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Le vote pour le Rassemblement national, « c’est les boomers contre le reste de la France »

Dans un entretien à Rue89 Bordeaux, Vincent Tiberj, chercheur au Centre Emile Durkheim et politiste spécialisé dans la sociologie électorale, analyse la vague Rassemblement national aux européennes. Insistant sur le poids de l’abstention, notamment chez les jeunes et les ouvriers que prétend représenter le RN, il estime qu’un sursaut est peu probable pour les législatives, en raison du vote d’adhésion à l’extrême droite de l’électorat âgé.

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Le vote pour le Rassemblement national, « c’est les boomers contre le reste de la France »
Les « boomers » sont les premiers électeurs de Bardella

« C’est les boomers contre le reste de la France ! » En une phrase lapidaire Vincent Tiberj résume les résultats des élections européennes en France. Ce dimanche 9 juin, le Rassemblement national a remporté quasiment le tiers des suffrages, avec plus de huit points par rapport aux Européennes 2019 (31,36% vs 23,34%).
Le chercheur au Centre Emile Durkheim et politiste spécialisé dans la sociologie électorale analyse le scrutin à partir d’une étude de l’institut de sondage Ipsos sur le profil des électeurs, avec un échantillon de 8923 personnes inscrites sur les listes électorales, âgé de 18 ans et plus.

Le RN en progression

Dans sa synthèse, Ipsos constate que l’électorat féminin du RN a progressé (20% des voix en 2019, 30% aujourd’hui), « confirmant la fin du gender gap spécifique à l’extrême-droite » . La liste Bardella a également fait beaucoup mieux chez les moins de 25 ans, passant de 15% à 26% des voix. Sa progression la plus importante se situerait dans la classe moyenne, « où le RN a clairement pris le leadership : les scores sont passés de 19% à 29% dans les professions intermédiaires (+10 points), de 16% à 29% chez les Bac +2 (+13) » note Ipsos.
Le parti lepeniste a aussi enregistré selon l’institut « des gains supérieurs à 50% chez les cadres (de 13% à 20% des voix, +7), tout en renforçant son socle traditionnel (40% chez les employés, record à 54% chez les ouvriers, +14) ».

« C’est devenu le premier parti des salariés (36% des voix), du public (34%) comme du privé (37%). La concurrence est écrasée, c’est considérable, estime Vincent Tiberj. Le vote RN a par ailleurs aussi largement pénétré la catégorie Retraités, avec 29% des suffrages (22% en 2019). »

Un tableau d’Ipsos des pourcentages de votes par tranche d’âge et par genre (capture écran)

Plus de boomers que de jeunes pour le RN

Rue89 Bordeaux : Quel est votre premier constat devant le score du Rassemblement national ?
Vincent Tiberj : Ce qui frappe d’abord et avant tout, c’est l’abstention [NDLR : La participation a elle été de 51,83 %, en légère hausse par rapport à 2019 et environ 10 points au-dessus des scrutins de 2004, 2009 et 2014]. Un électeur sur deux ne s’est pas déplacé et particulièrement chez les jeunes et chez les actifs. Cette élection est dans la continuité de la montée en puissance de génération post-baby-boom et millennial. Ce qui oblige à relativiser pas mal de choses. Oui, le RN est largement en tête, mais il y a plus de boomers qui votent Bardella que de jeunes.
Le vote jeune répond présent malgré tout !
Effectivement, dans une logique de communication, dans un parti qui doit être un parti d’avenir, il vaut mieux mettre des jeunes en disant : « Regardez sur TikTok, on est trop cool, j’ai des millions de jeunes. » En fait, c’est plus compliqué.

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