Pour la Bastide Bordelaise en vacances romaines, pas de Colisée ou de Fontaine de Trevi, mais l’attaque du pub antifasciste Sally Brown, selon les informations du média italien Roma Today.
Aux alentours de 4h30 du matin, dans la nuit du 13 au 14 juin, ce bar du quartier alternatif San Lorenzo, connu pour accueillir des militants et militantes de la gauche radicale, est fermé après une soirée musicale. Alors que les propriétaires s’affairent au rangement, plusieurs personnes cagoulées forcent la porte et les volets dans le but de pénétrer à l’intérieur du pub.
Armés d’un marteau de fortune (une pierre au bout d’un bâton) et d’un couteau, les individus peinent à rentrer. Ils jettent quelques bouteilles sur les fenêtres et à coût de stickers, signent leur attaque : ce sont des néo-nazis.
Trois français interpellés
Pas de chance pour les malfaiteurs, un escadron volant de la police italienne était proche des lieux. Rapidement alerté, il interpelle trois individus : deux jeunes de 20 ans et un de 21 ans, tous français. Cocorico.
La police italienne a retrouvé sur les lieux de l’agression et sur les interpellés des autocollants de la Bastide Bordelaise. Ce groupuscule fasciste et néo-nazi est né après la dissolution de Bordeaux Nationaliste en 2023 pour avoir promu « une idéologie xénophobe, appelant à la haine et à la violence ». Plusieurs membres de la Bastide Bordelaise ont par ailleurs été jugés pour des violences racistes et lgbtphobes. L’un de ses leaders, Yanis Iva, qui se réclame du fascisme italien, a été condamné à de la prison ferme.
D’autres stickers arborent l’opération anti-migrants de Génération Identitaire : « Defend Europe » consistant à « défendre la race aryenne ». Cette organisation a depuis été dissoute, en 2021, pour les mêmes raisons que Bordeaux Nationaliste.
Qui sont-ils ?
Selon une enquête publiée par Street Press, les trois individus arrêtés sont Hugues D.M, Ottavio R. et Alaric D. Ils ont été retrouvés en possession des « armes » et de plusieurs stickers semblables à ceux collés sur la façade.
« Alaric D., 20 ans, est un des cadres de la Bastide Bordelaise, très bien implanté dans la mouvance radicale française », raconte Street Press.
Le jeune homme posait déjà pour une photo à Rome, en 2022, dans les locaux de Casapound, le mouvement néofasciste italien. Dans ses abonnements Instagram, on retrouve le gratin de l’extrême droite en France, dont Frédéric Châtillon du GUD Connexion, réseaux d’entreprises issu du GUD (Groupe néo-fasciste Union Défense), régulièrement sollicité par le RN, et Gabriel Loustau. Ce dernier a récemment fait également parler de lui, du fait de son implication dans une agression homophobe.
Dementi de la Bastide Bordelaise
Sollicitée, la Bastide Bordelaise n’a pas souhaité répondre à nos questions. Dans sa story Instagram, le groupuscule dément toute implication de ses membres dans les violences commises sur le territoire italien. Il précise qu’ « aucun de ses militants n’est affilié à un groupe transalpin », ni « ne se trouve à l’extérieur du sol français ».
Il menace également d’ « entamer des poursuites judiciaires à l’encontre des différents médias français d’extrême gauche ayant relayé cette fausse information ». Rue89 Bordeaux est directement visé par ces poursuites, accusé par La Bastide Bordelaise « de mentir et de salir le nom des gens » dans des messages privés.
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