L’envie de faire de l’île d’Arcins un sanctuaire de la biodiversité date de l’époque de Noël Mamère, alors maire de Bègles. C’est ensuite Alain Juppé, président de la Communauté urbaine de Bordeaux (ancêtre de Bordeaux Métropole), qui imagine un projet écologique, resté finalement dans les cartons.
Alain Anziani, devenu président de Bordeaux Métropole, et Clément Rossignol-Puech, le maire actuel de Bègles, reprennent le flambeau dans l’espoir d’ouvrir ce patrimoine naturel au public. Sans parvenir à un accord avec le propriétaire privé, Patrice Benghati – à la tête d’une société civile immobilière Ile d’Arcins.
Jusqu’à ce jeudi, où l’affaire semble conclue. Après la tenue de son bureau, Bordeaux Métropole confirme l’acquisition de l’île d’Arcins et un accord amiable pour un peu plus de 1,7 million d’euros. La collectivité peut dorénavant envisager un « parc public fluvial » en rendant l’île accessible au public quelques mois de l’année :
« Une opportunité inédite en termes de protection et de valorisation d’un patrimoine naturel insulaire unique au cœur de l’agglomération », indique la métropole dans un communiqué.
Valorisation du site
A seulement 6 kilomètres en amont du centre de Bordeaux, ce vaste pré boisé sur la Garonne de 2 kilomètres de long, offre 37 hectares au milieu du fleuve entre Bègles et Bouliac.
Aujourd’hui, l’île est classée en zone Natura 2000, en zone naturelle du PLU et en zone inondable. Plusieurs études devront être menées pour engager le projet de valorisation du site. En premier lieu, un diagnostic quatre saisons qui permettra de connaître avec précision les enjeux écologiques afin d’identifier les habitats naturels, les espèces les plus sensibles et les enjeux de protection.
D’autres études porteront ensuite sur les actions à engager pour une ouverture au public (installations, équipements et aménagements, mise en conformité des pontons, rénovation de la cale de mise à l’eau…). Ce travail sera mené en concertation avec les communes de Latresne et de Bègles, la Communauté de communes des Portes de l’entre-deux-mers, et les partenaires tels que Voies Navigables de France.
Au cœur d’un événement culturel
De quoi écrire une nouvelle ligne dans l’histoire de cette langue de terre. Après avoir été la propriété de l’Etat, l’INRA (institut national de recherche agronomique) l’acquiert en 1955 pour lancer ses recherches sur les espèces fruitières. L’île connaît un climat favorable, de deux degrés au-dessus de la terre ferme.
La violente tempête de 1999 met fin au projet de l’institut. Inondée, l’île est finalement mise en vente par l’INRA qui abandonne ses plantations (des arbres à kiwis continuent à produire des fruits encore aujourd’hui). Patrice Benghati se porte acquéreur en 2002 pour environ 500 000 euros.
L’investisseur bordelais renforce les digues et réalise d’importants travaux de réaménagements pour installer un parc de loisirs naturels. Celui-ci ouvre ses portes au public en 2004 avant de faire face à des difficultés administratives et… climatiques. Son aventure s’achève en 2010.
Le projet à venir de l’île d’Arcins pourrait contribuer à un nouveau rendez-vous autour du fleuve prévu en mai 2025. Bordeaux Métropole projette d’organiser un évènement culturel, festif et pédagogique sur les nouveaux rapports entre le fleuve et le territoire.
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