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Alain Anziani démissionne de la présidence de Bordeaux Métropole

Grièvement malade, Alain Anziani annonce ce lundi dans Sud Ouest qu’il quitte la présidence de Bordeaux Métropole, à laquelle il souhaite que Christine Bost, la maire d’Eysines, lui succède. Il entend en revanche demeurer maire de Mérignac. Premier vice-président, Pierre Hurmic assurera l’intérim en attendant le vote du conseil, sans doute le 15 mars.

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Alain Anziani démissionne de la présidence de Bordeaux Métropole
Christine Bost devrait succéder à Alain Anziani, qui vient de présenter sa démission

« Je ne veux pas être un président fantoche, ce ne serait pas digne », a déclaré au quotidien Sud Ouest Alain Anziani, qui présente ce lundi à la préfecture sa démission de la présidence de Bordeaux Métropole. Âgé de 72 ans, l’élu socialiste annonce ainsi tirer les conséquences des maladies qui le tiennent de plus en plus éloignées de ses responsabilités, comme il l’avait laissé entendre en septembre 2022.

« Je fais l’objet de plusieurs pathologies qui, conjuguées, me transforment en un jardin des curiosités médicales : un cancer de la prostate, un cancer colorectal avec une chimio à vie, un Parkinson qui couvait en moi et d’autres troubles plus ou moins liés, comme cette infection qui m’a imposé une hospitalisation de cinq semaines… »

Toujours aux commandes à Mérignac

Or, poursuit Alain Anziani, « un président de plein exercice doit incarner la Métropole dans ses 28 communes, participer à de nombreuses réunions avec les élus, les représentants de l’État, les acteurs économiques et sociaux… Et force est de constater que je n’en ai plus la possibilité ».

Depuis plus d’un an, le président de Bordeaux Métropole apparaissait en effet davantage marqué par la maladie, se déplaçant ou s’exprimant plus difficilement, et se faisant fréquemment remplacer lors des séances plénières du conseil ou d’évènement officiels. Il avait néanmoins tenu à rester à la barre, et s’en justifie auprès du quotidien régional :

« Je suis persuadé qu’on peut exercer son travail dans la dignité et l’efficacité, en étant atteint de ces maux. Le maintien d’une activité sociale évite au patient de s’enfermer dans une bulle dépressive. »

Aussi, le maire de Mérignac déclare vouloir conserver les commandes de la deuxième commune de Gironde (70127 habitants) jusqu’à la fin de son mandat :

« C’est différent de la Métropole en termes de charge de travail et d’étendue, avance-t-il. J’ai encore des forces et de l’énergie, et je veux les utiliser pour cette ville à laquelle je suis tant attaché. »

Christine Bost en pôle position

Pour lui succéder à la présidence de Bordeaux Métropole, Alain Anziani affirme « ne [voit] qu’une seule personne », Christine Bost, maire PS d’Eysines et deuxième vice-présidente de Bordeaux Métropole, dont il loue le « caractère », la « forte personnalité », « l’intelligence », et « une expérience importante ».

« En plus, on a besoin d’une femme, ajoute-t-il. On ne peut pas dire qu’il faut que les femmes exercent des responsabilités majeures dans les collectivités territoriales et s’en priver quand c’est possible : elle a toutes les compétences, elle est prête, il faut profiter de cette chance. S’y opposer serait une erreur politique majeure. »

Est-ce là un avertissement lancé aux écologistes bordelais, turbulents alliés du PS mais grâce auxquels Alain Anziani avait pris les commandes de la métropole ? Premier vice-président de la métropole, et maire de la commune centre, Pierre Hurmic pouvait prétendre à la présidence de la collectivité, et son groupe « écologie et solidarité » compte autant d’élus (31) que celui des socialistes et apparenté.

« La transition se poursuit »

Mais le PS, fort du soutien de la droite métropolitaine revenue au bureau, parait déterminé à ne pas laisser aux écologistes la métropole, et la possibilité de revenir sur des choix entérinés contre leur gré, comme le soutien financier à la LGV Bordeaux-Toulouse. Un tweet dans lequel il remercie Alain Anziani pour son « engagement » et sa « ténacité », laisse penser que l’édile bordelais a pris acte de ce choix :

« Notre relation de confiance nous a permis d’aborder sereinement ce départ prématuré de la présidence de Bordeaux Métropole. La transition de notre territoire métropolitain se poursuit dans le même état d’esprit et un volontarisme partagé. »

Interrogé ce lundi en marge d’un point presse, Pierre Hurmic a évoqué sa « compassion », sa « tristesse », et ses « remerciements » pour le travail accompli dans le projet de « gouvernance partagée avec les écologistes » par Alain Anziani, lui souhaitant « bon courage dans l’épreuve qu’il est en train de traverser ». Le maire de Bordeaux s’est en revanche refusé à « spéculer » sur la suite des évènements, et l’hypothèse Christine Bost :

« Je vais assurer l’intérim en tant que premier vice-président, le reste va être discuté dans le climat de confiance et de sérénité. Tout le monde peut prétendre [à la présidence] moi comme d’autres. On en discutera. Mon souci c’est qu’il y ait une candidature unique de la majorité actuelle et je ferai tout ce qui est dans mon pouvoir pour pas qu’il n’y ait de primaire à l’intérieur de notre majorité métropolitaine. »

Dans un communiqué, le groupe des trois élu.e.s communistes à la métropole salue quant à lui « le courage de la décision d’Alain Anziani » et « son action pendant près de quatre ans à la tête de Bordeaux Métropole, marquée notamment par la gestion de l’eau en régie publique et les avancées du dossier du RER métropolitain ».

« Nous ne doutons pas que la poursuite de la mise en œuvre de ce projet comme cette qualité des échanges se poursuivront sereinement et avec respect avec Christine Bost. »

Élection d’ici le 15 mars

Celle-ci n’a pas souhaité s’exprimer directement, évoquant dans un communiqué du groupe socialiste, qu’elle préside, « la décision courageuse et digne » d’Alain Anziani.

« Il demeure conseiller métropolitain et maire de Mérignac. Nous en sommes très heureux et nous pourrons compter sur ses compétences à nos côtés pour continuer son action au service des habitants et de notre territoire. (…) La continuité de l’action métropolitaine sera la meilleure reconnaissance de son action. Dans l’immédiat, nous l’assurons de toute notre amitié, notre présence et nous le soutenons pour surmonter les épreuves qu’il traverse. »

Il reviendra aux conseillers métropolitaines de voter pour la ou le successeur d’Alain Anziani, lors d’une séance devant avoir lieu dans un délai de quinze jours après la validation de la démission par les services de l’État. Le prochain conseil de Métropole devrait probablement se tenir le vendredi 15 mars.


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