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10 ans après son AVC, l’ancien maire de Barsac boucle 4105 kilomètres à vélo pour sensibiliser à cette pathologie

À 54 ans, Philippe Meynard, ancien maire de Barsac, a accompli un nouveau défi : boucler le tour de la péninsule ibérique avec son tricycle en 52 jours. Il est arrivé ce lundi au CHU de Bordeaux sous les applaudissements de ses amis et du personnel de l’hôpital, là où 10 ans plus tôt, un AVC le plongeait dans le coma.

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10 ans après son AVC, l’ancien maire de Barsac boucle 4105 kilomètres à vélo pour sensibiliser à cette pathologie
Philippe Meynard et son tricycle ont parcouru 4 105 km en 52 jours (MB/Rue89 Bordeaux)

« Il fait plus chaud à Séville », lance Philippe Meynard à peine descendu de son tricycle. Ce lundi matin, un ciel gris surplombe la cour de la direction du CHU de Bordeaux. Mais rien qui ne saurait faire perdre son sens de l’humour au héros du jour, fraichement arrivé au terme du défi dans lequel il s’est lancé le 6 septembre dernier depuis Langon : boucler le tour de la péninsule ibérique, soit 4 105 km, avec son tricycle.

Si l’idée était de marquer les 10 ans de son AVC, Philippe a choisi de proposer à ceux qui le souhaitaient de donner 1€ pour chaque kilomètre effectué. Il n’est donc pas revenu les mains vides puisque qu’un chèque de 4105€ a été remis au CHU de Bordeaux et à la clinique de l’AIT. Ce don contribuera à l’achat d’une nouvelle machine pour faire des échographie des artères carotides (du cou) et du cœur.

Un miraculé

Pour comprendre l’exploit, il faut remonter 10 ans en arrière. À l’époque, il encore maire de Barsac. Un soir de février 2014, son comportement surprend ses proches.

« Il s’était mis très en colère parce que la visio pour filmer la réunion du conseil municipal ne marchait pas », se souvient Marie-France, sa sœur et employée à la mairie de Barsac, « il parlait mais il n’arrivait pas à trouver ses mots et il était très bizarre ».

Dans la nuit qui suit, Philippe Meynard fait un AVC. Il est plongé dans le coma et subit une lourde intervention neurochirurgicale au court de laquelle on lui pratique une ablation d’une partie du cervelet. La période de rééducation qui vient après est longue : plusieurs mois passés au centre de rééducation fonctionnelle de Tastet-Girard, puis à la clinique des Grands Chênes à Bordeaux pour réapprendre à marcher, écrire, utiliser ses bras et ses jambes.

Un chèque de 4 105 euros sera reversé au CHU de Bordeaux et à la clinique de l’AIT Photo : MB/Rue89 Bordeaux

Symbole de résilience

Pendant qu’il poursuit sa rééducation, il prend vite goût à la marche.

« Un kiné qui s’occupait de moi était en train de faire une étude sur les bienfaits de la marche post-AVC. J’avais une feuille sur laquelle je devais marquer les jours de marche, les kilomètres, et c’est comme ça que j’ai commencé. Je me rendais compte de ce que ça me faisait et puis en plus c’était un très bon exercice pour la rééducation », reconnaît-il.

Mais alors qu’il se déplace encore avec un déambulateur, il expose son projet au Dr François Rouanet, neurologue et chef du pôle de neurosciences cliniques du CHU de Bordeaux, lors d’une consultation : rallier Saint-Jacques-de-Compostelle à pied. « Je lui ai dit oui bien sûr », répond le neurologue dubitatif, lui qui était de garde la nuit où Philippe a été admis aux urgences.

Le défi est de taille et Philippe ne le réalise pas de suite. « Pour moi c’était comme aller jusqu’à Seignosse », sourit-il. Une année de préparation et 1143 kilomètres plus tard, aidé de ses cannes, le voilà arrivé à bon port.

