Ils ne sont pas qualifiés pour le second tour. La raison est simple : les candidats au premier tour des législatives ayant obtenu un nombre de voix inférieur à 12,5 % du nombre d’électeurs inscrits sont éliminés des triangulaires.
Si les regards sont tournés vers les qualifiés dans des triangulaires, notamment celles et ceux en troisième position invités à faire barrage au Rassemblement national, les candidats suivants constituent une réserve de voix plus ou moins importante selon les circonscriptions.
Dans la 4e circonscription de la Gironde, par exemple, Fabrice Moretti (Ensemble) a récolté 17,27% des voix exprimées (11,07% des inscrits), soit 11045 électeurs ; ou encore dans l’unique circo de la Creuse, Jean-Baptiste Moreau, comptabilise 17,44% des suffrages (11,86% des inscrits).
Qu’ont-ils choisi de faire ces candidats éliminés d’office ? Ont-ils été approchés par les qualifiés pour négocier un report de voix ? Ont-ils donné des consignes ?
Gironde en ni ni ?
Dans la seconde circonscription de Gironde (Bordeaux centre), seule du département où le RN n’est pas qualifié au second tour, ni la candidate RN, Flavie Fournier, arrivée troisième, ni Christine Errera (LR, arrivée quatrième) ne donnent de consigne de vote.
Sur Facebook, cette dernière considère que ses électeurs sont « libres » de leur choix dans la finale entre le député sortant EELV-NFP, Nicolas Thierry (largement en tête avec 49,45% des suffrages) et Véronique Juramy (Ensemble) qui a remporté 29% des suffrages
Dans la 4e circonscription, sur la rive droite de Bordeaux, le duel se jouera entre le député sortant PS-NFP Alain David et la candidate RN, Julie Rechagneux. Arrivé en troisième position, le conseil métropolitain Modem, Fabrice Moretti, ne veut pas se mouiller :
« Les 11044 électeurs qui ont voté pour moi l’ont fait en toute connaissance de cause pour un projet clair, honnête et argumenté pour que notre territoire sorte de l’immobilisme depuis ces 7 dernières années, a-t-il répondu à Rue89 Bordeaux. Comment puis-je donner quitus à des personnes qui, dans un camp comme dans l’autre, ne pourront pas faire ce qu’ils annoncent ? […] Les électeurs de notre circonscription doivent se questionner et assumeront leurs choix. J’en ferai de même car je ne suis ni responsable de la situation actuelle ni décideur sur notre circonscription et surtout pas responsable de la montée du RN. D’autres sont aux commandes depuis de nombreuses années et doivent présenter leurs bilans. »
Jérôme Lambert, candidat LR arrivé quatrième (6,86%, soit plus de 400 voix) ne donne lui non plus aucune consigne :
« Je ne me sens pas de donner mon avis. Moi-même je ne sais pas pour qui voter. Alain David je respecte ses idées, mais la présence de LFI au sein de l’alliance me questionne. »
Dans la 8e circonscription de Gironde, sur le bassin d’Arcachon, le RN est en tête avec Laurent Lamara, devant la députée sortante Renaissance, Sophie Panonacle. La candidate NFP s’est retirée afin de faire barrage à l’extrême droite. Marc Morin, lui, candidat LR arrivé troisième, suit la ligne du parti et ne donne pas de consigne de vote. « Chacun fera son choix en conscience », résume t-il.
Oui mais non en Charente et Charente-Maritime
En Charente, dans la 2e circonscription, Didier Jobit, investi par Les Républicains, a recueilli 8,76% des suffrages, soit 4 829 votes. La candidate du Nouveau Front Populaire, arrivée troisième, Carole Ballu, a retiré sa candidature. Pour dimanche, il s’agira d’un duel entre la députée sortante de la majorité présidentielle Sandra Marsaud et le candidat des Républicains « ciottistes » investi par le Rassemblement national, Barthélémy Martin.
Que fera Didier Jobit ? Il « votera contre le Rassemblement national » mais laisse le choix à ses électeurs.
