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« À deux doigts de brûler ma carte d’électeur » : des milliers de manifestants à Bordeaux contre la nomination de Michel Barnier

Le Nouveau front populaire fustige le « coup de force » du chef de l’État, qui a récemment nommé le Républicain Michel Barnier au poste de Premier ministre. À Bordeaux, la manifestation est partie de la Victoire en fin de matinée jusqu’à la place de la Bourse.

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« À deux doigts de brûler ma carte d’électeur » : des milliers de manifestants à Bordeaux contre la nomination de Michel Barnier
Sur le cours Victor Hugo, samedi 7 septembre

La colère et le ressentiment ont remplacé les larmes de joie qui ont coulé au soir du 7 juillet. Et la récente nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, issu des rangs des Républicains, a donné une nouvelle tournure à la manifestation de ce samedi 7 septembre. Lancée fin août, nationalement, par des syndicats étudiants et les composantes du NFP, hormis le PS, elle visait à réclamer la nomination de Lucie Castets à Matignon.

Comme dans 150 autres villes française, un cortège dense s’est élancé à 11h de la place de la Victoire à Bordeaux. Plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’appel.

« L’enjeu désormais, c’est la destitution »

Echarpe tricolore en bandoulière, l’Insoumise Mathilde Feld est dans le cortège. Son parti est l’un des organisateurs de la manifestation bordelaise avec d’autres (comme Les Écologistes, le Parti communiste…), des mouvements (Bordeaux en luttes, Ensemble…) et des organisations syndicales de la jeunesse également (Union étudiante, Union syndicale lycéenne…).

La députée de la douzième circonscription de Gironde condamne un coup de force qui ne s’est « jamais vu dans l’histoire de la cinquième République » :

« Même De Gaulle, qui a écrit la Constitution ne s’est pas permis de faire ça. Que ça soit Mitterand ou Chirac, ils ont tous joué le jeu de la démocratie. L’enjeu désormais, c’est la destitution de ce président qui a bafoué la coutume républicaine. Emmanuel Macron a donné la médaille au dernier arrivé. Il s’abrite derrière la Constitution, disant que ce qui est légal et légitime. Mais depuis Montesquieu, ce qui fait le symbole de la France, c’est l’esprit des lois. »

Sans drapeau ni banderole, la fédération PS de Gironde a tout même enjoint ses membres à rejoindre la manifestation. Malgré les dissensions internes au niveau national, Nathan Cloutet, des Jeunes Socialistes de Gironde, tenait à être présent :

« Olivier Faure ne veut pas froisser l’aile droite du parti. Mais nous sommes militants de gauche avant tout, je ne pouvais pas louper ce rendez-vous. »

Nathan Cloutet et Mathilde Feld Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Cette mobilisation du 7 septembre a aussi été l’occasion pour les partisans du NFP de réclamer, à nouveau, les mesures phares du programme à l’instar de l’abrogation de la réforme des retraites et de la hausse du SMIC à 1 600 euros.

« La prochaine étape c’est la censure du gouvernement et, plus tard, le passage à la sixième République », espère Mathilde Feld.

« Le mépris continue »

« À quoi ça sert d’aller voter ? « , s’interroge amèrement Jacques, 59 ans. Gilet jaune de la première heure, il s’inquiète aujourd’hui de « l’avenir démocratique » du pays :

« Quand j’ai appris la nomination de Michel Barnier, j’étais à deux doigts de brûler ma carte d’électeur. La gauche arrive en tête et on se retrouve avec un politique de droite, qui a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité en 1981. On croyait au changement après les législatives, le mépris continue. »

Jacques, dans la manifestation du 7 septembre Photo : VB/Rue89 Bordeaux

L’attitude du président de la République depuis le 7 juillet, qui a écarté la candidature de Lucie Castets au nom de la « stabilité institutionnelle », pour finalement nommer Michel Barnier avec l’aval du Rassemblement national, est largement dénoncée par les manifestants.

« J’hallucine, il [Emmanuel Macron] piétine les résultats d’une élection », s’emporte Hélène, 50 ans, comédienne :

« Nous nous sommes mobilisés comme jamais pour les élections législatives. Il y a eu un vrai vent d’espoir. On se retrouve avec un Premier ministre issu d’un parti arrivé dans les derniers. Il est à la tête d’une monarchie le président ? Je serai de chaque manifestation à venir. »

Sa fille Lilith, 20 ans, étudiante en anglais, veut croire encore au vote. « Car les racistes, eux, continueront d’aller aux urnes », observe t-elle.


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