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Le Département de la Gironde abandonne deux collèges pour se serrer la ceinture

Le Conseil départemental de la Gironde a voté ce lundi 18 novembre une modification du budget 2024 avec près de 17 millions d’euros d’économies, dont l’abandon de deux projets de collèges, Mérignac Beutre et Sud Métropole. Alors que le gouvernement veut ponctionner les collectivités, il compte alerter les citoyens sur les conséquences pour les services publics.

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Le Département de la Gironde abandonne deux collèges pour se serrer la ceinture
Jean-Luc Gleyze lors de la séance plénière du 18 novembre

« Votre enfant handicapé aura moins d’aide », « votre mamie paiera plus cher sa maison de retraite », « nos pompiers pourront moins vous secourir »… Tels sont quelques uns des messages qui s’afficheront bientôt sur la façade du Département de la Gironde, a annoncé ce dernier ce lundi 18 novembre, alors que son assemblée plénière débattait d’une décision modificative du budget 2024, finalement adoptée.

« Je ne suis pas fana des logiques de faire peur aux usagers », déclare Jacques Breillat, du groupe d’opposition Gironde Avenir. Il demande au président du conseil départemental s’il s’agit là d’une « dramatisation extrême », ou si l’exécutif envisageait vraiment d’augmenter le tarif des cantines de 3 à 9€, ou limiter les interventions des pompiers.

« Des choix radicaux »

« Nous allons devoir toucher aux compétences obligatoires et faire des choix radicaux », lui répond Jean-Luc Gleyze, estimant que la situation était « inédite en termes de gravité » :

« Peut-être devrons nous augmenter le tarif de la cantine, sans doute pas jusqu’à 9 euros, baisser les prestations de handicap ou que les pompiers soient amenés à faire des choix sur leurs interventions, alors que nous sommes le département qui a le plus d’appel secours à la personne. […] Nous interpellons les citoyens pour leur dire : “c’est votre vie quotidienne qui va être concernée“. »

Le tract d’appel à la mobilisation pour le 14 décembre Photo : DR

Car le Président de la collectivité redoute la sévère cure d’austérité imposée par la loi de finances 2025 en cours d’examen au parlement : le gouvernement de Michel Barnier prévoyait 2 % de ponction sur les recettes de fonctionnement des Départements – ce qui aurait représenté 37 millions d’euros pour la Gironde –, avant d’annoncer que celle-ci ne serait « que » de 1 % ou 0,5 %.

Or les Départements sont d’ores et déjà mis à mal par les récentes réformes de leur financement – les recettes de TVA qui leur sont allouées pour compenser la suppression de la CVAE (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises) « se révèlent beaucoup moins élevées que prévues » avec pour la Gironde « une perte de recette de 31,1 millions d’euros par rapport au budget primitif 2024 (soit 521,8 M€ de recettes de TVA au lieu de 552,9 M€) ».

Le compteur tourne

Parallèlement, les dépenses sociales du Département ont augmenté de 9,1 millions d’euros, dont 5 millions pour l’Aide Sociale à l’Enfance et 2,5 millions pour l’hébergement des personnes en situation de handicap. Or les collectivités locales reprochent à l’Etat de contribuer à ces aides de solidarité bien en deçà de ce qu’il devrait :

« 43% du RSA, 42% de l’allocation personnalisée d’autonomie et seulement 20% de la prestation de compensation du handicap. Nous réclamons que l’Etat intervienne à hauteur de 50%. La solidarité est un investissement, ce n’est pas une charge », indique Jean-Luc Gleyze.

Ce dernier a d’ailleurs fait installer un compteur lors de la séance plénière, chiffrant l’augmentation des montants dont, selon le Département, l’Etat lui serait redevable depuis le 1er janvier, et qui s’élevaient au début des débats à 253,65 millions d’euros…

Par exemple, « pour les enfants sous protection ou les adultes handicapés, l’État nous doit 21 millions d’euros. S’il le faut, on ira au contentieux en mettant l’État au tribunal », a déclaré Jean-Luc Gleyze ce dimanche à Sud Ouest.

Outre la baisse de ces ressources, le Département doit faire face à la réduction de 40% des droits de mutation (les frais de notaire) liée à la crise de l’immobilier, soit 148 millions d’euros de recettes en moins.

Collèges abandonnés

Aussi, la deuxième décision modificative du budget 2024 prévoit de nouvelles économies : 12 millions d’euros sur les dépenses de fonctionnement (sur un budget de 1,84 milliard), avec par exemple 1,6 M€ grevé sur le développement de la pratique sportive et la vie associative, 1,5 M€ sur l’insertion et l’aide aux plus précaires, 1,3 M€ sur la protection de l’enfance ou encore 900 000 euros sur la partie communication.

« Pour ceux qui vivent dans les bâtiments Gironde et les autres, vous allez vous apercevoir bientôt qu’un WC sur deux est fermé et que nous n’avons plus d’eau chaude au robinet, indique Corinne Martinez, vice présidente en charge des finances. Sur les charges courantes nous avons matériellement certaines choses visibles ».

Par ailleurs, la collectivité réduit son enveloppe investissements de 4,7 millions (sur un budget de près de 595 millions), avec notamment l’abandon de deux des 14 établissements prévus dans le plan collège : celui prévu au sud de la métropole bordelaise (sans lieu encore précisé), ainsi que le collège envisagé à Mérignac Beutre, controversé en raison de sa proximité immédiate avec l’aéroport.

« Cette décision est prise en connaissance des contraintes qu’elle va générer, et c’est pourquoi une nouvelle sectorisation (carte scolaire) est déjà en route pour septembre 2025 afin de soulager les établissement mérignacais et contenir la hausse démographique », déclare Jean-Luc Gleyze.

Ce dernier signale que les économies à venir seront faites « en respectant évidemment le cadre légal ». Pas question pour lui comme l’ont déclaré les exécutifs des Départementaux de droite de menacer de suspendre le versement du RSA ou de ne plus accueillir des mineurs sous protection, « alors que cela relève de nos obligations légales, si ce n’est morale ».

Pour peser auprès des sénateurs et députés lors de l’examen du budget 2025, le président du conseil départemental de la Gironde relance l’initiative « Défendons nos territoires », et convie élus, associations et citoyens à participer à une manifestation le samedi 14 décembre, à 10 heures, dans l’immeuble Gironde.


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