10 ans qui se fêtent

Ce premier défi n’était finalement que le début d’une série. Il se met progressivement à faire du vélo. Mais l’ablation du cervelet qu’il subit en 2014 entraîne d’importants soucis d’équilibre : le tricycle s’impose pour lui permettre de sillonner les routes sans risquer de chuter. Juché sur son modèle à assistance électrique, il a pu parcourir sans soucis les routes de la péninsule ibérique, de Barcelone à Bilbao, en passant par Lisbonne et Porto.

« J’aime beaucoup l’Espagne, j’aime la mentalité, je parle espagnol, détaille le cycliste lorsqu’il explique le choix cet itinéraire. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est à partir de Barcelone jusqu’à Séville : Valence, Grenade, Murcie. »

L’arrivée a eu lieu à la Direction Générale du CHU de Bordeaux, à Talence Photo : MB/Rue89 Bordeaux

Claude et Andrée ont fait partie de sa garde rapprochée sur cette aventure :

« On l’a retrouvé à Barcelone. Il avait fait Barsac-Barcelone tout seul, chargé comme une mule, avec son vélo et il était content qu’on arrive à Barcelone parce qu’il a pu se débarrasser d’au moins 30 kilos de bagages. Il roulait seul et nous on le suivait pour la logistique, les valises, les roues de secours, etc. »

Quelques 4105 kilomètres plus tard, il fait son retour à Talence, porteur d’un « message d’espoir pour tous ceux qui ont subi un AVC » comme le souligne Vincent-Nicolas Delpech, le nouveau directeur général du CHU entré en fonction ce mois-ci. Loin d’être anodine, la date de son retour concorde avec la journée mondiale des AVC ce mardi 29 octobre : son association AVC Tous concernés sera présente place de la Victoire pour faire de la prévention.

« On va là où les gens ne vont pas »

Cette association, il l’a crée en 2015, à son retour de Compostelle, choisissant ainsi de consacrer son temps et son énergie à faire de la prévention autour de ce qui aurait pu lui faire perdre la vie un an et demi plus tôt.

En Gironde, on recense en moyenne 4500 accidents vasculaires cérébraux par an. Ils constituent la première source de handicap acquis à l’âge adulte. L’objectif de l’association AVC Tous concernés est d’agir pour la prévention des AVC via notamment la promotion de la marche à pied et du vélo, au travers d’actions de sensibilisation ou encore en organisant des café AVC, des temps d’échanges entre les bénévoles, des victimes et leurs proches.

« On va où les gens ne vont pas, on ne reste pas uniquement sur le marché des Chartrons par exemple. On choisi des territoires où il y a des choses à faire », détaille Philippe Meynard.

De la Creuse au Béarn, AVC Tous concernés se déplace sur les marchés, propose des dépistages de fibrillation auriculaire et cherche surtout à sensibiliser sur les facteurs de risques, en particulier la sédentarité, la malbouffe et l’hypertension artérielle. L’association compte à ce jour une centaine de bénévoles. Parmi eux, Ghislaine, membre de la première heure ; elle avait suivi Philippe sur les chemins de Compostelle :

« L’exercice, il en a besoin, parce que même quand il ne fait rien il prend son vélo et il va faire des kilomètres. Parfois je me dis qu’il en fait trop mais il vaut mieux avoir ce genre d’addiction », dit-elle en rigolant.

Un besoin d’équilibre

De son côté, l’ancien édile de Barsac n’y voit en aucun cas la manifestation d’une quelconque « boulimie sportive ».

« C’est un besoin d’équilibre, ce n’est pas la même chose. J’ai une vie trépidante, je suis constamment sur la brèche mais la marche ou le vélo, c’est des moments à moi où je suis tout seul. »

Une vie trépidante partagée entre ses projets sportifs, les conférences qu’il donne avec AVC Tous concernés, la gestion de l’association et sa vie personnelle. Il réfléchi d’ailleurs déjà à son prochain défi. Si une nouvelle aventure sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle est prévue pour l’année prochaine, il est en réflexion pour un challenge qui le ferait partir cette fois-ci vers la Norvège.

« Depuis que tu remarches, on n’a jamais su t’arrêter », lui glisse le Dr François Rouanet. Une jolie façon de résumer le personnage.


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