Avec ardeur, elle soulève sa pancarte au milieu de la foule. « Car même dans le brouillard et la nuit Simone Veil », peut-on y lire. Typhaine, 19 ans, étudiante en psychologie, participe à son « premier » 8 mars. Une journée internationale pour le droit des femmes qui survient, cette année, quelques jours après le vote du Congrès pour l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution.
À Bordeaux, la mobilisation organisée par l’AG féministe de Gironde a réuni près de 8000 personnes selon l’intersyndicale. Partie de la place de la Victoire à 12h, la manifestation a pris fin à Stalingrad dans l’après-midi.
Accès à l’IVG et inégalités salariales
« Je suis fière aujourd’hui de voir de très jeunes filles dans le cortège », confie Monique de Marco, sénatrice EELV de Gironde. À l’instar des militantes féministes, elle aurait souhaité que ça soit le « droit » à l’IVG, et non la « liberté », qui soit inscrite dans la Constitution :
« Il a fallu trouver des conciliations, notamment avec la droite. Mais c’est vraiment une avancée. Désormais, il faut mettre les moyens pour la réouverture des centres IVG et garantir l’accès à toutes. Je pense en particulier aux femmes dans les territoires ruraux. »
Une première mondiale, mais une victoire « en demi-teinte ». « Nous attendons que cette inscription se traduise en acte », résume une militante du Planning familial. En France, en 15 ans, près de 130 centres d’orthogénie ont fermé.
Alors que 30% de salariées déclarent avoir été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail, l’intersyndicale, en tête de cortège, a fait entendre ses revendications.
« L’inégalité des salaires (les femmes touchent toujours 24% de moins que les hommes) et la dévalorisation des métiers à prédominance féminine sont des exemples de cette violence sociale patronale que les gouvernements, quoiqu’ils en disent, accompagnent », dénonce la CGT, qui appelle à « continuer dans une dynamique revendicative et unitaire » sur « l’urgence des salaires ».
« Compter nos mortes »
Après avoir collé les 134 noms de victimes de féminicides en 2023 la nuit passée, porte de Bourgogne, le collectif Collages féministes a rendu un nouvel hommage aux personnes tuées en raison de leur genre. Sur une longue banderole noire sont inscrits le prénom et l’âge des victimes de féminicides depuis 2017, année du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Elles sont plus de 900.
Au 28 février 2024, le collectif NousToutes dénombrait 31 féminicides depuis le début de l’année en France. « C’est déjà deux fois plus que l’année dernière à la même période », alerte une militante :
« Nous sommes en colère de devoir compter nos mortes. Nous en avons assez des beaux discours et des réformes de façade. Nous exigeons la modification des définitions du viol et des agressions sexuelles dans le Code pénal, pour intégrer la recommandation du Conseil de l’Europe qui inclut la notion de consentement. »
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