C’est en « modeste sachant » qu’il s’exprime, et au nom de l’institution qu’il préside, tient à préciser Patrick Seguin. Mais le patron de la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux-Gironde le fait sans ambages : il n’est « pas favorable à ce projet de métro« , sur lequel planche le cabinet Artelia pour Bordeaux Métropole – la seule étude étant chiffrée à 300000€.
Chez Sogea, filiale du groupe Vinci spécialiste des travaux publics, Patrick Seguin était en effet directeur technique en charge des galeries de grand diamètre, avant d’être PDG de la SOC (Sud Ouest Canalisation) puis d’un cabinet d’ingénierie sur l’eau et l’environnement (Greease). Il connait donc bien le sous-sol de Bordeaux, « ville construite sur un ancien marais et traversée par 14 jalles, aujourd’hui canalisées ».
« Nous avons de gros collecteurs d’eau en sous-sol pour éviter les inondations, qui récupèrent les eaux de pluie avant de les rejeter dans la Garonne. Cela veut dire qu’un métro devrait passer en dessous de tous ces ouvrages. Techniquement, on saura faire car les entreprises françaises ont toutes les compétences. Mais on risque d’endetter la métropole pour des dizaines d’années. »
Des tunneliers qui se perdent
Aujourd’hui, le prix du kilomètre de métro construit à Toulouse est de l’ordre de 117 à 130 millions d’euros, contre 15 à 30 millions pour une ligne de tramway. La facture d’une ligne de métro à Bordeaux pourrait ainsi représenter 3 milliards d’euros. Et Patrick Seguin redoute l’explosion du devis, rappelant que les collecteurs souterrains de Bordeaux ont coûté « 5 fois le budget d’origine ».
Le président de la CCI juge que « l’argent serait mieux investi dans la multiplication des BHNS (les bus express) et des voies piétonnes et vélos ». Il met aussi en garde contre les aléas techniques.
« La congélation des sols permet de les durcir afin de les percer plus facilement. Mais en décongelant, cela peut déstabiliser un peu les bâtiments en surface. Par ailleurs, il y a toujours sous la Garonne un tunnelier qu’on ne récupèrera jamais« .
Lors de ce chantier démarré en 2019, l’eau du fleuve s’était infiltrée dans la galerie censée permettre de faire passer les canalisations de la rive droite vers la station d’épuration Louis-Fargue. Encore une histoire d’eaux usées…
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