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Bordeaux Métropole : Christine Bost élue présidente, Alain Anziani s’éclipse

Une page se tourne à Bordeaux Métropole, où le maire de Mérignac a transmis le flambeau à celle d’Eysines, première femme à accéder à la présidence de la collectivité. Les élus ont (quasi) unanimement salué « le courage et la dignité » d’Alain Anziani, qui reste conseiller métropolitain.

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Bordeaux Métropole : Christine Bost élue présidente, Alain Anziani s’éclipse
Christine Bost succède à Alain Anziani à la tête de la métropole

« C’est une leçon d’humilité pour nous toutes et tous, qui renvoie les ambitions de chacun à leur fragilité, leur petitesse et leur vanité. Toi l’éveillé, imprégné de sagesse bouddhiste tu sais tout cela ». Ainsi Patrick Bobet, chaudement applaudi, a-t-il qualifié la décision d’Alain Anziani, son successeur à la présidence de la métropole, de se retirer.

A la « demande expresse d’Alain Juppé » d’être associé à ses propos, le maire du Bouscat a « salué une attitude courageuse et digne qui caractérise [Alain Anziani] depuis des mois dans son combat personnel et si singulier » contre les maladies, ainsi que l’esprit d’ouverture du maire de Mérignac à l’endroit de son groupe Métropole Commune(s), la minorité de droite au conseil.

Pierre Hurmic, premier vice-président d’Alain Anziani, a quant à lui rendu hommage « au travail action et à la détermination » de ce dernier depuis son arrivée à la présidence de la métropole en juillet 2020, le remerciant d’avoir « tenu la barre dans une succession de tempêtes – crises sanitaire, énergétique, guerre aux portes de l’Europe… » Sans omettre les points de divergence, en particulier sur la LGV :

« Notre majorité est aussi diverse que solide et oui, nous faisons de la politique autrement. Nous avons su assumer quelques rares désaccords sincères et ferroviaires, en renonçant à des compromis superficiels et des renoncements plus profonds. »

« Je n’ai fait que mon devoir »

Les prises de parole des présidents de groupe politiques ont ainsi été unanimes dans l’hommage (à l’exception de Marc Morisset, élu de Saint-Médard, qui s’est attiré les huées de l’assemblée en critiquant « la censure » d’Alain Anziani, qui l’avait exclu d’une séance suite à son refus de porter le masque).

« Je ne mérite pas tout ça, je n’ai fait que mon devoir, j’ai toujours dit que dès lors que je ne pourrai plus exercer les fonctions j’en tirerai les conséquences », a réagi Alain Anziani. Il a remercié les intervenants d’avoir « préservé ce moment de la polémique », et « donné une image de dignité, pour moi essentielle », et les agents et sa « garde rapprochée », pour leur bienveillance à son égard. Puis reçu une standing ovation.

Ensuite, celui qui va rester conseiller métropolitain et maire de Mérignac a invité les élus à voter pour Christine Bost, « une femme de décision mais à l’écoute, […] de caractère mais aussi de convivialité » (lire son portrait ici). Claudine Bichet a motivé le soutien du groupe écologiste à cette dernière au nom de l’accord de gouvernance :

« Avec Christine Bost, c’est une femme que nous choisissons aujourd’hui et pour notre fin de mandat. Pour nous l’égalité (femme-homme, NDLR) est un objectif fondamental, et nous pouvons qu’être très fiers, elle sera la 5e présidente sur 22 métropoles de France ».

Une première présidente

Sans opposition – à part celle « pour le principe » de Marc Morisset –, la maire d’Eysines a fait le plein des trois groupes de la majorité (PS, écologistes et communistes), plus 8 des rangs de Métropole Commune(s), émanant des maires disposant de délégations, soit 73 voix sur 104.

Christine Bost succède à Alain Anziani Photo : SB/Rue89 Bordeaux

« Mon engagement sera plein et entier et les circonstances particulières qui me conduisent à reprendre la barre de ce navire qu’est Bordeaux Métropole m’impose davantage de respect, de courage et dévouement, à l’image de la dignité dont a fait preuve Alain Anziani », a réagi la nouvelle présidente, saluant à son tour son leadership et la « force tranquille » qu’il incarne.

Après son hommage à son « guide et passeur », a aussi remercié son premier mentor présent dans la tribune, Pierre Brana, qui l’avait poussée à lui succéder à la mairie d’Eysines, en 2008, et « a toujours pensé qu’une jeune femme était un homme comme les autres ».

« Je mesure l’honneur d’être la 8e personne à présider notre intercommunalité, mais la première femme en 56 ans. Cela fait à peine 80 ans que nous avons le droit de vote, il ne faut pas aller trop vite non plus ! »

Alors que 7 des 28 communes de la métropole sont dirigées par des femmes, Christine Bost a, comme Pierre Hurmic avant elle, adressé « un clin d’œil à Agnès Versepuy », qui vient de renoncer à son poste de maire du Taillan. Et estimé que son élection est « un signal envoyé à toutes les femmes, toutes les jeunes femmes et les petites filles » : « Le simple fait d’être un peu plus visible dans le paysage leur ouvre de nouvelles voies. »

Toujours pas de cogestion

Puis la nouvelle élue a estimé que la métropole faisait face à « deux enjeux majeurs à prendre en charge : la vulnérabilité des territoire face aux risques climatiques, naturels et technologiques, qui sont devenus notre quotidien ; et la vulnérabilité des hommes et femmes, les fragilités sociales et démographique, notamment le vieillissement de la population.

S’il n’y aura pas de changement de cap avec Christine Bost, celle-ci a estimé que la métropole devait rester « hospitalière » pour ses habitants actuels et à venir, et offrir du travail, des logements et des loisirs pour tous », ainsi que « des systèmes de santé et d’enseignement adaptés aux besoins »

Pas de « révolution de palais » non plus : afin de représenter la ville de Mérignac au bureau, Marie Récalde remplace à la vice-présidence voiries et espaces publics, Andréa Kiss, qui prend elle même la vice-présidence urbanisme de Christine Bost. L’adjoint à l’urbanisme du maire de Bordeaux, Stéphane Pfeiffer, obtient une délégation à l’aménagement pour suivre les grands projets bordelais.

Si Métropole Commune(s) a déploré que la majorité n’ait pas souhaité revenir à la cogestion « et tourner la page de cette anomalie historique » à l’occasion de ce changement de présidence, ses maires conservent donc leurs délégations obtenues dans le récent accord de gouvernance.

Le groupe Renouveau Bordeaux Métropole, du ministre Thomas Cazenave, a quant à lui boycotté les votes. Quoique rangés « dans l’opposition », les deux groupes de droite et du centre ne sont donc pas sur la même ligne. Pas de bon augure en vue d’un accord électoral pour déloger Christine Bost et sa majorité en 2026.


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