Ce vendredi 22 novembre, à quelques jours de la journée de lutte contre les violences de genre, les Bleus affronte les Pumas sur la pelouse du Stade de France. Leur dernière rencontre s’était soldée par une défaite pour les hommes de Fabien Galthié qui ressortaient tout de même de leur tournée en Argentine victorieux. Mais sans gloire : si beaucoup de non-initiés ont entendu parler de ce passage en Amérique latine, ce n’est certainement pas pour les prouesses sportives du XV de France.
Il y a d’abord eu Melvyn Jaminet (RC Toulon) qui, visiblement éméché, déclarait dans une vidéo publiée sur Instagram vouloir donner un « coup de casque » au premier arabe qu’il allait croiser. Puis ce fut le tour d’Oscar Jegou (Stade Rochelais) et Hugo Auradou (Section Paloise). Les deux internationaux ont été arrêtés le lendemain du premier test à Mendoza, le 6 juillet, suite à la plainte pour viol déposée par une femme que les jeunes joueurs avaient rencontrée en boîte et ramenée à l’hôtel.
Ces deux affaires ont peut-être eu un seul mérite : relancer le débat sur les excès de la troisième mi-temps et la culture viriliste qui semble régir cette discipline.
Un véritable avant/après ?
On le sait, le monde du sport en général n’est pas exempt des dérives en tous genres. Et même s’il n’est pas le seul, le rugby n’est pas non plus un élève modèle. « Il y aura bien sûr un avant et un après-Mendoza », promettait cet été Florian Grill, président de la Fédération française de rugby (FFR). Mais quand les affaires s’accumulent, peut-on vraiment parler d’un avant-après ?
Ne fallait-il pas déjà un « après » lorsqu’une plainte avait été déposée en mars 2017 par une jeune femme qui accusait trois joueurs grenoblois de l’avoir violée dans un hôtel de Mérignac ? Suite aux plaintes pour viol visant Josaia Raisuqe (alors au Stade Français) en 2017 ou Baptiste Lafond (alors au SU Agen, Stade Niçois aujourd’hui) en 2023 ? Ou lorsque l’affaire d’un probable viol commis en réunion après un match à Vannes par des Espoirs de Bourg-en-Bresse a été révélée dans l’Equipe en juin dernier ?
Pour ce qui est des anciens joueurs grenoblois, Denis Coulson (retraité), Loïck Jammes (Provence Rugby), Rory Grice (Oyonnax) seront jugés du 2 au 13 décembre prochain à Bordeaux. Chris Farrell (Oyonnax) et Dylan Hayes (retraité) comparaîtront également pour non-empêchement de crime.
Valeurs de l’OvalieTM
Des leçons ne semblent pas en avoir été tirées. Dans l’Humanité, Maître Cadiot-Feidt, l’une des quatre conseils de la victime des Grenoblois, reconnaissait qu’il restait « encore beaucoup à faire » pour que s’opère une réelle prise de conscience. Le « phénomène #MeToo » n’avait selon elle peut-être pas encore « pénétré certaines activités sportives, leur organisation et leur mode de fonctionnement ».
Fin juillet, on s’interrogeait à France Info sur le « marketing des valeurs de l’Ovalie » – pour reprendre les mots de la chercheuse Carole Gomez. Le rugby, ce « sport de voyou joué par des gentlemen », serait un « terrain propice aux violences sexuelles », titre le média. Si entre le dire et le reconnaître il n’y a qu’un pas, tous ne font pas le choix de le franchir.
Le Comité départemental de Gironde (CD33) a, en tous cas, mis le sujet au programme. Cette entité, qui chapeaute toutes les écoles de rugby du département, a officialisé le 1er juin 2024 un partenariat avec le Comité départemental Olympique et sportif (CDOS). Celui-ci se traduit par des actions de communication et de prévention autour de tous les types de violences rencontrées dans la pratique du sport, sur le bord du terrain ou dans les vestiaires.
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