C’est la suite et presque la fin d’un long feuilleton politico-judiciaire. Abdourahmane Ridouane, interpellé le 8 août dernier à son domicile puis placé en rétention administrative suite à un arrêté ministériel d’expulsion, vient d’être libéré.
Assigné à résidence, il doit être prochainement expulsé vers le Niger, son pays d’origine, selon la préfecture de la Gironde. Celle-ci rappelle ce mercredi dans un communiqué que le président de la mosquée de Pessac a « perdu tous ses contentieux devant les juridictions administratives ».
« Publications à teneur antisémite »
« Il demeure désormais en situation irrégulière sur le territoire et ne sera pas régularisé. Il doit pointer trois fois par jour au commissariat, n’a pas le droit de travailler et ses déplacements sont autorisés dans les limites de la commune de Pessac, » détaille le communiqué de la préfecture de la Gironde, daté du 6 novembre 2024.
La procédure avait été déclenchée par Gérald Darmanin alors ministre de l’Intérieur, qui lui imputait des « positions anti-républicaines » et ses « publications à teneur antisémite et haineuse à l’encontre d’Israël et des juifs ».
Le juge des référés du Tribunal administratif de Paris, devant lequel Abdourahmane Ridouane contestait son expulsion, a également « estimé que ses propos étaient de nature à attiser les tensions traversant la société française sur fond de menace terroriste et d’explosion de l’antisémitisme ». « Un tel comportement est susceptible de fonder l’expulsion de M. Ridouane du territoire français », a approuvé le Conseil d’Etat.
« Satisfait de cette libération »
Contacté par Rue89 Bordeaux, Sefen Guez Guez, l’avocat d’Abdourahmane Ridouane, salue néanmoins la libération de son client qui intervient après une période de 90 jours de rétention. Il évoque un « soulagement pour monsieur Ridouane de retrouver sa ville, ses proches, et sa mosquée. »
Pointant une « tentative du ministère de l’Intérieur de placer monsieur Ridouane en détention provisoire pour des faits d’apologie d’acte de terrorisme », il souligne également le refus du tribunal correctionnel de Meaux de suivre cette décision, « en décidant de le placer sous contrôle judiciaire ».
« Nous contestons l’acharnement de la préfecture, avec une obligation de pointage 21 fois plus restrictive que le contrôle judiciaire mis en place par le tribunal de Meaux. C’est la raison pour laquelle nous allons contester l’assignation à résidence devant le tribunal administratif de Paris. » observe maître Sefen Guez Guez.
L’expulsion contestée sur le fond
La préfecture de la Gironde évoque également « le refus d’Abdourahmane Ridouane de remettre son passeport aux autorités alors qu’il en avait l’obligation » et indique qu’il fera « l’objet d’un signalement au Parquet de Bordeaux pour défaut de coopération et d’exécution d’une décision d’éloignement ». Questionné sur ce point, son avocat mentionne qu’il n’a « aucun commentaire à faire ».
« Nous avons saisi le tribunal administratif pour contester l’arrêté d’expulsion sur le fond. Si nous obtenons une relaxe lors de l’audience du 13 janvier, on retournera devant le tribunal administratif, si nécessaire devant le Conseil d’État, afin d’obtenir la suspension de l’arrêté initial d’expulsion et de mettre un point final à ce dossier. »
La préfecture de la Gironde indique quant à elle que « les autorités de son pays d’origine n’ayant pas encore délivré de laissez-passer consulaire, la procédure d’expulsion va désormais se poursuivre sous le régime de l’assignation à résidence. »
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