979 salariés agricoles et 281 non salariés ont reçu le RSA (Revenu de solidarité active) l’an dernier en Gironde, soit respectivement 6% et 16% de plus qu’en 2021. Et le nombre de bénéficiaires pourrait doubler cette année du côté des non salariés, c’est-à dire-des exploitants agricoles, puisqu’en janvier ils sont déjà 181 à en avoir fait la demande, a estimé Sophie Piquemal, vice-présidente du Département de la Gironde en charge de l’urgence sociale, lors d’un point presse ce lundi 29 janvier.
« C’est un public qui a pourtant traditionnellement du mal à passer les portes pour demander ses droits, ajoute l’élue. Or nous défendons l’idée que le RSA n’est qu’un coup de pouce ou une étape permettant de sortir la tête hors de l’eau quelques temps. Aussi, à côté du dispositif de droit commun, nous travaillons sur un revenu de solidarité agricole, lié à une crise et disponible à l’instant T pour les aider pendant 6 mois. »
Ce RSA de crise devrait être effectif « en février ou mars », pour un montant équivalent à celui du RSA traditionnel, environ 600€. « Nous faisons aussi un travail sur la prévention car le versement de l’aide ne doit pas intervenir trop tard, quand l’exploitant a beaucoup de dettes et se retrouve au tribunal », a ajouté Sophie Piquemal.
« Prévoir des revenus stables »
Soulignant que « la moitié des agriculteurs ont aujourd’hui des revenus négatifs », Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental, estime qu’il faut « sortir de la politique du chéquier » :
« J’ai vu que la droite française proposait un revenu de 1500€ aux agriculteurs, et me réjouis donc que les mentalités évoluent sur ce revenu de base que nous défendons depuis longtemps. Cela me conforte dans la certitude qu’il faut prévoir des revenus stables et pérennes pour celles et ceux qui n’arrivent pas à vivre de leur activité. »
Fustigeant le « modèle de libre-échange qui ne fonctionne plus et provoque un profond sentiment d’injustice », ainsi que « les normes qui s’imposent aux agriculteurs sans que des moyens pour les appliquer ne soient mis en oeuvre », Jean-Luc Gleyze a estimé que sa collectivité « faisait sa part ».
Si le Département n’a plus la compétence économique depuis 2015, il peut intervenir sur les questions agricoles, dans le cadre d’une convention passée avec la Région. Aussi, plusieurs mesures devaient être présentées lors de l’examen du budget ce lundi à l’assemblée départementale, dont 1,4 million d’euros d’aides aux agriculteurs – à l’installation, à la modernisation, ou aux CUMA (coopératives d’utilisation de matériel agricole) –, et 1 million d’aides « aux structures, associations et initiatives qui font la richesse du tissu social agricole et paysan en Gironde ».
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