Le Nouveau Front populaire est donc sorti vainqueur des législatives anticipées, sans majorité absolue. L’alliance de gauche remporte 182 sièges, contre 168 pour la majorité présidentielle et 143 pour l’extrême droite. Cela va nécessiter de longues tractations pour constituer un gouvernement.
Au diapason de la tendance nationale, l’union de la gauche a fait une progression spectaculaire ce dimanche en Gironde : elle compte ce lundi sept députés, soit quatre de plus que lors de la précédente mandature, ne perdant qu’une seule circonscription parmi celles où elle était présente au second tour.
Echec cuisant pour le RN
Les trois députés sortants du Nouveau Front populaire – l’écologiste Nicolas Thierry, l’insoumis Loïc Prud’homme et le socialiste Alain David – étaient donnés gagnants, et n’ont pas failli. L’insoumise Mathilde Feld (12e circonscription de l’Entre-deux-Mers), et la socialiste Pascale Got (5e, Médoc) sont elles parvenues à renverser complètement la vapeur, battant d’un souffle deux adversaires du Rassemblement national.
La première, qui avait près de 6000 voix de retard sur Rémy Berthonneau, l’emporte avec 461 voix d’avance. La seconde a signé la remontada de la soirée, gagnant près de 14000 voix entre les deux tours, pour passer d’un retard de 6000 bulletins sur Grégoire de Fournas, à une avance de 1000. Pascale Got récupère ainsi un siège de député qu’elle avait occupé entre 2012 et 2017.
Pour le RN, au contraire, l’échec est cuisant : il espérait conserver ses deux sortants et obtenir entre un et quatre députés supplémentaires. Il perd finalement son élu médocain, et n’aura plus qu’une députée en Gironde, Edwige Diaz, réélue dès le premier tour. Le parti se console avec ses bons scores dans les départements voisins – Dordogne, Charente et Charente-Maritime -, où il gagne 4 sièges.
« La constitution du front prétendument républicain a fait son effet, il faut le reconnaître, concède son délégué départemental en Gironde, Jimmy Bourlieux. Nous devons désormais regarder de près là où ça s’est joué à quelques voix pour être prêts pour les prochains scrutins. »
4 socialistes, 4 macronistes
Surtout, il estime que le RN paye « la faiblesse de son implantation locale », et doit avoir davantage d’élus municipaux, « des relais importants dans les communes ». « La sélection de nos têtes de listes a commencé et en 2026, nous serons beaucoup plus présents qu’en 2020, où nous avions présenté 25 listes », assure Jimmy Bourlieux.
Candidat présent au second tour, ce dernier n’est pas non plus parvenu à déjouer les pronostics dans la 6e circonscription. En ballotage favorable, Marie Récalde y a confirmé son score du premier tour, tout comme son camarade Sébastien Saint-Pasteur : les deux élus locaux, respectivement à Mérignac et Pessac, ont disposé des députés Renaissance sortants, Eric Poulliat et Bérangère Couillard, dans deux triangulaires sous tension.
Le Parti socialiste a désormais 4 députés girondins, soit autant que la majorité présidentielle, qui en avait sept dans la précédente mandature. Trois de ses élus – Florent Boudié, Sophie Mette et Sophie Panonacle – étaient en ballotage (très) défavorable face à des candidats d’extrême droite, et doivent leur réélection à une forte mobilisation, notamment de l’électorat de gauche.
« Les Français ont fait front républicain »
Le ministre des comptes publics Thomas Cazenave sort lui victorieux d’une triangulaire, préservant sa légitimité de candidat potentiel à la mairie de Bordeaux. Battue dans une circonscription « taillée pour la droite », sa rivale écologiste Céline Papin l’a appelé à « s’engager aux côtés des forces républicaines du pays avec une majorité claire qui est sortie des urnes ».
Lors d’une déclaration depuis l’hôtel de Ville, Pierre Hurmic s’est naturellement réjoui du résultat des législatives :
« Dans les jours et les semaines d’inquiétude que nous avons pu traverser, les Français ont fait front, ils ont fait front républicain, ils ont fait front populaire et aujourd’hui cette force politique est la seule à même de diriger le pays. Pour le Rassemblement national comme pour la macronie, c’est plus qu’une déroute, c’est la Bérézina. La gauche a maintenant une responsabilité historique, c’est de proposer une gouvernance cohérente, claire, loin du bruit et la fureur. »
Façon pour l’édile bordelais de rappeler que Jean-Luc Mélenchon n’est pas sa tasse de thé, alors que les différentes composantes du Nouveau Front populaire doivent se réunir dans les prochaines heures pour définir une stratégie et soumettre un nom de premier ministrable.
Nicolas Thierry a voulu « mettre en garde celles et ceux, à gauche, qui commenceraient à intérioriser l’idée qu’il y aurait des gens au sein du NFP qui ne seraient pas fréquentables » :
« Ça serait une grave erreur. Car ce ce que souhaite la droite et l’extrême droite, c’est que le NFP se divise. Ce n’est pas le moment d’aller faire du patriotisme de parti. Les électeurs veulent une gauche unie, responsable et qui fasse bloc. »
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