Alexandra Lacroix a étudié à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. En 2007, elle cofonde la compagnie MPDA dont elle assure la direction artistique. Son travail s’oriente rapidement vers l’étude et l’analyse des problématiques contemporaines qui se nichent dans les grandes œuvres de l’opéra : érotisation des corps féminins, violences envers les femmes, racisme…
Elle conçoit le livret et la mise en scène de The Carmen case en 2023, en partant d’un constat : l’œuvre majeure de Georges Bizet cache un féminicide et met en valeur le meurtrier.
Alexandra Lacroix (DR)
Rue89 Bordeaux : Comment avez-vous eu l’idée de travailler sur Carmen ?
Alexandra Lacroix : Je devais mettre en scène Carmen de Georges Bizet. J’étais à la fois très contente parce que l’œuvre est magnifique et en même temps très gênée par cette fin où on applaudit ce féminicide et on ressort avec beaucoup d’empathie pour le meurtrier parce que sa partition est très belle, il chante le plus bel air d’amour qui existe.
Ça me gênait qu’on ne se pose pas la question de cette femme qui a perdu la vie, c’est peut-être elle qui devrait recevoir un peu d’empathie. J’ai alors essayé de comprendre dans l’œuvre ce qui nous amène à ça. Et j’ai trouvé beaucoup de choses, il y a un motif du destin qui est là présent dès l’ouverture et que Bizet a repris tout au long de l’œuvre. Il y a l’acceptation d’une fatalité. On essaie de nous donner l’idée que de toute façon c’est une issue fatale, alors qu’en fait il y a plein d’alternatives à ce meurtre.
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