Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs lundi soir, au tour de la Coordination rurale d’entrer dans la mobilisation contre l’accord UE-Mercosur. Parti de Créon tôt ce mardi matin, le convoi d’une quinzaine de tracteurs a d’abord fait un arrêt surprise devant l’hôtel de ville de Pessac pour manifester contre la décision de la mairie d’arrêter l’achat de foie gras à Noël. Une benne pleine de déchets (foin, pneus, terre…) a été déversée devant l’entrée.
Le cortège s’est ensuite mis en route vers la préfecture de la Gironde, toujours escorté par les forces de l’ordre comme à son départ. Arrivés sur place, les agriculteurs mobilisés n’ont pu que constater la forte présence policière : un canon à eau, des grilles anti-émeutes et un bon nombre de CRS pour boucler le secteur Mériadeck. « Quand on voit ce dispositif on a presque l’impression d’être des terroristes », souffle l’un d’eux.
Un métier en grande souffrance
Ce nouveau volet de contestation s’inscrit dans la veine des mobilisations de l’hiver dernier. Pour Jean-Paul Ayres, représentant CR33 et producteur de pruneaux à Dieulivol, « rien n’a changé » :
« La loi Egalim n’a pas été respectée, la grande distribution continue d’acheter aux agriculteurs à des prix toujours plus bas, on paye toujours les redevances phyto et les produits sont supprimés d’année en année alors que nos collègues d’Espagne et d’Italie continuent à traiter à outrance et envoient des produits ici. On n’en peut plus ! »
Tout comme la FNSEA, la Coordination rurale s’oppose au traité de libre-échange entre l’Union européenne et les cinq pays sud-américains du Mercosur, pour lequel un débat est prévu prochainement au Parlement. Le syndicat agricole demande également des prix « justes » et « rémunérateurs » pour tous. Pour Déborah, éleveuse de bovins à côté de Libourne, le métier est « en grande souffrance ». Ce à quoi Aurélie, maraichère à Sauveterre-de-Guyenne, ne peux qu’acquiescer. Lors des derniers orages de grêle, elle a perdu 80% de sa production :
« Je n’ai presque pas eu de récoltes et il n’y a pas d’aides pour ça, soupire-t-elle. Il n’y a pas d’aides, la Mutualité sociale agricole (MSA) n’aide pas, on est tous seuls. »
2h45 de réunion
À 10h, une délégation de sept membres de la CR33 est reçue à la préfecture par Etienne Guyot. Ils en ressortent trois heures plus tard avec le sentiment d’avoir fait face à un préfet « à l’écoute » :
« Les demandes c’était d’abord sur l’arrêt de la surtransposition des normes », détaille Vincent Collineau, représentant de la CR33, à la sortie de l’entrevue. « On a aussi parlé de fiscalité sur l’énergie, parce qu’on est quand même des gros consommateurs de carburants mais on n’a pas les moyens de changer nos moteurs thermiques ou électriques. On a parlé du calcul des appels de cotisations MSA, de la tuberculose, de la crise viticole. »
De son côté, le préfet atteste d’un « échange très dense, très riche, très direct et très cordial sur l’ensemble des sujets qui concernent l’agriculture girondine ». Il s’est engagé à faire remonter « très fidèlement » l’ensemble des revendications portées par les agriculteurs mobilisés ce matin-là, ainsi que la veille dans une note adressée à la ministre de l’Agriculture.
Malgré la teneur des échanges, la CR33 entend maintenir la pression dans les jours à venir. Après s’être restaurés sous un barnum installé aux abords de la préfecture, les agriculteurs se sont rendus devant les locaux de la MSA de Nouvelle-Aquitaine pour y déverser une benne d’ordures en tout genre. « Nous, où on passe on se rappelle de nous », assurait le matin même Jean-Paul Ayres.
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