuse – devant l’entrée de la préfecture à 18h et la dispersion de bottes de paille et de palettes dans la rue Corps-Franc-Pommies à la tombée de la nuit, semblaient tolérés, fallait pas en rajouter. Les flammes et la fumée du feu s’élèvent déjà à quelques mètres de haut devant les portes de la préfecture.

« On est d’accord pour montrer notre colère mais il faut pas que ça dégénère » souffle Guillaume Grandeau, porte-parole des Jeunes Agriculteurs girondins. Derrière lui un agriculteur surenchérit : « On vide le chargement des bennes [fumier et paille] et on se casse, c’est tout. »

Si la gronde est maitrisée, derrière les nerfs lâchent. « Je n’ai même pas pu faire des cadeaux à mes enfants à Noël » s’emporte un jeune agriculteur, « on arrive à peine à remplir le frigo » complète sa compagne.

« Qu’est ce qu’il faut dire qu’on n’a pas encore dit, commente Sylvain, un éleveur du Sud Gironde. Je vends ma viande le matin bradée et l’après-midi je fais les courses et je la vois dans les rayons au prix fois cinq. »

Du haut de la dalle qui surplombe l’entrée de la préfecture, les policiers assistent au déversement du fumier par les agriculteurs girondins Photo : WS/Rue89 Bordeaux

« L’Etat n’arbitre pas »

Eric, éleveur laitier à Coutras, poursuit :

« On est accablé de partout, les contrôles en permanence, la paperasse, la déclaration des animaux… et on gagne à peine notre vie. L’agriculteur n’a pas les reins assez solide pour se battre face aux financiers, et l’Etat n’arbitre pas et laisse faire. Moi, le lait je le vends à un acheteur qui fait le prix, je ne peux rien dire sinon je ne vends rien. »

A 48 ans, Eric arrive à peine à gagner sa vie et à dégager un salaire pour son fils, seul employé de l’exploitation familiale, « parce que l’avenir c’est lui ».

« Ça fait 20 ans que je manifeste. Il y a eu des aides, mais elles ne suffisent pas. Aujourd’hui, j’ai juste envie de me défouler parce que je ne crois pas qu’on aura quelque chose. On va nous donner une carotte pour la reprendre par derrière. Je dois déjà 150 000€ à mes fournisseurs, la MSA et les impôts, je vois pas comment on va pouvoir m’aider. »

A 19h30, l’agriculteur girondin reprend le volant de son tracteur pour retrouver le « QG sur la rocade ». Non sans avoir fait un tour dans le centre ville où des passants encouragent les manifestants le pouce levé d’une main et, de l’autre, le téléphone qui filme l’impressionnant défilé des tracteurs.


#agriculture

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