Une posture suivie par le maire LR de Rochefort, Hervé Blanché, disqualifié dans la 2e circonscription de Charente-Maritime. Il a recueilli 12,36% des suffrages, soit un peu plus de 9 600 voix. Dans cette circonscription, une triangulaire se dessinait entre le RN, le NFP, représenté par l’ex eurodéputé écologiste Benoît Biteau, et la député sortante Renaissance, Anne-Laure Babault.
Au soir du premier tour, cette dernière demandait à Benoît Biteau, arrivé pourtant deuxième, de retirer sa candidature. Anne-Laure Babault s’estimait la mieux placée pour faire barrage au RN avec une réserve de voix du côté LR. Elle s’est finalement désistée ce mardi 2 juillet. Dans un communiqué, elle n’a cependant pas donné de consigne de vote, appelant ses électeurs à voter « selon leur conscience ». Pas de nouvelles de Hervé Blanché.
Profonde réflexion dans la Creuse
Dans l’unique circonscription du département, l’issue du scrutin est encore incertaine avec une triangulaire dimanche prochain. Les deux candidats arrivés en tête, RN et NFP, ont appelé la troisième, Valérie Simonet (divers droite), à se désister. Malgré ces appels, la présidente du Conseil départemental se maintient.
Le report de voix du côté du député sortant Renaissance, Jean-Baptiste Moreau, est donc déterminant. Il est arrivé quatrième du scrutin avec 17,44% des suffrages, soit 10 670 voix. Dans un entretien à La Montagne, il s’est dit « désolé que la Creuse, terre de résistance, donne 32 % de voix au RN ». En revanche, sa consigne de vote n’est pas tranchée :
« Ce qui est sûr et certain, c’est que pas une voix ne doit aller vers les extrêmes, à gauche ou à droite. Donc évidemment ni au RN ni à LFI. Pour la 3e place, je vais réfléchir, là, je ne sais pas moi-même ce que je vais voter. »
Au pays de la truffe
En Dordogne, dans la 2e circonscription, le candidat macroniste arrivé en troisième position, Michel Delpon, s’est finalement retiré. Il avait recueilli près de 20% des suffrages, soit plus de 11 000 voix. L’ancien député confie ne « pas avoir de consigne de vote à donner », car selon lui, « ça ne sert à rien ». Lui-même envisage de voter blanc. Dans cette circonscription, le candidat RN, Serge Muler, est arrivé en tête avec 42,71% des voix, suivi du candidat PS-NFP, Christophe Cathus (28,27%).
La candidate LR, arrivée quatrième du scrutin (8% des suffrages, soit 4 574 voix), Josie Bayle, se dit, de son côté, « très embêtée » :
« Je pense voter blanc. Je suis dans une posture ni le RN, ni pour le NFP car je n’apprécie pas Mélenchon. »
Dans la 3e circonscription, trois candidats sont qualifiés pour le second tour : la patronne du RN en Dordogne Florence Joubert (40,13% des voix), la candidate du Nouveau Front populaire et maire d’Agonac, la socialiste Christelle Druillole (28,58% des suffrages). Le député Modem sortant, Jean-Pierre Cubertafon (23,33% des voix), qualifié, s’est retiré. Le centriste ne donne pas clairement de consigne de vote mais en appelle au « front républicain ».
« Cette décision est difficile, mais je l’assume. J’en appelle donc au rassemblement républicain, à toutes celles et tous ceux qui refusent l’extrême droite », s’est-il confié auprès de France Bleu Périgord.
La position de la candidate LR, arrivée quatrième avec 6,52% des exprimés, est encore moins tranchée. Dans une publication Facebook, Myriam Thomasson ne donne « aucune consigne » :
« Chaque électeur est libre de son vote. C’est la démocratie ! », a t-elle écrit.
Dans la 4e circonscription, la candidate RN Dominique Marchaudon est arrivée en tête, suivie de près par le député sortant du NFP, Sébastien Peytavie. L’ex conseiller d’Emmanuel Macron, Jérôme Peyrat, condamné en 2020 pour violences conjugales, est arrivé troisième du scrutin (16,64%, 10 521 voix). Dans une vidéo postée sur Facebook, il indique qu’il « fera barrage au Rassemblement national » mais fait « confiance » à ses électeurs pour leurs choix.
Un républicain pas très front dans les Landes
Dans la 3e circonscription, celle du député sortant PS NFP, Boris Vallaud, le candidat Ensemble arrivé troisième (16%, soit 11 310 voix), Tom Gillet Duffrechou appelle à soutenir clairement la candidature du NFP face à la candidate du Rassemblement national. Boris Vallaud a salué, sur X, la posture du candidat de la majorité présidentielle. Un choix qui pourrait être décisif au vu du peu d’écart qui sépare le socialiste (37,10%) de la lepéniste, Sylvie Franceschini (35,59%) à l’issue du premier tour.
Le candidat LR, arrivé quatrième, Brice Saint-Cricq, lui, ne donne pas de consigne de vote :
« Voter pour Boris Vallaud, c’est comme voter pour Mélenchon », a t-il déclaré dans Sud Ouest.
Les cas par cas des Pyrénées-Atlantique
Si, dans le sud de la Région, les candidats du NFP ont appelé à voter contre l’extrême droite, le président LR du département, Max Brisson a explicité la posture locale de son parti auprès de France Bleu :
« Nous prendrons nos responsabilités, mais à partir d’une ligne claire : non aux extrêmes. »
Les candidats LR diront pour qui ils vont voter personnellement, en laissant leurs électeurs « agir en conscience ».
Dans la 1re circonscription, la LR Sandrine Lafargue n’a pas de choix difficile à faire : elle votera pour la candidate Modem et députée sortante, Josy Poueyto. Elle rejoint le choix du candidat NFP, Jean Saroman.
Idem dans la 2e circonscription, où le duel se joue entre RN et Modem, le candidat disqualifié LR, Marc Labat, arrivé quatrième, apporte son soutien à la majorité présidentielle, dans sa volonté de « lutter contre les extrêmes ». Tout comme le troisième qui s’est désisté pour faire barrage au RN, l’écolo NFP Julien Brunel.
Dans la 2e circonscription, le LR Gilles Mardelle s’est engagé en faveur du front républicain, sans cautionner le NFP. Il donne sa voix au député sortant divers gauche, David Habib, en tête face au RN :
« Je voterai, à titre personnel, pour David Habib qui est un indépendant de gauche qui ne fait pas partie du NFP. C’est un dissident depuis déjà la NUPES, ce qui entérine ma position de voter personnellement pour lui. »
Dans la 4e, où une triangulaire oppose le NFP au RN et à Jean Lassalle, le candidat LR, Beñat Cachenaut, maire d’Iholdy, votera Jean Lassalle « à titre personnel« .
Enfin, dans la 6e circonscription où une triangulaire aura lieu dimanche, la candidate LR, Emmanuelle Brisson, appelle à voter pour le candidat de la majorité présidentielle, Christian Devèze, arrivé deuxième au premier tour après la candidate NFP, car seul représentant, selon elle, de « l’arc républicain ».
Deux-Sèvres pas clairs
Dans la 2e circonscription, un duel se joue entre Delphine Batho (Génération écologie/NFP) et Melody Garauld (RN). L’économiste et candidat Modem Stéphane Brizart, arrivé troisième (15,98% des suffrages soit plus de 10 000 voix), a publié un communiqué afin de clarifier sa position. Il dénonce la « candidate fantôme » d’extrême droite, mais ne se range pas clairement derrière Delphine Batho, dont la position économique diverge de la sienne :
« lI reste donc au deuxième tour la candidate du Nouveau Front populaire pour faire barrage à ce parti, sachant que la solution d’avenir de notre circonscription n’est ni la promotion de la décroissance, qui affaiblira d’abord les plus modestes, ni l’instrumentalisation des sujets environnementaux pour conflictualiser la population. »
Matthieu Manceau, candidat LR arrivé quatrième dans la 3e circonscription, s’est exprimé avec peu de précision via un communiqué sur Facebook. Dans sa circonscription, le député sortant macroniste Jean-Marie Fiévet est devancé par un LR Ciotti-Rassemblement national, Philippe Robin, privé de ses délégations au conseil communautaire.
« Nos électeurs sont des femmes et des hommes libres et responsables qui ont refusé les votes extrêmes au premier tour. Au second tour, à titre personnel, j’appelle à poursuivre cette ligne qui est l’ADN de notre parti. Les Républicains représentent la droite indépendante, libérale et pro-européenne », déclare le Républicain.
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